L'éco de Marc Tempelman

L'Europe bat les États-Unis en bourse

Photo de Anna Nekrashevich - Pexels L'Europe bat les États-Unis en bourse
Photo de Anna Nekrashevich - Pexels

Chaque semaine sur euradio, retrouvez Marc Tempelman, le cofondateur de l’application d’épargne gratuite Cashbee, qui traite les sujets et les actualités de la finance.

Bonjour Marc, nous allons discuter aujourd’hui de la performance des actions européennes depuis le début de l'année. Pouvez-vous nous donner un aperçu de la situation actuelle ?

Bonjour. Effectivement, les actions européennes connaissent un excellent début d'année 2025. L'indice Stoxx Europe 600 a progressé de 6,6% depuis le 1er janvier, ce qui représente sa meilleure performance mensuelle depuis deux ans. C'est nettement supérieur à la performance du S&P 500 américain, qui n'a gagné que 3,2% sur la même période. Sans parler du Topix Japonais qui n’a à peine progressé depuis le début de l’année.

C'est impressionnant. Comment expliquez-vous cette surperformance des actions européennes par rapport aux autres marchés ?

Plusieurs facteurs entrent en jeu. Tout d'abord, les craintes concernant les droits de douane américains se sont un peu atténuées. Or, l'Europe exporte beaucoup vers les États-Unis.

Ensuite, nous observons une rotation des investisseurs qui délaissent les valeurs technologiques américaines, très chères, au profit d'actions européennes dans des secteurs défensifs et stables comme les banques, la pharmacie et le luxe.

Donc la surperformance des valeurs européennes est aussi un peu une histoire de sous-performance du marché américain ?

En quelque sorte. N’oublions pas que le marché américain est aujourd’hui très concentré. Les 7 mastodontes de la tech, qu’on appelle aussi les 7 magnifiques représentent près de 30% de l’indice S&P 500 à elles seules. Or parmi ces valeurs de la tech qui ont tiré la bourse américaine durant ces dernières années, Nvidia, le fabricant de puces, a dégringolé de 10% en bourse.

Pourquoi ce titre phare a autant corrigé la semaine dernière ?

Nvidia fournit des puces électroniques ultra-performantes (et donc très coûteuses) aux grands acteurs comme Microsoft, Meta, ChatGPT et Google qui en ont besoin pour développer leur modèles d’Intelligence Artificielle, à coups de milliards. La semaine dernière un acteur chinois DeepSeek a surpris le marché en publiant un moteur de recherche IA puissant, produit sans investissements massifs en puces électroniques. Cela a fait craindre une baisse de la demande pour les puces de Nvidia.

Toujours est-il que le marché actions américain a grimpé dans son ensemble. C’est juste que les marchés actions européens ont grimpé plus.

Ces performances sont-elles surprenantes compte tenu du contexte économique en Europe ?

Cela peut en effet surprendre. Car l'économie de la zone euro peine à se remettre de la hausse des prix de l'énergie et de l'alimentation suite à l'invasion de l'Ukraine par la Russie. Les données récentes montrent même une stagnation au quatrième trimestre 2024. En outre, la situation politique reste complexe en France comme en Allemagne, les deux grandes économies de la zone Euro. Cependant, les investisseurs anticipent de nouvelles baisses de taux par la BCE, ce qui soutient les marchés actions.

Pour conclure, pensez-vous que cette tendance positive va se poursuivre pour les actions européennes ?

Il est toujours difficile de prédire l'avenir, mais plusieurs éléments jouent en faveur des actions européennes. Leurs valorisations restent attractives par rapport aux actions américaines. De plus, si les

inquiétudes concernant l'inflation resurgissent aux États-Unis, cela pourrait encore renforcer l'attrait des actions européennes.

Un entretien réalisé par Laurence Aubron.