Chaque vendredi, l'équipe d'euradio à Bruxelles décrypte l'actualité et le travail d'une institution européenne.
Au programme :
- Retour sur le sommet du conseil européen du 17 et 18 avril
- Le dernier sondage Eurobaromètre en amont des élections européennes du 9 juin
- La baisse des taux d'intérêts de la BCE programmée pour le mois de juin
Bonjour Ariane, à la une de ce journal, le sommet du conseil européen qui s’est tenu les 17 et 18 avril. Au programme, des discussions sur la relance économique du continent.
Les discussions se sont éternisées lors de ce sommet dont l’enjeu n’était pourtant que d’indiquer les grandes directions à emprunter pour redresser une économie en crise. L’ancien Premier ministre italien, Enrico Letta, a d’ailleurs été l’un des acteurs principaux de cette réunion. Lui qui a rédigé un rapport sur la marche à suivre pour redresser l’économie et la compétitivité européenne.
Les dirigeants européens s’inquiètent particulièrement du décrochage du continent par rapport aux États-Unis.
C’est d’ailleurs un des principaux sujets pointés par le rapport de Enrico Letta. Exemple frappant : selon les estimations du Fonds monétaire international, la croissance américaine pourrait avoisiner les 3% en 2024, contre seulement 1% en Europe.
Ce qui alarme particulièrement à Bruxelles c’est que cet écart de croissance est en partie alimenté par des entreprises européennes. Toujours selon l’ancien Premier ministre italien, plus de 300 milliards d’euros quittent chaque année le vieux continent pour être placés aux États-Unis.
Pour redresser la barre sur le front de la compétitivité le Président du conseil Charles Michel a une solution toute trouvée : l’union des marchés de capitaux.
C’est un projet qui ne date pas d’hier puisque cette initiative est née en 2014. L’idée étant de faciliter la circulation des capitaux au sein même de l’Union européenne. Une initiative que le président du Conseil européen n’hésite pas à qualifier d’équivalent européen à l’Inflation reduction act américain. Selon la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, cela permettrait de libérer 470 milliards d’euros.
Mais il y a une raison pour laquelle cette initiative n’a jamais vu le jour : elle est est loin de convaincre tout le monde.
Effectivement au sein de l’UE, les plus petits États craignent que ces investissements se concentrent dans les places fortes financières du continent comme la France. Si les États membres sont tous d’accord sur le besoin urgent de relancer la compétitivité européenne, le projet d’union des marchés de capitaux n’a donc pas vraiment fait de pas en avant.
Parmi les autres solutions proposées, Enrico Letta recommande également de permettre à l’UE de subventionner des entreprises, chose qui n’est possible que pour les États actuellement.
Poursuivons ce journal en revenant sur les derniers chiffres de l’Eurobaromètre, l’institut de sondage de l’Union européenne. A l’approche des élections européennes, l’intérêt de la population serait en hausse par rapport au dernier scrutin en 2019.
Oui, 60% de la population européenne se dit intéressée par le scrutin du 9 juin. En comparaison, à la même question en 2019, seuls 49% des interrogés avaient répondu positivement. Autre chiffre qui attire l’attention, 71% des sondés ont déclaré qu’ils iraient voter si les élections avaient lieu la semaine prochaine. A titre de comparaison, en 2019, le taux de participation sur le continent était de 50%. Un chiffre bien en dessous de la participation aux élections nationales, mais qui est le plus haut depuis 1994.
Qu’est ce qui expliquerait cette hausse du taux de participation et de l’intérêt pour cette élection ?
Selon la présidente du Parlement européen Roberta Metsola, « les Européens ont conscience que les enjeux sont élevés ». A Bruxelles en tout cas, on veut croire que l’intérêt croissant pour les élections se traduira dans les urnes. Selon le politologue Thierry Chopin, cette progression est également à lier aux crises récentes et à l’orientation que l’UE devrait prendre pour les surmonter.
Enjeu particulier de ce scrutin : la réponse européenne à la guerre en Ukraine. Cette dernière aura une influence particulière le 9 juin.
La défense a émergé comme le troisième sujet prioritaire de ce scrutin, juste derrière la santé et la lutte contre la pauvreté. C’est d’ailleurs le sujet prioritaire dans plusieurs États, souvent frontaliers de la Russie. On pense aux pays Baltes ou à la Finlande par exemple, pour qui la menace de Moscou est particulièrement prégnante.
Autre chiffre qui ressort de cette étude de l’Eurobaromètre, la confiance en l’UE est étonnamment forte.
Oui, 71% des interrogés estiment que l’Union européenne a un apport positif pour leur pays. Un chiffre à nuancer cependant puisqu’il est particulièrement bas dans certains États membres, en particulier ceux dirigés par des eurosceptiques comme Viktor Orban en Hongrie. Cas particulier : celui de la France. Seuls 27% des français ont une image positive du Parlement européen, le chiffre de très loin le plus bas de l’UE.
Concluons ce journal en évoquant la baisse des taux d’intérêts de la Banque centrale européenne envisagée pour le mois de juin.
C’est en tout cas ce qu’a annoncé l’institution basée à Francfort et sa présidente Christine Lagarde. Pour rappel, les taux sont actuellement à un niveau record de 4%, et ce depuis septembre 2023. Beaucoup attendaient une baisse de ce chiffre au mois de mai, mais il faudra finalement attendre le mois de juin au plus tôt.
Que changerait une baisse des taux d’intérêt ?
Cela permettrait d’encourager les investissements et de renforcer une croissance atone depuis 2023 et qui risque de le rester pendant au moins deux ans. Certains au sein de la banque souhaitent en revanche attendre la baisse de l’inflation autour des 2%, pour je cite “renforcer la confiance”.
Si l’inflation est actuellement à son niveau le plus bas depuis juillet 2021, avec seulement 2,4% de hausse des prix, cela reste donc légèrement au-dessus des 2%. Mais la Présidente de la BCE, Christine Lagarde a martelé en conférence de presse qu’elle ne comptait pas attendre la baisse jusqu’à un 2% stable. Une stabilité qui risque de mettre du temps à arriver. La présidente a rappelé que l’inflation devrait fluctuer autour du niveau actuel pendant plusieurs mois.
Un journal de Ariane Dana et Joris Schamberger