Composer comme compositrices et compositeurs, ces musiques inspirées par l'Europe mais aussi ces compositions qui forment une culture européenne.À retrouver sur euradio le samedi. Par David Guérin-Marthe.
C’est à Prague que nous partons aujourd’hui, à la rencontre de l’un des plus grands pianistes de la première moitié du XIXe siècle.
Ignaz Moscheles, né en 1794, est en effet surtout connu comme pianiste virtuose. Il a commencé la musique très tôt. Il a d’abord étudié trois ans à Prague, avec Friedrich Dionys Weber, qui lui a transmis un peu de son conservatisme. Puis à Vienne, il affine ses connaissances avec Antonio Salieri, l’un des professeurs de Beethoven et de Schubert.
Ignaz Moscheles était aussi un excellent pédagogue. Il a été le premier professeur de piano du conservatoire de Leipzig. Il a eu de nombreux élèves devenus d’excellents pianistes, comme Edvard Grieg. Mais c’était aussi un chef d’orchestre et un compositeur.
On est donc au début du XIXe siècle, une période de transition entre deux grandes périodes de la musique : le classique et le romantique. Quel est le rôle de Moscheles dans cette transition ?
Son rôle est relatif. Pour contextualiser simplement, la période classique en musique va de 1750 à 1820. Elle correspond à la musique de Mozart, de Haydn. La période romantique, c’est le XIXe siècle, avec une multitude de compositeurs plus expressifs, comme Franz Liszt, Johannes Brahms et Piotr Ilitch Tchaïkovsky pour ne citer qu’eux. Celui qui fait le lien entre ces deux périodes, c’est Beethoven.
Mais Moscheles lui aussi a eu un rôle dans cette transition. Quand on écoute ses concertos pour piano dans l’ordre de leur composition, on entend une certaine évolution : Moscheles gagne un peu en liberté, en expression. Mais même dans ses dernières pièces, on sent encore son esprit classique. Sa préférence allait aux compositeurs baroques, Bach et Handel. Mais il a quand même participé à la diffusion d'œuvres nouvelles. Il a notamment beaucoup dirigé et joué les œuvres de Beethoven, sa Symphonie n°9 notamment. On peut aussi le citer comme l’inventeur du récital, ce format de concert où un musicien joue seul devant un public. Format qui aura aussi une influence sur les compositeurs romantiques, qui donneront une importance particulière aux pièces pour piano seul.
Grand pianiste, c’est donc une œuvre pour piano que nous écoutons aujourd’hui.
L’un des huit concertos pour piano et orchestre de Moscheles. Ce n’est pas si courant qu’un compositeur écrive autant de concertos pour un même instrument. Nous allons écouter le n°7, en do mineur, le début du troisième mouvement. Il est dédié à Giacomo Meyerbeer, ami pianiste et compositeur.
La première complète de l'œuvre a eu lieu à Leipzig, en 1835, en présence de Mendelssohn. Robert Schumann trouve que cette œuvre à une « tendance romantique », mais qu’elle n’est pas aussi romantique que du Chopin. Un autre commentateur dira que ce concerto à une tendance poétique. On a donc bien une influence des couleurs romantiques nouvelles. Même si ce n’est pas un compositeur qui a révolutionné la musique, l'œuvre de Moscheles, d’une excellente qualité, mérite d’être connue.
Nous écoutons le Concerto pour Piano n°7 opus 93, interprété par Howard Shelley et l’Orchestre Symphonique de Tasmanie.
Entretien réalisé par Laurence Aubron.