Cette semaine Romain L'Hostis suit la session plénière du Parlement européen à Strasbourg qui réunit les 705 députés européens des 27 pays de l’Union.
Il reçoit des députés en direct sur le plateau d'euradio au cœur du Parlement entre 18h et 18h30 pour faire le point sur les débats en cours. Ce mercredi soir Romain L'Hostis recevait l'euro-députée française Valérie Hayer du parti Renew Europe, co-présidente de l'Europe ensemble, Présidente de renaissance européenne. Coordinatrice de la commission des budgets et membre de la commission de l'industrie, de la recherche et de l'énergie.
Aujourd'hui, nous allons parler d'industrie en Europe. Cette semaine parmi les débats organisés pour les plénières du Parlement européen, il y a un débat important sur la nouvelle stratégie européenne dédiée à l'industrie et notamment les réponses à apporter dans ce domaine face à l'inflation, face aux autres stratégies déployées par d'autres puissances dans la planète comme les États-Unis ou la Chine. Pour commencer notre désormais traditionnelle question de contexte. Ça fait un moment qu'on s'alarme de cette inflation partout dans le monde et bien sûr en Europe, on le voit évidemment sur nos factures la hausse des prix qui n'en finit plus d'augmenter. Mais où en est l'inflation aujourd'hui en Europe ? Qu'est-ce que ça signifie pour les activités économiques sur le continent ? Je crois avoir vu que la hausse des prix a un petit peu ralenti en décembre, mais qu'est ce que ça signifie finalement ?
[...] Si l'on compare l'inflation en France par rapport aux autres pays de la zone euro, on a une inflation à 6 %, mais qui est inférieure à celle de l'Allemagne qui est à plus de 9 %, au Pays Baltes qui sont à près de 20 %, il y a des disparités très grandes. En France, le gouvernement a mis en place des mesures pour davantage protéger les Français. Mais où que ce soit en Europe l'inflation à des conséquences majeures sur notre portefeuille. [...]
Certains ailleurs dans le monde n'ont pas attendu l'Union européenne pour réagir, vous êtes particulièrement attentive à la stratégie mise en place par les États-Unis, l'inflation réduction acte (IRA), un outil américain équipé d'une enveloppe budgétaire de plus de 350 milliards d'euros (400 milliards de dollars). À quoi va servir tout cet argent pour les États-Unis ? Pourquoi cela vous inquiète ?
[...] C'est une politique de soutien massif aux entreprises américaines, notamment dans les nouvelles technologies et la lutte contre le réchauffement climatique [...] Le marché américain ne sera pas ouvert aux entreprises européennes [...] ça va créer une distorsion de concurrence, ça va pénaliser nos entreprises [...] Il faut qu'on puisse ramener les productions de puces, de micro conducteur, des batterie en Europe. Si on ne met pas le paquet aujourd'hui pour accompagner nos industries, permettre la relocalisation, on ne sortira pas de notre dépendance.
C'est finalement, non seulement une affaire de concurrence économique, mais aussi une affaire de souveraineté européenne.
Tout à fait, c'était un grand mot à une époque le mot souveraineté européenne, soit un gros mot, soit une lubie française. [...] La souveraineté, ce n'est pas le souverainisme, ce n'est pas le protectionnisme, c'est simplement le fait de pouvoir décider par nous-même [...]
Ce premier semestre 2023, marque aussi le début de la présidence suédoise au conseil de l'Union européenne. C'est cette institution de l'Union européenne qui représente les 27 États membres, le Parlement européen représente les euro-députés démocratiquement élu par les euro-citoyens. Là où le conseil de l'UE, rassemble les ministres des différents gouvernements de 27 États de l'UE. Justement Ulf Kristersson, Premier ministre Suédois a défendu ce mardi devant les euro-députés ses priorités pour les 6 prochains mois, parmi celles-ci, sécurité et soutien à l'Ukraine, transition verte et sortir l'UE de sa dépendance aux énergies fossiles ou encore stimuler la compétitivité de l'Europe en relançant les investissements via le plan RE-Power EU. Comment ce dernier pourrait-il servir les industries déjà en place aujourd'hui en Europe ?
[...] Ça relève des discussions que l'on a eu ensemble, acheter en commun notamment le gaz, pour baisser le prix du gaz. Plafonner le prix du gaz. Le fait d'accélérer sur les énergies renouvelables, pour à la fin ou à moyen terme baisser les prix de l'énergie. [...] On doit identifier avec la Commission l'ensemble des secteurs stratégiques et pour l'ensemble de ces secteurs il faut accompagner les entreprises, soit des entreprises qui existent déjà et qui vont accélérer, soit des entreprises qui vont innover et qu'on va accompagner et en termes d'installation et de déploiement. [...] Ça va coûter beaucoup d'argent, je pense qu'il faut qu'on crée un fond de solidarité. (Comment pourrait-il être financé ? ) [...] Il y a d'autres idées comme faire un fonds de pension souverain, de permettre aux Européens d'investir pour soutenir des entreprises stratégiques pour l'Union européenne. Ça fait partie de sujets qui sont en discussion, qui font aussi l'objet de tensions.
Le défi paraît de taille, s'il s'agit d'égaler ou juste de rivaliser économiquement parlant avec des puissances économiques planétaire comme les États-Unis ou la Chine, face à cela la tentation peut être grande d'utiliser un autre outil, pourquoi pas un outil réglementaire une forme de protectionnisme par la règle, pour protéger nos entreprises, nos industries de la concurrence extra-européenne. Le risque, c'est que nos concurrents fassent de même, au final, c'est le commerce mondial qui diminue, les échanges sont moins nombreux. Dans l'ordre du jour de la plénière, le débat auquel vous participez s'intitule : Une stratégie industrielle de l'UE pour stimuler la compétitivité industrielle, mais aussi stimuler les échanges commerciaux. Je vois là un paradoxe, comment à la fois protéger nos emplois, protéger nos entreprises de cette concurrence internationale qui est sans pitié et en même temps intensifier les échanges mondiaux ?
[...] On a besoin de diversifier nos approvisionnements pour ne pas être dépendants de quelques partenaires qui ne sont peu ou plus du tout fiables. La ligne directrice, est qu'on essaie sur des entreprises stratégiques de sortir de nos dépendances.
Lundi 16 janvier, Bruno Le Maire a appelé à ce que l'Union européenne favorise des aides d'État financières massives pour les industries et notamment un soutien aux énergies vertes afin d'aider les industries européennes. Est-ce que c'est une opinion partagée par une majorité d'États, mais aussi des parlementaires européens ? Est-ce que ça va influencer les débats au parlement ?
C'est une position de plus en plus reconnue, avec un bémol il faut une stratégie coordonnée, on sait que ce ne sera pas suffisant certains États ont plus de moyen que d'autres [...] La question de la France va aussi sur la commande publique, le made in Europe et un fond d'urgence pour aider les entreprises. [...]
Je vous remercie d'avoir pris le temps de répondre à ces questions.