L'éco de Marc Tempelman

L’investissement en armement

Photo de Dan Galvani Sommavilla - Pexels L’investissement en armement
Photo de Dan Galvani Sommavilla - Pexels

Chaque semaine sur euradio, retrouvez Marc Tempelman, le cofondateur de l’application d’épargne gratuite Cashbee, qui traite les sujets et les actualités de la finance.

Bonjour Marc, nous allons discuter aujourd’hui du secteur de la défense et de l’armement en Europe, qui attire un intérêt grandissant des investisseurs. Qu'est-ce qui motive cet intérêt soudain ?

La géopolitique est un facteur clé. Les tensions en Europe de l'Est, notamment le conflit en Ukraine, ont poussé les pays européens à réévaluer leurs priorités. Mais il y a aussi une pression très forte exercée par les États-Unis. Donald Trump et son gouvernement insistent pour que l'Europe assume une plus grande part de sa propre défense. Selon lui, c'est à l'Europe de prendre en charge sa propre sécurité.

Est-ce un changement de cap important ?

Absolument. Pendant des décennies, de nombreux pays européens se sont reposés sur la protection américaine. Regardez les chiffres : de 1999 à 2021, les dépenses de défense des pays de l'Union européenne n'ont augmenté que de 20%, alors que la Russie a vu les siennes grimper de 292% et la Chine de 592% sur la même période ! Le nombre de chars en Europe a chuté de près de 19 000 à moins de 5 000. Le réveil est brutal.

Est-ce une tendance qui est là pour durer, selon vous ?

Les engagements pris par différents pays européens sont un signe fort. Le Royaume-Uni, par exemple, s'est engagé à augmenter ses dépenses de défense à 2,5% de son PIB. La Pologne est déjà à près de 5%. En France, le Président parle de faire appel à l’épargne pour financer des investissements considérables dans le domaine. On peut donc s'attendre à ce que les entreprises de défense bénéficient de commandes accrues et d'investissements significatifs dans les années à venir.

Si un auditeur souhaite investir dans ce secteur, quelles sont ses options ?

Il y a plusieurs approches possibles. L'une d'elles consiste à investir directement dans des actions d'entreprises du secteur de la défense. Airbus, Thales, BAE Systems, Rheinmetall, Saab, Dassault Aviation... Ce sont des noms bien connus. Airbus, par exemple, tire 20% de son chiffre d'affaires du secteur de la défense. Dassault Aviation, avec son avion Rafale, a connu un succès notable à l'export.

Et si on souhaite investir dans un panier de sociétés actives dans le secteur, afin de diversifier son placement ?

Alors vous pouvez investir dans des fonds indiciels cotés, ou ETF, spécialisés dans le secteur de la défense. Ces fonds détiennent un panier d'actions d'entreprises de défense, ce qui permet de diversifier votre exposition. L'ETF "Future of Defence" proposé par HanETF est un exemple. Il est en hausse de 16% depuis le début de l'année.

Quels sont les risques à prendre en compte avant d'investir dans ce secteur ?

Il y a plusieurs facteurs à prendre en compte. Premièrement, les entreprises ont souvent une activité civile à côté de son activité militaire. Un investissement en Airbus ou en Dassault Aviation n’est donc pas un placement “pur” défense. Deuxièmement, les entreprises de défense sont fortement dépendantes des budgets gouvernementaux, qui peuvent fluctuer en fonction des priorités politiques. Aujourd’hui le sentiment d’urgence est très fort, et le besoin de rattraper le retard significatif. Mais les choses peuvent changer.

Pour finir, l'investissement dans le secteur de la défense soulève également des questions éthiques. Comment les aborder ?

C'est une question essentielle. L'industrie de l'armement a un impact environnemental significatif. De plus, elle est liée à des conflits, ce qui peut poser des problèmes de conscience à certains investisseurs. Il n'y a pas de réponse simple. Certains investisseurs choisissent d'éviter complètement le secteur de la défense. D'autres estiment que l'investissement dans la défense est nécessaire pour protéger la paix, nos valeurs démocratiques et la sécurité. C'est une question de valeurs personnelles.

Un entretien réalisé par Laurence Aubron.