L'éco de Marc Tempelman

Le coût de nos émotions - L’éco de Marc Tempelman #9

Le coût de nos émotions - L’éco de Marc Tempelman #9

Nous accueillons Marc Tempelman, un des co-fondateurs de la FinTech Cashbee, qui aide les Européens à épargner plus et mieux. Nous discutons toutes les semaines de finance. Au programme cette semaine: les effets de nos émotions sur notre épargne.

Je vous propose de parler de nos émotions et des effets néfastes que celles-ci peuvent avoir sur le rendement de notre épargne. Car quand il s’agit d’argent, nos sentiments sont souvent notre pire ennemi.

Ah bon ? Comment ça ?

L’instinct humain nous fait prendre des mauvaises décisions, notamment quand les choses vont mal. Permettez-moi de vous donner trois exemples :

Premièrement, nous détestons admettre que nous nous sommes trompés. En matière d’investissement, cela peut s’avérer coûteux puisque ce biais psychologique nous conduit à garder des mauvais investissements trop longtemps.

Deuxièmement, nous faisons confiance et nous aimons ce qui nous entoure. Nous nous méfions de ce qui est plus loin, et moins connu. Ce biais de la familiarité nous pousse à privilégier des placements dans les sociétés dont on connaît la marque, dont on consomme les produits. Ce n’est pas idiot en soi, mais si on s’arrête là, on réduit la diversification de nos placements et on risque de passer à côté de belles opportunités.

Enfin, l’être humain donne beaucoup trop de poids aux événements récents que nous avons tendance à extrapoler sur le long terme. Ce biais psychologique s’appelle le biais de récence. Et il fait que quand les marchés baissent, nous avons tendance à penser qu’ils vont continuer à baisser pour toujours.

Aïe. Je vois bien que la combinaison de ces facteurs peuvent-nous faire faire des bêtises.

Oui, surtout que ces trois moteurs psychologiques se combinent avec le besoin instinctif pour l’humain de passer à l’action face au danger, qu’il soit perçu ou réel. Cet instinct fondamental de vouloir nous protéger, nous pousse à agir, avec la volonté de prendre le contrôle de la situation. En termes d’investissement, cela peut être désastreux. Car cet instinct nous pousse à vendre une partie ou la totalité de nos placements au pire des moments, pour nous soulager du sentiment d’anxiété ou même de panique qui nous envahit quand les marchés baissent.

Donc on vend au plus bas et on passe à côté de la remontée des prix, quand les marchés repartent à la hausse, c’est ça ?

Oui, car la pression psychologique est grande. Surtout que nous avons tous aujourd’hui la possibilité de suivre les cours de bourse en direct, via de nombreuses applis ou à la télévision. Et plus on consulte notre appli, plus nous sommes enclins à prendre des décisions impulsives.

Ces mauvaises décisions nous coûtent combien ?

Une analyse récente, menée par la société Oxford Risk démontre que les épargnants perdent en moyenne 3% par an à cause de décisions prises sous l’effet de l’émotion. Et ce taux monte à 7% en périodes de tensions élevées, quand les marchés corrigent fortement.

Alors comment peut-on se protéger contre ces impulsions ? Comment rester aussi rationnel que possible dans la gestion de nos placements ?

Ce n’est pas facile, mais quelques pratiques simples peuvent nous aider. 

Tout d’abord, il est utile de se souvenir du raisonnement qui nous a conduit à faire tel ou tel investissement. Notamment avant de vendre ! Imaginons que vous ayez acheté des actions Nike parce que vous pensiez que ce leader du sportswear allait continuer à réaliser des profits importants en bénéficiant d’une image de marque exceptionnelle. Est-ce que cette thèse d’investissement a fondamentalement changé avec l’apparition du COVID ?

Mieux, mettez les raisons qui vous poussent à vouloir vendre, sur papier. Si les idées ne viennent pas ou sont incohérentes, vous êtes probablement en train d’agir de façon impulsive.

Cette rédaction vous impose par ailleurs un temps de réflexion. Et c’est bien la meilleure façon pour ne pas céder aux émotions.

Une technique efficace sur ce plan consiste à ne regarder les cours de bourse que le samedi. Cela réduit le biais de récence et élimine la possibilité d’exécuter des ordres de bourse immédiatement, car les marchés sont fermés le weekend. 

Et si tout cela me fait peur, et que j’ai quand même envie de faire travailler mon épargne à long terme, sur les marchés financiers ?

Pas de honte à avoir. Vous faites partie de la grande majorité, pour qui la gestion de l’épargne est surtout une corvée administrative, générateur de stress. Sachez que la gestion pilotée a été inventée pour vous. En gestion pilotée, l’épargnant confie son épargne longue à des experts qui la placent pour lui. Mais ces experts ne peuvent pas faire ce qu’ils veulent. Les gestionnaires doivent tenir compte de votre appétit pour le risque, votre horizon de placement et votre aisance en finance. Ils doivent aussi tenir compte de vos préférences et convictions.

Ainsi, chez Cashbee, nos épargnants peuvent dorénavant placer leur épargne sur des supports investis selon les thématiques, comme de la lutte contre le réchauffement climatique, l’inclusion sociale ou encore la tech.

En gestion pilotée, l’épargnant combine la recherche la rentabilité, et la possibilité de donner un sens à son épargne, tout en déléguant la gestion de son portefeuille à des gérants professionnels. 

crédits photo: Alexas_Fotos