3 minutes pour une œuvre

Safe Space de Wu Tsang - 3 minutes pour une œuvre

Safe Space de Wu Tsang - 3 minutes pour une œuvre

Benjamin Pujos présente “Safe Space”, une oeuvre créée par l’artiste Wu Tsang. Cette création représente une enseigne lumineuse constituée de néons bleus sur laquelle il est écrit “The Fist is still up”, Le poing est toujours levé. Les néons sont à l’intérieur d’une caisse de transport dont les parois sont recouvertes de miroirs. Elle a été exposée à la fondation Lafayette Anticipation, avec d’autres œuvres de l’artiste.

Pour comprendre cette création, il est important de la replacer dans son contexte, en commençant par parler de sa créatrice. Wu Tsang est une personne transgenre née en 1982 dans le Massashusset. Son travail se constitue majoritairement de productions cinématographiques dont les thèmes abordés traitent de la communauté queer et transgenre.

Cette enseigne lumineuse fait écho à son premier long-métrage, intitulé Wildness. Datant de 2012, ce documentaire tire son nom des soirées queer qu’elle co-organisait à la fin des années 2000 quand elle vivait à Los Angeles. Soirées où se retrouvaient les femmes transgenre, souvent réfugiées ou immigrées du Mexique ou d’Amérique Centrale. On apprend dans le documentaire que Wu Tsang a été la cofondatrice de la plateforme Imprenta, un lieu consacré à l’art et à l’activisme qui faisait également office de centre d’aide juridique. Et c’est ici que prenait place l’enseigne “Safe space”, véritable symbole dont le cri de guerre témoigne du militantisme engagé de cette institution artistique. Un lieu sûr, un refuge, c’est à quoi aspirait ce lieu, de rencontre certes, mais aussi d’activisme.

Le poing levé et le slogan sont une représentation de la lutte, faisant écho aux poings levés du black power, et plus particulièrement des athlètes Tommie Smith et John Carlos, qui lors des Jeux Olympiques de Mexico en 1968, ont levé le poing au ciel sur le podium pour protester contre la situation des afro-américains aux USA. Ainsi, la force de cette œuvre émane aussi du combat qu’elle porte. L'artiste montre que le combat pour la reconnaissance des personnes "transgenres" se situe dans cette même continuité.