Composer l'Europe

Ludwig van Beethoven et la nécessité du génie - Composer l'Europe #7

Ludwig van Beethoven et la nécessité du génie - Composer l'Europe #7

Composer comme compositrices et compositeurs, ces musiques inspirées par l'Europe mais aussi ces compositions qui forment une culture européenne. À retrouver sur euradio le samedi. Par David Guérin-Marthe.

Nous commençons aujourd’hui une série d’épisodes consacrés à l’un des compositeurs les plus importants de l’histoire de la musique. Un compositeur que nous célébrons particulièrement en Europe en 2024.

Oui, il y a 200 ans, la Symphonie n°9 en ré mineur opus 125 de Ludwig van Beethoven était créée à Vienne. Un extrait de cette symphonie, l’une des œuvres musicales les plus connues et les plus importantes de l’histoire de l’humanité, est devenue l’hymne du Conseil de l’Europe et de l’Union Européenne. Nous en reparlerons très bientôt. Nous débutons aujourd’hui par les origines de Beethoven, qui est effectivement l’un des trois compositeurs les plus importants quand on parle de musique classique, avec Bach et Mozart.

Beethoven est né en décembre 1770 à Bonn, en Rhénanie. Sa situation familiale est très difficile. Son père est brutal, alcoolique. Sa mère est douce, patiente, mais dépressive. Elle meurt de la tuberculose lorsque Beethoven a 16 ans. Il est dévasté. Il se retrouve alors responsable de ses frères et de son père.

Comment la musique a-t-elle pu venir à lui malgré ce milieu familial ? Qui ont été ses professeurs ?

Sans parler de son père cupide qui le forçait à jouer du piano dès ses trois ans dans l’espoir d’en faire un enfant prodige comme Mozart, on peut parler de son grand-père, qui s’appelait également Ludwig. Né en Flandres, c’était un musicien très respecté à la Cour électorale de Bonn. Beethoven l’a peu connu, mais il est resté très attaché à la mémoire de son grand-père.

Le premier « vrai » professeur de Beethoven est l’organiste Christian Gottlieb Neefe, qui voit très tôt son potentiel. Il lui enseigne la musique et lui transmet son goût pour la poésie. Il l’encourage très tôt à composer ; la première pièce connue de Beethoven date de 1783, il a alors douze ans. Neefe écrit : « Ce jeune génie mérite d’être soutenu [...], il deviendra certainement un second Wolfgang Amadeus Mozart. » En 1792, juste avant la mort de son père, Beethoven part pour Vienne. Il reçoit des leçons de Joseph Haydn. La relation maître-élève, parfois tendue, reste respectueuse, mais Haydn et Beethoven ont des caractères trop différents pour travailler ensemble. Il tente alors d’étudier auprès d’autres compositeurs : Johann Schenk, Johann Georg Albrechtsberger et Antonio Salieri. En 1795, il donne finalement son premier concert public à Vienne et c’est un succès.

Nous écoutons aujourd’hui le premier opus publié par le compositeur cette même année de 1795.

Tout à fait, son opus 1, trois trios pour piano, violon et violoncelle, dédiés à son mécène le prince Carl Lichnowsky. Les trois trios comportent chacun quatre mouvements, ce qui était assez inhabituel pour cette formation. Haydn conseille à Beethoven de ne publier que les deux premiers trios, le troisième lui semblant moins réussi.

Nous allons écouter le début du quatrième mouvement de ce troisième trio, en do mineur. Cette tonalité de do mineur est importante : c’est dans cette même tonalité qu’il composera l’une de ses symphonies les plus connues, la n°5, ainsi que sa dernière sonate pour piano, la n°32. Dans ce trio, on entend déjà le style caractéristique de Beethoven, la force de son expression, la virtuosité du piano, son génie. Le biographe Bernard Fauconnier a écrit très justement que ce génie était en fait « la seule solution pour Beethoven d’échapper aux tares de son milieu. »

Trio avec piano opus 1 n°3, interprété par le Trio Sōra.