Chaque semaine sur euradio, retrouvez Marc Tempelman, le cofondateur de l’application d’épargne gratuite Cashbee, qui traite les sujets et les actualités de la finance.
Bonjour Marc, de quoi allons-nous parler aujourd’hui ?
Bonjour. Je souhaitais aujourd’hui discuter avec vous de la récente décision de Moody's de dégrader la note de crédit de la France. En effet, cette agence de notation a abaissé la note de crédit à long terme de la France de Aa2 à Aa3. Concrètement, cela signifie que l'agence estime que la capacité de la France à rembourser sa dette s'est détériorée, même si elle reste à un niveau relativement élevé. Cette décision reflète les inquiétudes de Moody's concernant la stabilité politique et la capacité du gouvernement à réduire le déficit public.
Quelles sont les principales raisons invoquées par Moody's pour justifier cette décision ?
Moody's cite principalement l'instabilité politique comme facteur clé de sa décision. L'agence estime qu'il y a une très faible probabilité que le prochain gouvernement parvienne à réduire durablement les déficits budgétaires au-delà de l'année prochaine. Elle prévoit que les finances publiques de la France seront matériellement plus faibles au cours des trois prochaines années par rapport à leurs prévisions d'octobre 2024.
Pour parler franc, elle ne pense pas que les partis politiques pourront s’accorder sur des mesures, selon elle nécessaires, pour sérieusement réduire le déficit budgétaire.
Quelles pourraient être les conséquences de cette dégradation pour la France ?
Cette décision pourrait exercer une pression supplémentaire sur la dette publique française. Les coûts d'emprunt à 10 ans de la France ont déjà dépassé 3% cette année, et l'écart avec les taux allemands est à son plus haut niveau depuis la crise de la dette de la zone euro. De plus, cela met une pression accrue sur le nouveau gouvernement de François Bayrou pour qu'il prenne des mesures rapides et efficaces pour redresser les finances publiques.
Comment le gouvernement français a-t-il réagi à cette annonce ?
Le ministre des Finances sortant, Antoine Armand, a déclaré "prendre acte" de la décision de Moody's. Il a souligné que la nomination de François Bayrou comme Premier ministre et la volonté réaffirmée de réduire le déficit apportent une réponse explicite à cette dégradation. M. Bayrou lui-même a déclaré dans son discours d'acceptation qu'il ferait de la réduction de la dette une priorité.
Quelles sont les perspectives pour les finances publiques françaises selon Moody's ?
Moody's ne fait clairement pas totalement confiance à ces déclarations de bonnes intentions. Elle prévoit que le déficit de la France atteindra 6,3% en 2025 avant de diminuer progressivement à environ 5,2% en 2027. L'agence estime également que le ratio de la dette nationale par rapport au PIB augmentera de 113,3% en 2024 à 120% en 2027. Ces projections soulignent l'ampleur du défi auquel le nouveau gouvernement est confronté.
Pour conclure, quels sont les défis immédiats auxquels le nouveau Premier ministre François Bayrou est confronté ?
Le défi immédiat de Bayrou sera de faire adopter par le Parlement une loi budgétaire d'urgence pour éviter une interruption des services gouvernementaux jusqu'à ce qu'un nouveau budget puisse être adopté l'année prochaine. À plus long terme, il devra naviguer dans un paysage parlementaire fragmenté pour mettre en œuvre des réformes visant à réduire le déficit et la dette, tout en stimulant la croissance économique. Il va sans dire qu’il s’agit d’un équilibre délicat et d’une équation complexe …
Un entretien réalisé par Laurence Aubron.