Smart cities, smart citizens

Les applications citoyennes

© PxHere Les applications citoyennes
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Une chronique de Christine Le Brun, Experte Smart Cities & Places chez Onepoint, où nous parlerons de villes, d’outils et de technologies numériques, de données, mais aussi des citoyens et de ceux qui font les villes.

Bonjour Christine, depuis quelques semaines vous nous avez beaucoup parlé des dispositifs qui permettent d’apporter plus d’intelligence et d’efficacité dans le pilotage des villes. Mais aujourd’hui, vous souhaitiez tourner les projecteurs vers les usagers de la ville et ce que le numérique apporte pour qu’ils soient eux aussi contributeurs.

Et bien oui Laurence, je ne veux pas donner l’impression que tout se passe du coté des dirigeants et des techniciens de la ville. La ville intelligente, c’est une ville qui s’adapte aux besoins de ses usagers, mais aussi qui leur donne la possibilité de s’exprimer, voire de participer activement pour rendre les choses encore plus efficaces.

Et donc cela passe en particulier par des applications qu’on peut télécharger sur son téléphone c’est bien cela ?

Oui c’est une des possibilités, et vous en avez peut être déjà utilisé, comme Neocity, MyMairie, Citopia ou CityOne pour en citer quelques unes. L’idée est de s’adapter à la manière dont les citoyens consomment l’information et de communiquer avec eux en utilisant des canaux numériques souples et qu’ils ont l’habitude d’utiliser. Donc les applications mobiles. De nombreuses mairies sont également présentes sur Facebook ou Instagram pour tenter de créer une sensation de proximité.

Et que peut on y trouver, dans ces applis ?

On y trouve des actualités, des infos pratiques sur la collecte des déchets, les horaires d’ouverture de la médiathèque ou de la piscine, ou encore des cartes interactives. Elles permettent de prendre RDV pour les démarches d’état civil et de recevoir des notifications sur les évènements, les travaux, ou l’arrivée de votre passeport en mairie.

Au-delà des relations usager-mairie, elles visent aussi à créer du lien, en donnant par exemple de la visibilité aux commerces et aux associations.

Mais là où cela devient particulièrement intéressant, c’est que grâce à ces dispositifs, il est également possible d’envisager un échange en retour, depuis le citoyen, vers la collectivité.

Certaines de ces applis permettent de faire des sondages, pour recueillir des avis sur des aménagements ou des décisions politiques. Et de manière plus directe, les citoyens peuvent faire des signalements, par exemple de dégradations, ou d’un arbre tombé sur la voie publique.

L’idée est d’impliquer plus les administrés dans la vie et les décisions, et de favoriser la participation citoyenne.

Je comprends. Et donc, ces informations sont ensuite exploitées et intégrées dans divers dispositifs de gestion qui aident les spécialistes à piloter la ville ?

Oui, elles vont être modérées, qualifiées, et permettre de définir les actions prioritaires à mener pour répondre aux attentes des citoyens. Ces actions sont ensuite intégrées dans les cycles de gestion et de maintenance des divers équipements ou infrastructures concernées. Idéalement, quand tout fonctionne bien, on est sur un principe vertueux qui rapproche des citoyens du fonctionnement de la ville en leur donnant un rôle plus actif.

Cependant vous me disiez aussi que, si la démarche semble vertueuse et intéressante, elle n’est pas sans risque pour la collectivité. Pouvez-vous nous expliquer pourquoi ?

Il y a en effet un revers de la médaille : Ces personnes qui ont pris la peine de faire un signalement dans une démarche citoyenne, sont en droit d’attendre que leur geste responsable soit suivi d’effet ! Et c’est bien normal. Il faut donc que la collectivité soit en mesure de faire suivre des actions et d’en faire un retour au citoyen, en mode « Nous vous remercions de votre signalement, nous l’avons bien pris en compte », puis quelques temps plus tard « Nous avons traité le problème, merci encore ». Sinon, s’il ne se passe rien, que plusieurs mois plus tard le trottoir, ou le lampadaire défectueux ne sont pas réparés ou pire, qu’aucune communication n’est faite, c’est extrêmement déceptif et donc totalement contreproductif !

Un entretien réalisé par Laurence Aubron.