Une semaine sur deux sur euradio, retrouvez la chronique « Consommateurs européens » présentée par Elphège Tignel du Centre Européen des Consommateurs France.
Vous nous parlez aujourd’hui d’un nouveau mode de paiement en ligne : le paiement fractionné ou « buy now pay later ».
Pour encourager les achats en période d’inflation, de plus en plus de vendeurs en ligne, français comme européens, proposent des solutions de paiement plus souples à leurs clients. Parmi elles, le paiement fractionné ou « Buy Now, Pay Later ».
Son principe est simple : le vendeur en ligne confie la gestion du paiement des commandes à des établissements financiers intermédiaires, français ou étrangers. L’intermédiaire règle immédiatement le prix de la commande au vendeur, moyennant une commission. Il se charge ensuite de récupérer l’argent, en plusieurs fois, sur le compte lié à la carte bancaire du client.
Si cette option est très attractive pour le consommateur qui peut acheter tout de suite et payer en 3 ou 4 fois, sans frais, elle peut toutefois lui coûter cher.
Quel est le risque du paiement fractionné ?
La simplicité d’accès à ce nouveau mode de paiement en ligne renforce le risque de surendettement des consommateurs, notamment ceux aux revenus les plus faibles.
Bien qu’assez similaire à un crédit à la consommation, le paiement fractionné n’est pas soumis à ses règles protectrices.
Donc la solvabilité de l’acheteur n’est pas contrôlée avant la commande. Et les pénalités de retard, en cas de défaut de paiement, ne sont pas plafonnées.
Comment faire pour que ce mode de paiement soit considéré comme un crédit à la consommation ?
Il faut réviser la directive relative aux crédits aux consommateurs !
C’est d’ailleurs ce que l’Europe compte faire. Une proposition de la Commission européenne est en cours d’adoption par le Conseil de l’UE et le Parlement. Elle élargit considérablement le champ des produits qui devront obéir à des règles plus strictes en matière de crédit. Et cela inclut notamment les crédits de moins de 200 € et les crédits de type « Buy now pay later » ou, en bon français, "Acheter maintenant, payer plus tard".
D’ici là, quels conseils donner à celles et ceux qui sont tentés par cette solution de paiement ?
Tout d’abord, ça va sembler un peu brutal, mais il ne faut pas souscrire cette option si c’est le seul moyen de payer la commande ! Mieux vaut, dans ce cas-là, reporter son achat.
Ensuite, il faut se renseigner sur l’intermédiaire financier. Il joue un rôle central puisqu’il est en charge du paiement de la commande au vendeur et de récupérer l’argent auprès du consommateur. Donc se poser les bonnes questions est essentiel. Est-ce un établissement financier sérieux ? Comment le contacter en cas de difficulté de paiement ? Et surtout quels sont les frais appliqués en cas de défaut de paiement ?
Payer en plusieurs fois sa commande, est une chose, la recevoir en est une autre. Est-ce qu’il est possible d’interrompre le paiement fractionné en cas de non livraison par exemple ?
Non. Ce n’est pas l’intermédiaire qui perçoit l’argent qui est responsable de la commande, c’est toujours le vendeur en ligne. C’est lui qu’il faudra contacter en cas de non livraison ou de produit reçu non conforme
Si aucune solution n'est trouvée avec le vendeur, il peut être judicieux de contacter quand même l’intermédiaire qui gère le paiement de la commande et peut-être également son remboursement.
Et si aucune solution n’est trouvée avec le vendeur ou l’intermédiaire de paiement ?
Il reste la procédure de chargeback. Cette procédure est peu connue en France par rapport aux autres pays européens, et ne fonctionne pas toujours. Mais c’est une garantie offerte par les émetteurs de carte bancaire. Elle permet d’obtenir, via sa banque, le remboursement des sommes versées.
Et puis, pour une dernière tentative amiable, si le vendeur est basé dans un autre pays de l’UE, en Islande ou en Norvège, il reste toujours la possibilité de contacter gratuitement le Centre Européen des Consommateurs France.
Entretien réalisé par Laurence Aubron.