L'éco de Marc Tempelman

La révolution du burger : l'édito Marc Tempelman

La révolution du burger : l'édito Marc Tempelman

Nous accueillons Marc Tempelman, un des co-fondateurs de la FinTech
Cashbee, qui aide les Européens à épargner plus et mieux, via son
application d’épargne simple et sécurisée. Nous discutons toutes les
semaines de finance. Bonjour Marc, de quoi allons-nous parler aujourd’hui ?

Bonjour Simon, je vous propose aujourd’hui de parler de burgers et de
fast-food et de la consommation de viande dans le monde.

Ah bon ? On s’écarte un peu des taux d’intérêt et des introductions en
bourse. Pourquoi ce sujet, et quel est le rapport avec la finance ?

D’abord, la consommation de viande représente un marché gigantesque,
car nous dépensons 1,2 trilliard de dollars par an en viande. Et ce
secteur est en pleine révolution avec l’introduction récente de burgers
entièrement constitué de composantes végétales, mais qui ont l’aspect
et le goût des burgers classiques.
Le rapport avec la finance est évident, car contrairement aux burgers de
tofu et autres veggie burgers qui visent spécifiquement les végétariens et
les végans, ces burgers à base de « fausse viande » pourraient représenter 50 milliards de dollars dans quelques années, et s’adressent à l’ensemble de la population.

D’où vient cet intérêt soudain pour ce secteur ?

Le secteur de la viande végétale est né sous l’impulsion des changements dans nos façons de consommer et de vivre. Le consommateur souhaite manger plus sainement et les gens ont pris conscience du réchauffement climatique et veulent combattre ce phénomène en changeant leurs façons de consommer.
Le premier argument est relativement facile à comprendre : de nombreuses études montrent qu’il n’est pas bon de manger trop de viande. Pourtant beaucoup d’entre nous, adorent ça !
La seconde motivation est la lutte contre le réchauffement de la planète.
Pour faire des burgers classiques, il faut énormément de viande, ce qui implique énormément d’élevages. Ces élevages contribuent au réchauffement climatique par les volumes d’émission de CO2 qu’ils provoquent (je vous épargne les détails biologiques). Donc dans un monde où le désir de combattre le réchauffement climatique augmente, il était normal que des entrepreneurs se mettent à réfléchir à des solutions alternatives.
Et c’est ainsi que des sociétés comme Impossible Foods – littéralement « la nourriture impossible » - ou Beyond Meat – littéralement « Au-delà de la viande » ont vu le jour. Elles ont attirés énormément d’argent de la part des fonds capital risque qui ont investi plusieurs centaines de millions de dollars pour permettre à ces jeunes entreprises de faire leurs recherches et de manipuler des végétaux comme le soja, les petits pois et la betterave afin de créer des produits qui ressemblent visuellement et en bouche aux burgers, à du poulet ou encore à du porc.

Très bien – Et alors elles en sont où ces sociétés ?

Plusieurs sont aujourd’hui introduites en bourse, surtout depuis qu’elles ont annoncé des partenariats avec des grandes chaines de fast food.
Beyond Meat distribue ses produits via TGI Friday’s ou encore la chaine Dunkin. En août dernier, Impossible Foods a lancé sa collaboration avec Burger King, qui propose dorénavant son « Whopper Impossible » entièrement à base de produits végétaux.

Super – les burgers à base de viande sont donc appelés à disparaître ?

Et nous devrions tous nous ruer sur les actions de ces sociétés. Pas si vite ! Les consommateurs n’ont pas encore adopté ces burgers alternatifs en masse. Et il n’est pas dit qu’ils le feront une fois que l’effet nouveauté ne jouera plus.
Par ailleurs, les grands groupes de biens de consommation, comme Tyson Foods, Nestlé ou Unilever étudient le marché et pourraient se lancer avec leurs produits, créant ainsi de la concurrence. Et puis un mouvement de résistance contre ces nouveaux produits a commencé.
Les lobbies de l’industrie de la viande s’insurgent et souhaiteraient que ces groupes aient l’interdiction de pouvoir utiliser le mot « viande » dans
la description de leurs produits. Ils sont rejoints par certains agriculteurs, qui contestent l’idée qui de manger de la fausse viande est mieux pour la planète, et qui disent que cela dépend de comment et où cette viande est produite.
Enfin, ce n’est pas parce que ces burgers ne contiennent pas de viande qu’ils sont nécessairement tellement meilleurs pour la santé. En effet, la « fausse viande » contient beaucoup de graisses et de sel pour répliquer le goût de la vraie viande. Le Whopper classique représente 660 calories et contient 12 grammes de graisses saturées, contre le Whopper
Impossible avec ses 630 calories, et 11 grammes de ces mêmes graisses. Mais le Whopper Impossible a 10% de sel en plus et coûte un peu plus cher.
Donc la bataille entre la fausse et la vraie viande n’est pas encore
gagnée.