Chaque semaine sur euradio, retrouvez Marc Tempelman, le cofondateur de l’application d’épargne gratuite Cashbee, qui traite les sujets et les actualités de la finance.
Bonjour Marc, de quoi allons-nous parler aujourd’hui ?
Bonjour et bonne année à tous. Je souhaitais aujourd’hui discuter avec vous des récentes décisions de grandes institutions financières américaines de se retirer d'initiatives climatiques.
Il s’agit d’un mouvement récent et significatif dans le secteur financier américain. BlackRock, le plus grand gestionnaire d'actifs au monde, vient d'annoncer son retrait de la Net Zero Asset Managers Initiative (NZAM). Cette décision fait suite au départ des six plus grandes banques américaines de la Net-Zero Banking Alliance (NZBA) au cours des dernières semaines.
Quelles sont les raisons invoquées pour ces retraits ?
BlackRock a cité la "confusion" créée par son adhésion et les "procédures judiciaires" engagées par diverses autorités publiques. Plusieurs États américains républicains ont retiré l’argent des fonds de pensions de Blackrock estimant que les efforts du gérant en matière de protection de l’environnement nuisaient aux activités pétrolières de leurs États.
Les banques, quant à elles, n'ont pas toutes donné de raisons précises, mais il est important de noter que ces décisions interviennent dans un contexte politique particulier, avec l'élection récente de Donald Trump à la présidence des États-Unis. Or Trump est un climato-sceptique notoire.
Quel impact ces retraits pourraient-ils avoir sur les efforts de lutte contre le changement climatique ?
C'est une préoccupation majeure. Ces alliances visaient à aligner les activités financières avec l'objectif de neutralité carbone d'ici 2050. Le retrait de ces acteurs majeurs signifie une réduction de leurs engagements en faveur du climat. Or les institutions financières américaines sont parmi les plus grandes du monde et leur désengagement a donc un impact proportionnellement démesuré.
Comment expliquez-vous ce revirement, alors que ces institutions avaient pris des engagements forts il y a quelques années ?
Il y a plusieurs facteurs à considérer. D'une part, ces institutions font face à des pressions politiques accrues, notamment de la part des républicains qui critiquent ce qu'ils appellent le "woke capitalism".
D'autre part, les institutions américaines s’inquiètent des implications juridiques et réglementaires de ces engagements. Est-il légal de privilégier les entreprises vertueuses, en défavorisant celles qui ne le sont pas ? Enfin, est-il judicieux de se mettre à dos le nouveau président entrant, qui menace ouvertement ses ennemis de mesures punitives ?
Pour conclure, que pensez-vous de l'avenir de la finance durable aux États-Unis ?
L'avenir est incertain. Ces retraits marquent un recul certain, mais il est important de noter que de nombreuses institutions maintiennent leurs engagements. Elles évoluent sur un crête étroite, car il ne faut pas oublier que de nombreux clients et investisseurs exigent que leurs banques contribuent à la transition énergétique. Ces mêmes clients et investisseurs se soucient de là où leur épargne est investie, comme nous le constatons tous les jours chez Cashbee. La pression des investisseurs et des consommateurs pour une finance plus responsable ne va probablement pas disparaître.
L'enjeu sera de voir comment ces institutions équilibreront les pressions politiques, les risques juridiques et les demandes du marché pour une finance plus durable.
Un entretien réalisé par Laurence Aubron.