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Octop'us œuvre à la préservation des fonds marins depuis Strasbourg

Octop'us Octop'us œuvre à la préservation des fonds marins depuis Strasbourg
Octop'us

A Strasbourg, au bord du Rhin et à quelques kilomètres du la frontière allemande, l'ONG Octop'us œuvre pour la préservation des fonds marins. Octop'us est née en 2019 d'une volonté de ses 8 cofondateurs de travailler à la restauration des récifs coraliens, avec un premier projet de restauration de récif au large de Corfou, en Grèce. Lola Ott est l'une des cofondatrices de l'ONG.

Euradio : Comment est née Octop'us, de quel constat ? 

Octop'us : Nous sommes 8 cofondateurs et l'ONG est née en 2019, avec la volonté de s'impliquer dans la restauration de la biodiversité marine, en partant du constat que très peu de personnes savent ce qu'est le corail. On voulait donc, à notre échelle, travailler à la restauration des récifs coraliens, et on a commencé avec un premier récif artificiel au large de Corfou, en Grèce. Les résultats ont été impressionnants puisqu'en l'espace de 3 mois, les hippocampes sont revenus alors qu'on ne les avait pas vus dans la région depuis plus de 15 ans. On était hyper fiers de ce résultat, et étant tous originaires d'Alsace, en revenant à Strasbourg pour parler de ces résultats, on s'est vraiment heurtés à un mur. On nous a dit que personne ne savait ce qu'était le corail, qu'on était trop loin de l'océan pour traiter des questions ici, à Strasbourg. Et c'est là que notre mission a commencé. On s'est dit qu'on devait impulser cette connaissance de la nécessité de préserver nos océans.

Euradio : Mais justement, comment vous agissez pour les océans depuis Strasbourg, alors que la première mer est à plusieurs centaines de kilomètres ? 

Octop'us : C'est là tout l'enjeu. Pour transmettre nos connaissance et ce qu'on avait amassé sur le terrain, il fallait être ludique et déculpabilisant. On propose donc des animations et du contenu accessibles. On pense vraiment que la protection des océans et de l'environnement en général, ça doit être la norme. Puisque si on prend un peu de recul, on voit émerger des thématiques comme les réfugiés climatiques, qui vont être une problématique à laquelle il va bien falloir se confronter. Et ici à Strasbourg, on trouvait important que la capitale européenne se saisisse de ces questions. Le fait de ne pas avoir été bien reçu au début nous a conforté dans l'idée que c'était nécessaire d'implanter une ONG de protection des océans ici. La façon dont on amène la question de la protection des océans dans une ville qui en est éloignée, c'est justement grâce à des activités déculpabilisantes et ludiques. Aussi, pour nous rapprocher des problématiques de notre territoire, on s'est dit qu'on allait s'attaquer aux causes de la destruction des récifs coraliens : la pollution plastique et la pollution aux hydrocarbures. 

Euradio : Ces deux types de déchets, vous les traitez ici ? 

Octop'us : Oui, grâce à notre Octo'labo, un laboratoire d'expérimentation qui permet de comprendre comment garder la main sur le recyclage de nos déchets. On a donc des machines low tech pour donner une seconde vie aux déchets plastiques. Mais pas seulement, on traite aussi d'autres types de déchets, qu'ils soient textiles ou capillaires. Pour les déchets plastiques, on leur donne donc une seconde vie, et pour la pollution aux hydrocarbures, on la traite en transformant les déchets capillaires (cheveux et poils d'animaux) en filtre. Puisque 1kg de déchets capillaires peut absorber jusqu'à 8 litres d'hydrocarbure, et ces filtres sont réutilisables. Ça fonctionne comme une éponge. Ça a été notre moyen d'éveiller les consciences sur les récifs coraliens et de proposer des solutions pour comprendre les causes de pollution, avec des solutions qui peuvent être appliquées au niveau local, puisqu'évidemment la pollution plastique et la pollution aux hydrocarbures, elle n'est pas uniquement dans les océans. A ce titre, on le sait peu, mais 100 % de la pollution est produite à terre et 80 % des déchets plastiques qu'on retrouve dans les océans sont issus des cours d'eau, fleuves et rivières. Donc finalement, plus on est loin des mers et des océans, plus on a une responsabilité, parce qu'on ne va pas forcément être confrontés à l'écosystème marin et y être sensible. 

Euradio : Vous êtes donc installés à Strasbourg, mais est-ce que vous avez tissé des partenariats avec d'autres structures en France ou en Europe ? 

Octop'us : Nous avons commencé notre action avec des ramassages de déchets et à ce titre, on compte beaucoup de partenaires, notamment à Marseille,= ou à La Rochelle. Au niveau européen et international, notre réseau est encore plus important. On travaille avec 43 pays et plus de 300 partenaires, et pas uniquement sur les thématiques d'écologie et de préservation du vivant. On envoie par exemple des jeunes en mobilité, avec Erasmus, auprès de ces partenaires et dans ces différents pays. En fait, on part du principe que l'on envoie un ambassadeur d'Octop'us. Il y a en ce moment une jeune qui est en mobilité en Arménie sur le thème de la danse comme vecteur d'expression. Ça reste bien sûr bien éloigné de ce qu'on fait à Octop'us, mais c'est là toute notre ambition : sensibiliser des personnes qui ne sont pas forcément intéressées par ces thématiques. Et avec des ambassadeurs de l'association dans d'autres pays, ça donne l'occasion de fédérer davantage de personnes, ou en tout cas, d'informer sur les solutions et sur l'objet social d'Octop'us. 

Interview réalisée à Strasbourg par Lolla Sauty-Hoyer.