La semainière de Quentin Dickinson

La semainière de Quentin Dickinson

Photo de Florian Weichert sur Unsplash La semainière de Quentin Dickinson
Photo de Florian Weichert sur Unsplash

Retrouvez chaque semaine la semainière de Quentin Dickinson sur euradio. L'occasion de découvrir la diplomatie et l'actualité européenne sous un nouvel angle.

Alors, Quentin Dickinson, qu’avez-vous retenu de l’actualité de ces jours derniers ?...

D’abord, une crise en cours qui mérite qu’on y regarde de près, tant elle est riche d’enseignements pour toute l’Europe.

Il n’y a pas si longtemps de cela, les gouvernements des pays européens accueillaient à bras ouverts les investisseurs chinois – surtout s’ils mettaient leur argent dans des secteurs économiques jugés sans grand avenir.

Or, aujourd’hui, le gouvernement britannique s’en mord cruellement les doigts (même si les coupables étaient membres du Parti conservateur rival, à l’époque aux affaires).

Mais pourquoi ?...

Voici pourquoi : depuis la Révolution industrielle, au milieu du XIXe siècle, le Royaume-Uni était l’un des premiers producteurs d’acier au monde, grâce notamment aux réserves abondantes de charbon. Mais, vers 1960, le vent tourne : LONDRES entend désormais réduire les activités polluantes et la pénibilité des emplois manuels dans l’industrie et jouer son avenir sur le tertiaire – de sorte qu’aujourd’hui, de nationalisation en revente en restructurations successives, la sidérurgie, qui occupait encore près de 300.000 personnes en 1965, ne représente plus aujourd’hui que 0,1 % des emplois permanents du Royaume.

Le gouvernement de Margaret THATCHER dénationalisa l’entreprise BRITISH STEEL qui, en déclin permanent, fut cédée à l’Indien TATA, avant d’être reprise en 2020 par le Chinois JINGYE.

Intéressant, certes, mais où se situe le problème aujourd’hui ?...

C’est que JINGYE n’a eu de cesse de réduire la production des deux derniers hauts-fourneaux, situé à SCUNTHORPE, dans les Midlands orientaux. Depuis peu, les autorités britanniques se sont rendu brutalement compte qu’on approchait, dans ces deux installations, d’une réduction de température, en-dessous de laquelle il devenait impossible de les faire redémarrer – d’où l’actuelle course contre la montre pour trouver de quoi les maintenir en activité.

Siégeant en urgence samedi, la Chambre des Communes a autorisé le gouvernement à prendre le contrôle de BRITISH STEEL ; de leur côté, les syndicats ont empêché les cadres chinois de pénétrer dans les locaux de l’entreprise.

Car on soupçonne fortement JINGYE d’avoir voulu mettre fin prématurément à la carrière des deux hauts-fourneaux, affectueusement baptisés Queen Bess et Queen Anne, toute dernières sources d’acier primaire du pays ; l’objectif des Chinois serait d’importer l’acier de leurs installations en Chine.

Pour le gouvernement britannique, l’affaire revêt une importance stratégique : BRITISH STEEL fournit en effet les trois-quarts des rails des chemins de fer britanniques. On ne devrait pas s’étonner qu’on annonce prochainement la nationalisation de l’entreprise.

Mais on imagine qu’il y a tout-de-même des nouvelles moins dramatiques dans votre besace, cette semaine ?...

J’y venais précisément. A l’heure où les tarifs des voitures électriques neuves sont en baisse (et qu’enfin un marché du véhicule tout-électrique d’occasion démarre en Europe), voilà que se forme un consortium de quatre entreprises, toutes déjà spécialisées dans l’installation de bornes de recharge dans l’espace public.

L’objectif affiché est de devenir aussi prestement que possible le réseau de recharge le plus étendu d’Europe, fort de mille sept cents stations, pour un total de 11.000 raccordements individuels dans vingt-cinq pays européens.

Détail intéressant : une application spécifique calcule votre itinéraire et vous indique les points de charge tout le long de votre route.

Dénommée SPARK-ALLIANCE, ce groupe prévoit de faire des étincelles dès le mois de juin de cette année.

On voudrait juste savoir où est fabriquée cette armée de postes de recharge.

Une dernière information, peut-être ?...

Oui, et restons dans ce même secteur. Cette année, le Salon national de l’Automobile électrique se produira sous forme d’une tournée d’été dans l’Hexagone du 27 avril au 21 septembre, en s’arrêtant successivement à NICE, ANGERS, BORDEAUX, PARIS, TOULOUSE, et ROUEN. Avis donc à nos fidèles auditeurs, nombreux dans ces six localités.

Créé il y a cinq ans déjà, cet événement annuel s’intitulait jusqu’à l’année dernière les ELECTRIC DAYS – on ne peut que se féliciter que ses organisateurs aient choisi d’abandonner l’appellation en langue anglaise – d’autant que le lien avec l’automobile n’allait vraiment pas de soi.

Un entretien réalisé par Laurent Pététin.