L'éco de Marc Tempelman

Les inégalités et le coefficient de Gini

Les inégalités et le coefficient de Gini

Chaque semaine sur euradio, retrouvez Marc Tempelman, le cofondateur de l’application d’épargne gratuite Cashbee, qui traite les sujets et les actualités de la finance.

De quoi allons-nous parler aujourd’hui ?

Je vous propose de vous parler des inégalités dans le monde aujourd’hui, et plus particulièrement de l’indice Gini qui mesure spécifiquement les inégalités de revenus et de patrimoine.

Un sujet d’actualité en effet. Comment fonctionne cet indice Gini ?

Le coefficient de Gini varie entre 0 et 1. Zéro correspond à une égalité parfaite, alors qu’un score d’un, indique une inégalité extrême, où sur une population donnée, une seule personne gagnerait la totalité des revenus. Donc si la moitié des personnes les plus modestes n'avaient pas de revenu et que les 50 % les plus aisés se répartissent les revenus restants de façon égale, alors le coefficient de Gini serait égal à 0,5.

Quel est le niveau de cet indice pour la France, et comment a-t-il évolué ?

En France, l’INSEE vient de publier les statistiques pour l’année 2020. L’indice de Gini pour notre pays ressort à 0,29, ce qui est légèrement en dessous de la moyenne Européenne de 0,30. L’Espagne et l’Italie sont un peu moins égalitaires et affichent des indices de Gini aux alentours de 0,33.

Et contrairement à ce que l’on pourrait penser, cet indice est resté relativement stable, en France comme en Europe d’ailleurs. Ce qui n’est pas le cas partout dans le monde.

Où est-ce que les inégalités sont les plus fortes ?

L’Afrique du Sud-est le pays le plus inégalitaire au monde, avec un coefficient de Gini de 0,63. Mais il a récemment augmenté dans les pays anglo-saxons. Ainsi, de 2002 à 2022, le coefficient de Gini est passé de 0,38 à 0,40 aux US et de 0,36 à 0,37 au Royaume-Uni. Notez que déjà au départ, les indices de Gini de ces pays étaient largement au-dessus de celui constaté dans la zone euro.

L’accroissement des inégalités aux États-Unis peut s’illustrer de façon très parlante. La proportion du patrimoine national détenu par les 1 % des ménages les plus fortunés est passée de 30 à 34 % en vingt ans. Pour la zone euro, et sur la même période, les chiffres sont de 24 et 25 %.

Question naïve peut-être, mais est-ce que l'inégalité est une bonne ou mauvaise chose pour l’économie nationale ?

Selon certains chercheurs, les inégalités de revenus stimulent l’innovation et donc la croissance. Mais la majorité des économistes et les pouvoirs publics en France estiment que de trop grandes inégalités de revenus nuisent à la cohésion sociale et, de façon générale, à la croissance économique.

Comment les pays de la zone euro assurent-ils que les inégalités n’augmentent pas trop ?

À travers ce qu’on appelle la redistribution de la richesse, qui recouvre un ensemble de politiques publiques, budgétaires et fiscales. Pour faire simple, les impôts et cotisations prélevés servent à assurer des prestations sociales, comme les allocations chômage et les allocations logement par exemple.

Et c’est ce qui explique que l’impôt soit progressif et augmente avec le revenu du contribuable. En France, 70 % des recettes de l’impôt sur le revenu proviennent des 10 % des ménages les plus aisés. Et cette redistribution a bien lieu puisque, selon la Banque de France, 65 % des minimas sociaux bénéficient aux 10 % les moins aisés. La redistribution permet de réduire les écarts de revenus entre les catégories fortunées et populaires. Toujours selon la Banque de France, elle fait passer le nombre de Français vivant en dessous du seuil de pauvreté de 22 % à 14 %.

Le mot de la fin ?

Sur la simple base du coefficient de Gini, force est de constater que les inégalités n’ont pas augmenté en France. Pourtant le sentiment que les écarts se creusent reste fort et s’est peut-être même renforcé récemment. Je ne peux l’expliquer, mais c’est sans doute un facteur qui contribue au débat actuel sur l’évolution du système des retraites.

Entretien réalisé par Laurence Aubron.