Retrouvez chaque semaine la semainière de Quentin Dickinson sur euradio. L'occasion de découvrir la diplomatie et l'actualité européenne sous un nouvel angle.
Alors, Quentin Dickinson, avez-vous passé une bonne semaine ?...
Je ne surprendrai personne en disant qu’elle aura été plutôt mouvementée, les événements qui se sont succédés tout au long de la semaine étant absolument imprévisibles.
C’est évidemment vers la Syrie que se tourne le regard de l’Union européenne. Tout en se félicitant de la fin d’un régime (et d’une dynastie) dictatoriale et sanguinaire, ici, l’on fait preuve d’une grande prudence, car on ne mesure pas encore la direction du vent : les combats ont-ils cessé sur l’ensemble du territoire ? Comment s’entendront entre eux les différents groupes de rebelles ? et quelles consignes ces groupes auront-ils reçus de leurs mandants, généralement étrangers ou hors de Syrie ? Qui formera le gouvernement national, et qui reprendra les gouvernorats des provinces ? Quel statut auront désormais les deux bases navales russes ?...
La toute nouvelle Haute représentante de l’UE pour la Politique extérieure et de Sécurité, l’ancienne Première ministre estonienne Kaja KALLAS, estime à juste titre qu’en Syrie, la reconstruction de l’État, de l’économie, et des villes-martyres exigera un temps très long ; de son côté, la Présidente de la Commission européenne, Ursula von der LEYEN, apporte son soutien au maintien de l’unité nationale de la Syrie, mais à la condition que soient dûment respectés les droits de toutes les (nombreuses) minorités de ce pays complexe.
Au-delà – et nous aurons prochainement l’occasion de l’évoquer à cette même antenne – si l’on ne sait pas encore qui tirera le mieux son épingle du jeu, en revanche, on en identifie aisément les premiers perdants : la Russie, l’Iran, le Hezbollah. De même, l’on sent confusément qu’au Proche-Orient, l’Histoire s’est réveillée et se complaît à rebattre les cartes pour tous les acteurs, étatiques ou non, de la région au sens large.
La semaine, Quentin Dickinson, aura aussi été marquée par le traité de libre-échange de l’UE avec le Mercosur…
Au bout de près de vingt-cinq ans de négociations – et parce qu’il fallait enfin en sortir d’une façon ou d’une autre – les représentants de cinq pays d’Amérique du Sud et ceux de l’UE ont paraphé ce texte, déjà contesté par plusieurs pays européens, dont la France et la Pologne, pour ce qui est de son volet agricole.
En droit, on ne reviendra pas sur ces accords, étant donné que tous les États-membres de l’UE ont conféré un mandat impératif de négociation à la Commission européenne. Cependant, les modalités précises de mise en œuvre, qui restent à définir, permettront d’en arrondir les angles.
Et où l’on reparle de l’élection présidentielle en Roumanie…
…et de quelle façon ! Vous vous souviendrez qu’au premier tour, c’est un candidat quasi-inconnu, qui s’est avéré populiste et pro-russe, qui était arrivé largement en tête, à la surprise générale (et au ravissement du Kremlin). Or – coup de théâtre – la Cour suprême roumaine vient d’annuler les résultats de ce premier tour, qui devra être rejoué.
Le principal motif de cette décision, c’est le refus du candidat de révéler la source des sommes très importantes qu’il a investies dans une campagne quasi-exclusivement menée sur la plateforme chinoise TIK-TOK.
Pour finir, Quentin Dickinson, vous vouliez nous faire part d’une préoccupation que nos auditeurs seront sans doute nombreux à partager…
Une préoccupation qui est aussi une incompréhension de ma part. C’est cette décision de la Présidente du Conseil régional des Pays-de-la-Loire, Mme Christelle MORANÇAIS, de supprimer dans le budget de 2025 pratiquement toute subvention aux activités culturelles ou assimilées. Parmi les victimes, on notera l’ensemble des Maisons de l’Europe de la Région, dont on ne peut raisonnablement contester l’utilité dans l’indispensable dialogue entre les institutions de l’UE et les citoyens des différentes collectivités locales et régionales.
La situation financière de la Région, comme ailleurs, suppose certes une dose d’économies raisonnables ; mais restreindre l’offre culturelle des Ligériens tout en menant une action directement europhobe défie clairement l’entendement.
Merci, Quentin Dickinson. D’un mot, j’ajoute à votre propos mon propre étonnement en apprenant que notre radio, votre radio, EURADIO, fait l’objet de la même mesure de retrait de subvention régionale.
Un entretien réalisé par Laurence Aubron.