La semainière de Quentin Dickinson

Ukraine, réglementation et Royaume-Uni - Quentin Dickinson

© European Union - Source : EP Ukraine, réglementation et Royaume-Uni - Quentin Dickinson
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Retrouvez chaque semaine l'édito de Quentin Dickinson sur euradio. L'occasion de découvrir la diplomatie et l'actualité européenne sous un nouvel angle.

Alors, QD, avez-vous passé une bonne semaine ?...

En tout cas, incroyablement dense, comme souvent à l’approche de la fin d’année.

Sans ordre particulier, on aura noté la semaine passée un accord entre le Parlement européen et le Conseil de l’UE (pour simplifier : entre les citoyens et les vingt-sept gouvernements) sur le budget général de l’Union européenne pour 2024. Une toute petite partie de ce budget couvre, pour 255 millions d’Euros, de nouvelles livraisons de munitions et d’équipement aux forces armées ukrainiennes. Cela dit, il se murmure ici que l’objectif de l’UE de fournir à KYEV un million de munitions de calibres divers d’ici au mois de mars 2024 est peut-être excessivement ambitieux. 300.000 projectiles ont déjà été livrés, pris sur les stocks des armées européennes ; mais l’industrie européenne de défense peine actuellement à monter en puissance.

Autre décision qui, celle-ci, n’aura – à tort – pas suscité beaucoup d’intérêt : les ministres de la Mer des Vingt-sept sont tombés d’accord pour approfondir considérablement la réglementation destinée à réduire la surpêche.

D’autre part, on sait peu que l’UE est patiemment en train de se constituer une flottille d’hélicoptères et d’avions bombardiers d’eau, qui pourront venir renforcer les capacités d’intervention des pays-membres, ce qui n’est vraiment pas du luxe, vu le nombre croissant d’incendies qui ravagent chaque année les bois et forêts en Europe.

L’UE constate que les appareils en commande ne seront pas livrés avant la fin de l’année prochaine, et ont donc reconduit d’un an les contrats de location en cours. L’Union européenne avance sur de nombreux fronts, mais pour se faire une idée de la vitesse de progression, on rappellera que l’idée de cette force européenne de sécurité civile figure en bonne place dans un rapport de Michel BARNIER, datant de…2006.

Avez-vous retenu un autre événement de la semaine ?...

En effet. Vous vous souviendrez sans doute que, dans la période qui a suivi les décolonisations, les Communautés européennes, en 1963, ont conclu avec dix-sept États africains et Madagascar la Convention de YAOUNDÉ, point de départ de ce qui fait aujourd’hui de l’UE le premier donateur d’aide au développement du monde. Par la suite, le nombre de pays participants associés à l’UE est passé à 79, au fil des accords et conventions successives de LOMÉ et de COTONOU. A l’issue de laborieuses négociations, marquées notamment par les réticences de la Hongrie et de la Pologne, un nouvel accord vient d’être paraphé aux Îles Samoa. Cet Accord de Samoa vaut pour vingt ans et doit entrer en vigueur au début de l’année prochaine. Toutefois, pour des raisons autant de désorganisation que de pressions russes et chinoises, vingt pays africains, neuf des Caraïbes, et six du Pacifique n’ont pas encore signé ce document.

L’actualité de la semaine vient aussi d’Outre-Manche…

C’est d’abord le remaniement-choc du gouvernement britannique. A la suite des nombreuses incartades de sa ministre de l’Intérieur, Mme Suella BRAVERMAN, pas vraiment un modèle de modération, l’intéressée a été brutalement remerciée par le Premier ministre Rishi SUNAK. C’est le ministre des Affaires étrangères, James CLEVERLY, qui prend la succession de Mme BRAVERMAN, et – surprise de taille – le nouveau chef de la diplomatie de Sa Majesté n’est autre que l’ancien Premier ministre David CAMERON, le piteux géniteur du Brexit, recyclé plus récemment comme lobbyiste pro-chinois et désormais anobli sous l’appellation de Lord CAMERON, Baron de Chipping Norton.

Et ce n’était pas la seule crise que M. SUNAK a eu à gérer…

Son gouvernement avait imaginé d’envoyer systématiquement tous les immigrés en situation irrégulière le plus loin possible du Royaume-Uni, en l’occurrence au Rwanda, dans le cadre d’un accord bilatéral qui a déjà rapporté 150 millions d’Euros au gouvernement de KIGALI sans pour autant qu’un seul migrant ait jusqu’ici pris le chemin de l’Afrique centrale, puisque chaque tentative est bloquée par des recours juridiques. Et, dernière contrariété pour M. SUNAK, les juges de la Cour suprême britannique viennent à l’unanimité de déclarer illégal ce programme anglo-rwandais.

Une consolation, cependant, pour M. SUNAK ?...

En effet, et cela correspond aux demandes désespérées et répétées, depuis le Brexit, de tout ce que le Royaume-Uni compte de chercheurs et de savants : c’est le feu vert donné par l’UE aux laboratoires et instituts de recherches britannique, invités à rejoindre à nouveau les vastes programmes COPERNICUS et HORIZON-EUROPE, dotés de budgets très importants.

Entretien réalisé par Laurence Aubron.