Chaque semaine sur euradio, retrouvez Marc Tempelman, le cofondateur de l’application d’épargne gratuite Cashbee, qui traite les sujets et les actualités de la finance.
De quoi allons-nous parler aujourd’hui ?
Je souhaitais aborder un thème un peu technique aujourd’hui. Celui de l’investissement passif, c’est-à-dire la stratégie d’investissement par laquelle l’épargnant·e cherche à tout simplement répliquer l’évolution d’un indice boursier donné.
Très bien. Comment un·e épargnant·e peut-il copier la performance d’un indice donné comme par exemple le CAC40, représentant les 40 plus grosses entreprises françaises, cotées à la bourse de Paris ?
Dans un lointain passé, cela aurait été très compliqué. Car pour répliquer un indice “à la main”, il aurait d’abord fallu disposer de beaucoup d’argent pour pouvoir acheter toutes les actions entrant dans l’indice. Une action LVMH vaut environ 800 euros, et celle de l’Oréal un peu moins de 400 euros aujourd’hui. Ensuite, il aurait fallu passer ses journées à faire des ajustements pour suivre les évolutions de l’indice, au gré des variations des cours des actions qui la composent.
Mais tout cela a été rendu très facile avec l’introduction de fonds spécifiquement créés pour ne faire qu’une chose : répliquer le plus fidèlement possible la performance d’un indice donné. Ce type de fonds est d’ailleurs communément appelé un “tracker”.
Quels sont les avantages pour un·e épargnant·e d’investir dans ces “trackers” ?
Ils sont nombreux. D’abord, ils vous permettent d’accéder à un portefeuille diversifié avec peu de moyens. Car les trackers sont accessibles dès quelques centaines d’euros typiquement, et en investissant dans le tracker CAC40 vous vous exposez à 40 sociétés financières. Un tracker S&P 500 vous fait investir en 500 grandes entreprises américaines d’un coup.
Ensuite ces fonds passifs ne coûtent pas cher. Comme leur gestion est effectuée par des ordinateurs qui appliquent des algorithmes afin de suivre l’indice, les frais de gestion sont typiquement largement inférieurs aux fonds dits actifs, gérés par des professionnels de l’investissement.
Surtout que dans la pratique, peu de ces gestionnaires expert·es arrivent à battre ces indices via leurs stratégies dites “actives” pendant plusieurs années de suite.
Je sens qu’il y a un mais.
Oui. Ces stratégies passives ont été très populaires pendant les 15 dernières années. Or, il se trouve que cette période fut caractérisée par un facteur universel : des taux d’intérêt ultra bas et une abondance de liquidités, injectée par les banques centrales. Dans un tel contexte, la marée montante a effectivement élevé tous les navires. Toutes les classes d’actifs - les actions, les obligations, les crypto-devises - ont bénéficié de fortes tendances haussières. Dans un tel environnement les fonds passifs, copiant le marché, marchent très bien.
Or, la situation a bien changé. L’inflation et les taux d’intérêts sont en hausse, la tension géopolitique élevée …
Exactement. Et c’est là où la capacité des professionnel·les de sélectionner les entreprises qui résisteront à une possible récession et à éviter les placements dans des pays ou des secteurs qui risquent de souffrir le plus dans un monde plus incertain et volatil, peut à nouveau faire la différence.
L’investissement passif a fait ses preuves dans un contexte de stabilité et de hausse quasi-constante des marchés financiers. Mais maintenant que les conditions de marché sont beaucoup plus complexes à lire, il est possible que la gestion “active” regagne des parts de marché.
Entretien réalisé par Laurence Aubron.