Retrouvez chaque semaine l'édito de Quentin Dickinson sur euradio. L'occasion de découvrir la diplomatie et l'actualité européenne sous un nouvel angle.
Alors,
QD, avez-vous passé une bonne semaine ?
Plutôt oui, parce que ces derniers jours auront permis d’y voir un peu plus clair dans la saga sans fin (mais à rebondissements) de l’élargissement de l’Union européenne à de nouveaux pays-membres.
On pense à l’Ukraine et à la Moldavie, mais il y en a d’autres, non ?
En effet. Mais débutons par l’Ukraine et la Moldavie, puisque vous y faisiez mention. Ces pays sont tous deux candidats au statut de candidat, lequel permet d’ouvrir la négociation individuelle avec chacun des deux. L’affaire progresse pour eux, puisque ce statut vient de leur être accordé, mais elle ne sera pas conclue en quelques semaines – songez que la Turquie est candidate depuis 1987 et que cette négociation-là est de longue date au point mort, et mériterait d’ailleurs que l’on y mette fin, mais tant BRUXELLES qu’ANKARA redoutent l’effet négatif d’une telle officialisation de l’échec et de l’évaporation de tout intérêt chez les uns comme chez les autres. Donc : patience.
Cependant, vous avez raison : d’autres se pressent au portillon de l’UE, et se montrent moyennement heureux de se voir doubler dans la queue par KYEV et par CHIŠINĂU. Ce sont les pays des Balkans occidentaux, tous (à l’exception de l’Albanie) anciennes composantes de feu la Yougoslavie. Or, le plus grand d’entre eux, la Serbie, s’est placée dans la roue de MOSCOU et encourage activement le soulèvement des Serbes du plus petit d’entre eux, le Kosovo.
La Macédoine du Nord est encore loin de satisfaire aux conditions posées par les Vingt-sept. Conclusion, seul le Monténégro tire véritablement son épingle du jeu. On rappellera toutefois que la négociation d’adhésion à l’UE se conduit au fil de trente-six chapitres politiques ou économiques, destinés à s’assurer que l’impétrant soit en mesure de bénéficier pleinement de la qualité (et des contraintes) du statut de membre de l’Union européenne. Les Vingt-sept chefs d’État et de gouvernement de celle-ci donneront leur feu vert lors d’un Sommet à BRUXELLES le 14 décembre ; l’unanimité étant requise, on examinera de près l’attitude de la Hongrie, de la Slovaquie, et de la Pologne, c’est-à-dire des trois pays eurosceptiques.
Vous avez, je crois, détecté un élément nouveau dans le dossier de l’immigration en Europe
C’est cela – et de ce qui suit, il n’est nullement question au cours de l’actuel débat sur la question en France. L’information, c’est que le chef du gouvernement italien, Mme Giorgia MELONI, vient de parapher un accord bilatéral avec son homologue albanais pour la construction en Albanie de deux centres de rétention de migrants clandestins renvoyés d’Italie. Ces centres devraient être opérationnels dès le printemps prochain, et auraient la capacité à accueillir 36.000 personnes par an.
Je ne suis pas sûr que ce nombre, qui paraît à première vue considérable, apporte la solution espérée par Mme MELONI, car – d’après mes calculs – depuis le 1 er janvier de cette année, ce sont près de 150.000 migrants qui ont débarqué en Italie (et l’année n’est pas finie). Toujours est-il que c’est une tendance qui se dessine ailleurs, notamment au Royaume-Uni et en Autriche, qui entendent renvoyer les migrants en situation irrégulière vers le Rwanda, lequel est demandeur de ces contrats avec des pays occidentaux.
Et vous voulez cette semaine féliciter les jeunes Européens, c’est cela ?
Absolument, en tout cas les 8.500, âgés de 16 à 30 ans, qui ont participé au mois de juin aux ateliers thématique tenus dans les locaux du Parlement européen à STRASBOURG. Ces jeunes viennent de publier leur rapport, qui contient quinze idées sur des thèmes bien utiles, telle la lutte contre la désinformation, le statut des stagiaires, le climat, ou le gaspillage alimentaire.
Et, une bonne nouvelle ne devant pas en cacher une autre, nous pouvons aussi féliciter les deux lauréats 2023 du Prix de la Citoyenneté européenne : le premier est un blogueur estonien qui développe l’esprit critique des internautes et les aide à repérer la désinformation et la propagande cachée.
La seconde est une infirmière tchèque qui propose des valisettes contenant les petits souvenirs que chaque enfant peut y placer dès sa naissance avec son petit bracelet nominatif et par la suite une peluche, une photo, une lettre – l’opération s’intitule Une Valise pour la Vie – vous, je ne sais pas, mais moi je l’ai trouvée originale, belle, et émouvante.
Un entretien réalisé par Laurence Aubron.