Chaque vendredi, l'équipe d'euradio à Bruxelles décrypte l'actualité et le travail d'une institution européenne.
Au programme :
- La mise en cause par le Parlement européen de la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen
- L'amende pour espionnage infligée à l’eurodéputée lettonne Tatjana Zdanoka
- Les premières réactions des dirigeants européens après l’adoption du pacte asile et migrations par le Parlement le 10 avril
Bonjour Ariane, démarrons ce journal en revenant sur la mise en cause par le Parlement européen de la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen. En cause, la nomination d’un de ses proches, Markus Pieper, à un poste à la rémunération plus qu’avantageuse.
Une nomination qui a d’ailleurs fait l’objet d’un amendement du Parlement européen, qui a exprimé son désaccord à une large majorité le 11 avril. Si la réelle portée de ce rejet reste encore assez floue, cela illustre le remous qu’a engendré cette nomination en interne. Markus Pieper est un eurodéputé, membre du CDU, le même parti que Ursula von der Leyen. Lui confier le poste d’envoyé de la Commission pour les petites et moyennes entreprises et ses 18 000 euros bruts de rémunération mensuelle, a donc logiquement engendré des soupçons de favoritisme.
Et si les autres groupes du Parlement ont instantanément dénoncé cette nomination, elle semble également avoir fait parler au sein même du PPE.
Mercredi, lors de la réunion hebdomadaire des commissaires, le Français Thierry Breton se serait plaint du manque de transparence de la présidente. Il est d’ailleurs rejoint par le haut-représentant aux relations étrangères Josep Borrell selon une source du média Euractiv.
Ce n’est pas la première fois que Thierry Breton s’en prend à la Présidente de la Commission. Au sein même du PPE plusieurs voix se montrent sceptiques quant au choix d’Ursula von der Leyen comme tête de liste aux prochaines élections européennes.
Sa nomination a pourtant été avalisée à Bucarest le 7 mars. Mais plusieurs partis membres du groupe, comme le parti français Les Républicains, se sont exprimés contre sa nomination. D’ailleurs seuls 500 des 800 représentants du groupe PPE se sont exprimés lors du suffrage en Roumanie. Et sur ces 500 seuls 400 ont approuvé ladite nomination. Pour le commissaire au marché intérieur, Thierry Breton, le parti « ne semble plus croire en sa candidate ».
Et autre perturbation dans cette campagne électorale, l’enquête concernant le Pfizergate, qui cible la Présidente de la Commission européenne.
Depuis le 1er avril, Ursula von der Leyen est visée par le parquet européen. En cause, son refus de dévoiler les échanges par SMS qui ont mené à l’achat de plusieurs millions de doses de vaccins contre la Covid-19 à l’entreprise pharmaceutique Pfizer. Les procureurs soupçonnent des conflits d’intérêts ou un abus de pouvoir. L’enquête est d’ailleurs soutenue par le gouvernement hongrois, dont l’hostilité à Ursula von der Leyen est bien connue.
Poursuivons ce journal en évoquant l’amende pour espionnage infligée à l’eurodéputée lettonne Tatjana Zdanoka.
Cette membre du groupe des verts a été reconnue coupable d’avoir échangé avec le FSB entre 2014 et 2022, les services de renseignement russes. Une amende de près de 2000 € lui a donc été infligée. Elle sera également interdite de participer à certains événements jusqu’à la fin de son mandat
A Bruxelles, l’inquiétude concernant l’influence de Moscou sur le Parlement européen se fait de plus en plus forte.
Fin mars, les autorités tchèques ont dévoilé l’existence d’un réseau financé par Moscou au sein même des institutions européennes. L’objectif étant de diffuser la propagande anti-Ukraine du Kremlin au sein même du Parlement. Selon le Premier ministre belge, Alexander de Croo, plusieurs députés seraient concernés par cette affaire de “Russiagate”. S’il n’a pas cité de nom, il a en revanche révélé que ceux-ci seraient allemands, français, hongrois, polonais, néerlandais et belges. On peut donc s’attendre à ce que d’autres élus se retrouvent impliqués dans les enquêtes de l’UE dans les semaines à venir.
La volonté de la Russie d’interférer dans les élections européennes n’est d'ailleurs pas cachée par le Kremlin.
Le 4 février le numéro deux du conseil de sécurité russe, Dmitri Medvedev, rappelait l’importance pour le Kremlin de soutenir les personnalités politiques européennes pro-russe, je cite, “de toutes les manières possibles, officielles ou secrètes”. Petr Bystron, représentant du parti d’extrême droite allemand AfD, numéro 2 de la liste aux élections de juin, est d’ailleurs accusé d’avoir accepté 25 000 € de la part du réseau pro-russe Voice of Europe. L’AfD a demandé des explications à ce membre du Bundestag, qui nie pour le moment toute corruption.
Concluons ce journal en évoquant les premières réactions des dirigeants européens après l’adoption du pacte asile et migrations par le Parlement le 10 avril.
Ce texte, en discussion depuis plusieurs années, est loin de convaincre tout le monde en Europe. L’accord auquel sont parvenus les eurodéputés est à la fois jugé dangereux pour les droits de migrants par les ONG, et trop souple par l’extrême droite. En Pologne, les critiques sont extrêmement virulentes de l’extrême droite, qui appelle à un “Polexit”, une sortie du pays de l’Union européenne, pour protester contre ce texte.
Un aspect de la réforme est particulièrement critiqué à Varsovie : le mécanisme de solidarité pour les pays accueillant le plus de migrants.
Oui, cet aspect du texte n’est d’ailleurs pas seulement dénoncé par l’extrême droite, mais également par la coalition pro-européenne au pouvoir. Pour rappel, il s’agit d’accueillir des demandeurs d’asile ou payer pour que les pays comme l’Italie ou l’Espagne puissent accueillir au mieux les milliers de personnes qui arrivent sur le territoire européen chaque année.
Le Premier ministre Donald Tusk, ancien président du Conseil européen, a d’ailleurs déclaré qu’il comptait monter une alliance pour je cite “protéger la Pologne contre ce mécanisme”. Parmi ses potentiels alliés, on pense à la Hongrie, dont le Premier ministre Viktor Orban est vent debout depuis des mois contre cette partie du texte.
Un journal de Joris Schamberger et Ariane Dana.