L'éco de Marc Tempelman

La gestion pilotée - L'éco de Marc Tempelman

La gestion pilotée - L'éco de Marc Tempelman

Nous accueillons Marc Tempelman, un des co-fondateurs de la FinTech Cashbee, qui aide les Européens à épargner plus et mieux. Nous discutons toutes les semaines de finance. 

C’est typiquement au début de l’année que vous allez être informé(e) de la rémunération de votre contrat assurance vie en euros. En forte chute depuis le début du siècle, nous pouvons nous attendre à à peine 1% pour 2020. C’est pourquoi de plus en plus d’épargnants se tournent vers des solutions potentiellement plus rentables. Mais qui dit plus rentable dit forcément plus de risque.

Dans le vaste monde de l’assurance vie en France, il existe différentes façons pour prendre ces risques, et comme cela reste un des produits d’épargne les plus populaires, je pensais qu’il était utile d’en faire le sujet de l’édito aujourd’hui.

Très bien. Alors, pour commencer est-ce que cette prise de risque est obligatoire pour l’épargnant ?

Non. Selon une étude de l’Autorité des Marchés Financiers la moitié des épargnants français continuent à vouloir ne prendre aucun risque avec leur épargne et acceptent donc la rémunération faible et décroissante qui y est associé. Pour un peu de contexte historique, le rendement moyen sur le contrat en euros dépassait les 5% en 2000. Mais comme évoqué en introduction, il ne sera que de 1% environ pour 2020. Ce qui explique que l’année dernière, les encours sur les contrats en euro ont connu une décollecte.

D’accord. Alors dans le monde assurantiel, l’alternative au fameux contrat en euros, serait de souscrire à un contrat multi-support, n’est-ce pas ?

Exactement. Comme son nom l’indique, le contrat “multi-support” permet à son souscripteur de placer son argent dans de nombreuses classes d’actifs différentes, comme les actions, les obligations, les SICAV ou encore les SCPI par exemple.

Pour être précis, le contrat multi-support peut aussi être investi dans des fonds en euros, qui sont à capital garanti, aux côtés d’autres fonds dont les valeurs varient en fonction de l’évolution de marché, et qu’on appelle des unités de compte. Pour cette partie du contrat, le souscripteur n’est pas à l’abri d’une perte d’une partie de son capital investi.

Est-ce que beaucoup de gens migrent vers ces supports plus risqués ?

Oui, progressivement. L’épargnant français reste averse au risque. Mais avec le déclin de la rémunération sur les contrats en euros, les contrats en unités de compte - ou UC - attirent une portion de plus en plus importante de la collecte. Ainsi, la collecte brute en UC représentait un peu plus de 25% de la collecte totale en 2019. En 2020, cette proportion dépasse le tiers, avec un record au mois de mars dernier à 40%.

De plus en plus d’épargnants choisissent des alternatives de placement à risque dans le cadre de leurs assurance vies. Une fois cette décision prise, encore faut-il choisir les supports précis dans lequel ils placent cette partie à risque de leur épargne. C’est bien ça ?

Oui. Pour la partie que vous décidez d’allouer aux investissements en unités de compte il faut sélectionner les supports que vous voulez inclure dans votre contrat multi-support, parmi les milliers qui existent sur le marché aujourd’hui.

Prenons les investissements en actions par exemple. Rien que pour cette classe d’actifs, il y a plus de 40 000 sociétés cotées en bourse parmi lesquelles vous pourrez choisir celles que vous voulez.

Des grands gestionnaires comme Blackrock ou Amundi proposent des centaines de fonds en tous genres aux investisseurs, différenciés par classe d’actifs, par industrie, par zones géographiques, et par niveau de risque.

Bref, l’univers des possibles est très vaste, et probablement impossible à analyser dans son ensemble par une seule personne. 

Comment on fait alors ? Comment doit-on choisir ses Unités de Compte à mettre dans son contrat assurance vie ?

Excellente question. Malgré l’étendue et la complexité des produits d’épargne sur le marché, nombreux sont ceux qui agissent de façon autonome. Dans le monde de l’assurance, on appelle cela la « gestion libre ». Ainsi, toujours selon l’AMF, plus des trois-quarts des investisseurs réfléchissent et décident totalement seuls ou après une discussion avec leur conseiller. Il est notable que parmi les hommes interrogés, le pourcentage de ceux décident totalement seuls, sans aucune consultation, dépasse 50% !

Mais si un épargnant souhaite se faire aider par des experts, n’y a-t-il pas des solutions pertinentes ?

Absolument. Par opposition à la gestion libre, un épargnant peut choisir la gestion déléguée ou de la gestion pilotée. Comme le terme l’indique, dans ce modèle, vous choisissez de déléguer la gestion de votre épargne à des spécialistes en la matière. Mais que ce soit clair, selon votre profil de risque et selon vos convictions.

Dans la gestion pilotée, il s’agit de fixer ensemble votre profil d’investisseur. Le cadre d’investissement qui en résulte sera alors imposé au gestionnaire. Celui-ci aura ensuite toute la latitude pour placer votre argent selon sa lecture des conditions marché, mais sans jamais s’écarter du cadre préétabli.

La gestion pilotée est donc une solution pertinente pour ceux qui sont novices en matière d’épargne, qui ont peur de prendre les mauvaises décisions ou encore ceux qui manquent de temps pour suivre leurs placements au quotidien, mais qui souhaitent quand même viser un rendement meilleur que le 1% du contrat en euro.

Image : Gerd Altmann