Cette semaine, Euan Walker et Cécile Dauguet discutent de ce qui attend l'Europe en 2023 avec la nouvelle présidence suédoise du Conseil de l'UE, les tensions géopolitiques dans les Balkans occidentaux et les promesses audacieuses en matière de politique environnementale.
Après le réveillon du nouvel an, que nous réserve l'Europe en 2023 ?
Il semble que l'Union européenne ne soit pas immunisée contre les résolutions du nouvel an. Le 1er janvier, le Conseil de l'UE a vu sa présidence tchèque s'achever, c’est la Suède qui a pris la tête de l’institution réunissant les ministres des États membres. Parmi ses promesses, Stockholm déclare qu'elle fera de la sécurité, de la protection de l'environnement, de la résilience et des valeurs démocratiques ses priorités dans la prise de décision.
Quelle est la probabilité que ces promesses soient tenues ?
Eh bien, vous avez raison d'être sceptique. Après les élections générales de septembre 2022, la coalition gouvernementale suédoise se retrouve fortement dépendante du parti d'extrême droite du pays, les Démocrates suédois·es. Avec les négociations en cours concernant le nouveau pacte européen sur l'immigration et l'asile et la mise en œuvre de politiques environnementales urgentes, l'emprise sur les réunions du Conseil d'un groupe politique qui a nié le changement climatique et s'est opposé sans équivoque à toutes les politiques migratoires pourrait être une source de préoccupation dans les mois à venir.
En ce qui concerne la géopolitique, la guerre en Ukraine continuera-t-elle à dominer les discussions politiques en 2023 ?
Absolument, mais l'attention va commencer à se déplacer vers l'ouest, vers les Balkans occidentaux. Déjà le 6 décembre dernier, lors d'un sommet tenu à Tirana, en Albanie, des promesses ont été faites d'inclure les Balkans occidentaux dans le programme énergétique européen RePowerEU. Toutefois, avec de telles offres, on attendra des représentant·es des Balkans occidentaux qu'ils alignent leur politique étrangère sur celle de l’UE dans le conflit actuel.
Quelle est la probabilité que cette alliance se poursuive ?
Tout se résume à la question de savoir si ces chef·fes d’État considèrent qu'un partenariat avec l'UE ou avec la Russie et la Chine est plus avantageux. Si l'on prend l'exemple de la Serbie, la Russie est en mesure de lui fournir des armes dans un contexte de conflit potentiel avec le Kosovo et la Chine continue d'investir massivement dans le pays, tout cela sans avoir à subir de réformes démocratiques. Il reste à voir courant 2023 si les offres européennes parviendront à convaincre dans ces pays qui sont devenus stratégiquement cruciaux.
Enfin, vous avez précédemment mentionné vos doutes quant à la capacité du Conseil de l'UE à mettre en œuvre une politique environnementale efficace, pourriez vous nous donner plus de détails sur le sujet ?
Oui, les institutions européennes ont publié une déclaration commune sur leurs priorités législatives pour 2023-2024, visant avant tout à renforcer la politique environnementale de l'UE. Cependant, certains doutes subsistent quant à la faisabilité de ces promesses de début d'année.
À quoi faudra-t-il donc faire attention en termes de politiques environnementales cette année ?
Eh bien, ces promesses peuvent sonner un peu creux pour certain·es qui savent déjà que le calendrier législatif de l'UE est déjà submergé de projets de textes environnementaux qui devaient être abordés en 2022. Plus intéressant encore est de souligner l'accent mis sur la garantie d'une transition environnementale "juste". Le problème, c’est que quand on voit les protestations actuelles des agriculteur·ices néerlandais·es consécutives aux plans nationaux de réduction des émissions de carbone liées à l'agriculture, on peut se demander comment les initiatives environnementales européennes seront en mesure de réduire suffisamment les émissions tout en maintenant la paix sociale.
Entretien réalisé par Cécile Dauguet.