Retrouvez chaque semaine l'édito de Quentin Dickinson sur euradio. L'occasion de découvrir la diplomatie et l'actualité européenne sous un nouvel angle.
Alors, QD, avez-vous passé une bonne semaine ?...
Oui, plutôt, car - de façon proche du miracle - nous pouvons saluer non pas un, mais bien deux accords politiques obtenus à l’arraché entre le Parlement européen et les pays-membres de l’UE, sur base de propositions de la Commission européenne.
Le premier vise la Loi sur l’Intelligence artificielle, qui, dans la dernière ligne droite, aura nécessité une négociation-marathon de trois jours et deux nuits. Les principales caractéristiques en sont un catalogue des risques, remis à jour au fur et à mesure du développement de l’IA ; le respect des droits et valeurs fondamentales de l’UE ; la sécurité et la prévisibilité juridiques ; et le lancement d’un Pacte IA, incitatif destiné à encourager les entreprises à devancer volontairement la promulgation de la Loi.
A souligner : cette loi européenne est une première mondiale, qui confirme le rôle de l’UE comme Numéro un de la régulation technique internationale. Les Américains, les Chinois, et autres Indiens ne pourront qu’y conformer leur propre réglementation lorsqu’elle verra le jour.
Deux accords politiques, disiez-vous – alors, quel est l’autre ?...
C’est celui sur l’encadrement du marché du gaz, du biométhane, et de l’hydrogène, dans le cadre du Pacte vert européen, mais qui constituera aussi un moyen supplémentaire de s’affranchir de la dépendance de la Russie et de la Biélorussie.
La directive prévoit de promouvoir les achats groupés, afin d’éviter les surcoûts que représente la concurrence à l’approvisionnement entre pays de l’UE.
De même est-il prévu la mise en place d’un réseau européen de transport de l’hydrogène, à l’image de ceux qui assurent l’adduction de l’électricité et du gaz, et qui pourraient à terme faire l’objet d’une triple gestion intégrée.
Un mot sur la COP 28, peut-être, la COP 28 qui vit ses dernières heures ?...
…juste un mot, en effet, pour vous dire qu’à l’issue d’assez pénibles négociations, la Bulgarie et l’Arménie ont fini par retirer leurs candidatures respectives à l’organisation de la COP 29 l’an prochain ; c’est donc à l’Azerbaïdjan qu’il reviendra de l’organiser.
Votre chroniqueur ne peut s’empêcher de remarquer que l’actuelle COP 28 se passe aux Émirats arabes unis (septième producteur mondial de pétrole) ; que la COP 29 aura pour cadre BAKOU (capitale d’un pays dont les hydrocarbures représentent 90 % des exportations) ; et que l’on sait déjà que la COP 30, en 2025, se tiendra au Brésil (qui vient de rejoindre les rangs de l’OPEP-Plus).
Mais, bien entendu, bien malin qui dira si cela est perçu plutôt comme un avantage tactique ou, au contraire, comme une fâcheuse contrainte par ces trois États pétrolifères.
Vous laissiez entendre que vous regrettiez qu’une commémoration historique n’ait pas reçu, la semaine dernière, toute la reconnaissance qu’elle méritait…
…qu’elle mérite, en particulier en ces temps d’effondrement de l’ordre international fondé sur la négociation et le droit, et, en parallèle, d’un ensauvagement croissant de nos modèles sociaux.
C’est de la Déclaration universelle des Droits de l’Homme qu’il s’agit, adoptée voici soixante-quinze ans par l’Assemblée générale des Nations-Unies, Déclaration qui, depuis 1966 avec le Pacte des Droits économiques, sociaux, et culturels, ainsi qu’avec le Pacte des Droits civiques et politiques, constitue la Charte internationale des Droits de l’Homme.
En 1948, la matière n’était pas entièrement neuve, survenant 159 années après la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen, fruit de la Révolution française.
Il peut être conseillé, de temps à autre, de se replonger dans la lecture de ces textes, et se demander à quel moment l’humanité a commencé à en gommer les principes.
Quelques brèves, pour terminer ?...
Trois brèves, en effet. D’abord, l’attribution d’une aide humanitaire européenne de 125 millions d’Euros aux Palestiniens, aussi bien ceux de la Bande de Gaza que ceux de Cisjordanie.
Ensuite, le sondage, intitulé assez bizarrement Parlemètre, organisé à la demande du Parlement européen, et qui annonce que 72 % des Européens estiment que leur pays bénéficie considérablement de son appartenance à l’UE. Autre résultat présenté : 57 % des Européens se disent intéressés par les prochaines élections au Parlement européen, du 6 au 9 juin 2024.
Si cela se vérifie le jour venu, c’est très bien. Si cela se vérifie.
Enfin, comme votre chroniqueur vous le laissait entendre la semaine dernière, c’est l’actuelle Ministre espagnole des Finances, Nadia CALVIÑO, qui a été choisie pour présider la Banque européenne d’Investissement à LUXEMBOURG ; sa concurrente, la Danoise Margrethe VESTAGER, retourne donc pendant une petite année finir son mandat à la Commission européenne, où, n’en doutons pas, elle reprendra son passe-temps habituel, qui consiste à tricoter des petits éléphants en laine multicolore, qu’elle offre à ses amis. Votre chroniqueur n’en a jamais reçu.
Un entretien réalisé par Laurence Aubron.