euradio vous présente Quoi de neuf à Bruxelles, la chronique présentée par les étudiants bordelais de l’association Perspective Europe.
Aujourd’hui, nous accueillons Leila Lefevre, dites-moi : Quoi de neuf à Bruxelles ?
Eh bien, beaucoup d’activité cette semaine dans nos institutions, en commençant par la présentation du « Green Deal » européen par la Commission. Il s’agit d’un plan de soutien financier à l’industrie verte.
Ce plan était très attendu. Pourquoi ?
Parce qu’il est considéré comme une réponse, voire comme des représailles à la loi américaine sur la réduction de l’inflation (l’IRA), un plan à 369 milliards de dollars de subventions aux technologies propres, à condition qu’elles soient fabriquées aux États-Unis. Évidemment, l’exécutif européen ne confirme absolument pas cette idée et insiste plutôt sur la nécessité de ce plan pour le bien de tous.
Bien sûr, l’UE ne souhaite pas se fâcher avec les États-Unis. Existe-t-il d’autres points de friction sur ce projet ?
Tout à fait ! Le financement de ce projet a tendance à semer la désunion, selon le Monde. Certains pays, comme l’Allemagne et les Pays-Bas, se sont fermement opposés à la création d’un nouveau fonds. La Commission l’a pris en compte, et ne l’inclut pas dans son plan, mais cette ligne d’action ne fait pas l’unanimité.
Ce plan fait donc encore débat. Qui soutient l’idée de créer un fonds ?
L’opposition, notamment le groupe des Verts, estime que cette étape est indispensable pour que le plan soit efficace. De toute façon, à l’heure actuelle, ce Green Deal n’est pas près d’entrer en vigueur : il doit encore passer par le Conseil européen, où cette question sensible fera sans doute l’objet de discussions.
En parlant de sujet sensible, les dirigeants européens remettent le défi migratoire sur la table.
En effet, il sera à nouveau en tête de l’agenda politique lors du prochain sommet extraordinaire du Conseil européen. Les dirigeant·es veulent avancer sur la question de la gestion des flux migratoires en direction de l’Europe, qui n’est ni nouvelle, ni simple.
Difficile de se mettre d’accord à 27… Est-ce que l’UE défend une position commune vis-à-vis des migrations ?
Assurément, et la Commission a affirmé que le défi migratoire nécessitait une réponse commune. Ursula Von der Leyen a rappelé les objectifs prioritaires de l’UE en la matière : une plus grande solidarité, la lutte contre les causes profondes de la migration en provenance de pays tiers, ainsi que l’introduction de voies sûres et légales vers l’Europe.
Est-ce que cette stratégie fait consensus ?
Pas exactement. Pour certains États membres, la question migratoire est particulièrement épineuse. C’est le cas de ceux dont la couleur politique est très à droite, ou de ceux dont les gouvernements sont sous pression. On pense à la Suède, aux Pays-Bas, ou à l’Autriche. Ils tiennent à montrer que l'UE fait tout pour renvoyer les demandeurs d'asile, rapporte Politico.
L’Union européenne va donc mettre davantage l’accent sur le renvoi des demandeur·euses d’asile sans droit de séjour. Comment compte-t-elle procéder ?
Bruxelles tenterait de lier avantages commerciaux et migrations, en conditionnant le système de préférences généralisées (SPG) dont bénéficient les pays en développement. Ce programme permet l’exportation de marchandises vers l’UE à des tarifs faibles ou nuls. Concrètement, il s’agirait de supprimer ces tarifs avantageux si des pays refusent de reprendre les demandeur·euses d'asile dont le séjour en Europe a été rejeté.
Quelles réactions face à cette mesure ?
Pour l’instant, elle ne plaît ni aux défenseur·euses du libre-échange, ni aux militant·es des droits de l'homme. Il y a fort à parier que l’Europe fera face à des opposants.
Affaire à suivre. Terminons cette discussion en Ukraine, qui a accueilli un sommet européen vendredi dernier, à Kiev. En quoi ce sommet est-il important ?
Son existence en soi lui donne de l’importance, puisqu’il s’agit du premier sommet UE-Ukraine depuis que ce pays a obtenu – en un temps record – le statut de candidat à l’adhésion de l’UE. L’Express nous raconte que le gouvernement ukrainien considère que le lieu de la rencontre envoie un « signal fort » aussi bien à ses partenaires qu’à ses ennemis.
Quels étaient les sujets principaux abordés lors de cette rencontre ?
C’était l’occasion d’aborder la sécurité alimentaire mondiale, les initiatives de Kiev en faveur d’une « paix juste », les aides sur l’énergie et le matériel miliaire. Mais bien sûr, le sujet central restait celui de l’adhésion de l’Ukraine à l’Union européenne.
Où en est-on dans cette procédure ?
La Commission continue à encourager le pays à poursuivre les réformes nécessaires à son entrée dans l’UE, tout en tempérant ses attentes sur les perspectives d’adhésion.
Et justement, quelles sont les attentes de l’Ukraine ?
Depuis l’obtention rapide du statut de candidat, Kiev rêve d’une adhésion en accéléré. Le Premier ministre ukrainien a réalisé un calendrier de seulementdeux ans, période à la fin de laquelle le pays devrait rejoindre l’UE. Mais cet objectif ne dépend pas que de l’Ukraine, et cette date limite est loin d’être garantie.
Entretien réalisé par Laurence Aubron.