Chaque vendredi, l'équipe d'euradio à Bruxelles décrypte l'actualité et le travail d'une institution européenne.
Au programme :
- Un “accord global” sur l’attribution des "top jobs", lors d’un Sommet du Conseil européen.
- Un accord de sécurité à long terme, conclu par les 27 et le président ukrainien Volodymyr Zelensky.
- Arrêt de la Cour de justice de l’UE sur les activités du plus grand complexe sidérurgique d’Europe.
Bonjour Alizée, ouvrons ce journal à Bruxelles, où les chefs d’État et de gouvernement des 27 viennent de conclure - dans la soirée du 27 juin - un “accord global” sur l’attribution des top jobs, les plus hauts postes de l’Union européenne, lors d’un Sommet du Conseil européen très chargé.
Pour rappel, les nominations doivent tenir compte des équilibres politiques au sortir des élections européennes, élections qui ont vu la coalition pro-UE, à savoir le PPE, les sociaux - démocrate et les libéraux - se maintenir malgré la percée des forces souverainistes.
Depuis plusieurs semaines, un trio de favoris se dessinait assez nettement, n’est-ce pas Alizée ?
Oui, sans grande surprise, les 27 dirigeants ont donc approuvé - à la majorité qualifiée- la reconduction de la chef de file du PPE, Ursula von der Leyen, à la tête de la Commission européenne. À noter qu’elle devra maintenant obtenir le feu vert du Parlement lors d’un vote d’investiture prévu mi-juillet. L'issue de ce vote reste très incertaine, car la présidente sortante est loin de faire l’unanimité, même dans son propre camp. Dans les prochaines semaines, les négociations continueront donc, afin de rassembler le soutien des 361 eurodéputés pour former une majorité qualifiée.
Et qu’en est-il des autres postes clés à la tête des institutions ?
Pour diriger le Conseil européen, c’est l’ex-Premier ministre socialiste portugais António Costa qui a obtenu la confiance des 27. Enfin, la Première ministre estonienne, Kaja Kallas - issue du groupe des libéraux et très engagée sur les questions de défense - succèdera à Josep Borrell au poste de haut représentant aux affaires étrangères.
Ce vote ne s’est pas fait sans de vives résistances de la part des forces souverainistes, incarnées par la Première ministre italienne Giorgia Meloni et par son homologue hongrois, Viktor Orban.
Effectivement Paloma, Rome et Budapest ont tous deux dénoncé l’accord préliminaire conclu à huis clos entre les principaux groupes politiques du Parlement afin de finaliser le “casting” des candidats.
Pour Giorgia Meloni, la mise à l’écart de son groupe, les Conservateurs et Réformistes européens - 3e force politique au Parlement - traduit, je cite, une “logique oligarchique”. Plusieurs autres États membres déplorent également le manque de transparence et d’équité du processus de nomination. In fine, Giorgia Meloni s'est abstenue de voter pour Ursula Von der Leyen quand Viktor Orban a voté contre la présidente sortante. À noter que, les deux figures nationalistes, qui s’estiment lésées, devraient accentuer leur pression pour obtenir des portefeuilles clés dans le collège des commissaires.
Et les questions de défense et du soutien à l’Ukraine sont également à l’ordre du jour de ce Sommet, on poursuit donc ce journal avec cet accord de sécurité à long terme, conclu par les 27 et le président ukrainien Volodymyr Zelensky.
Tout à fait. Il faut néanmoins souligner que cet accord n'est pas un pacte mutuel de défense, mais le document qui formalise le soutien financier, militaire et humanitaire européen à l'Ukraine. Alors que Kiev a déjà signé 17 accords de sécurité bilatéraux similaires, pour la première fois, cet accord consacrera l'engagement de l'ensemble des 27 États membres indépendamment de tout changement institutionnel.
À noter que cette signature intervient alors que l'UE débloque également sa première tranche d'équipements militaires financés par les avoirs russes gelés, et que les négociations d'adhésion dans l’UE avec Kiev et la Moldavie viennent de s'ouvrir.
Si le président ukrainien salue ces mesures, il souhaite que ces procédures aillent plus vite.
Effectivement. Volodymyr Zelensky presse pour accélérer la mise en œuvre du volet militaire de cet accord, alors que les troupes ukrainiennes sont en difficulté face à Moscou. Il souhaiterait, dès maintenant, obtenir les engins de défense aériens - qui lui ont été promis.
Pour le secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg, la Russie ne serait pas en mesure de réaliser des "percées significatives" sur le champ de bataille en Ukraine pour le moment.
Cet accord a été conclu alors que la Commission européenne s'active pour finaliser des plans de financement pour l'industrie de la défense de l'UE
Tout à fait. Il s’agit de propositions qui visent à mobiliser des fonds et à stimuler la production dans l’industrie de la défense pour répondre aux besoins de guerre si cette dernière devait s’étendre au reste du territoire européen. La Commission envisage diverses options, dont un emprunt commun via des euro-obligations, malgré les réticences des pays dit “frugaux” comme les Pays-Bas.
La Commission envisage également d'autres mesures, telles que l'utilisation des bénéfices des avoirs russes gelés et l'assouplissement des critères de prêt de la Banque européenne d'investissement .
Concluons notre tour de l’actualité en revenant sur l’arrêt de la Cour de justice de l’UE sur les activités de l’usine Ilva de Tarente, le plus grand complexe sidérurgique d’Europe.
Oui, et ses activités doivent être suspendues si elles continuent à « présenter des dangers graves pour l’environnement et la santé humaine », et donc à enfreindre les règles de l’Union en matière d’émissions industrielles ainsi que sa Charte des droits fondamentaux. Depuis 2012, Ilva est au cœur d’une grave affaire de pollution en Italie, avec des niveaux élevés de dioxine corrélés à une hausse des cas de cancer dans la région.
Un décret avait fini par permettre la poursuite de la production pour des raisons économiques, mais des plaintes ont conduit à une nouvelle saisine de la Cour de justice de l’UE en 2022.
Tout à fait, mais à noter que l’affaire sera à présent renvoyée devant le tribunal de commerce de Milan, car la CJUE ne règle pas elle-même les litiges, mais se contente de donner son avis sur l’interprétation du droit communautaire.
Un journal de Alizée Lambin et Paola Biessy