Jeanne Gohier est analyste sur la finance du climat chez Fideas Capital, qui propose aux Européens d’investir « Smart for Climate », c’est-à-dire de prendre en compte les enjeux du réchauffement climatique dans leurs placements.
On voit apparaître beaucoup de sites et de plateformes pour calculer sa trace carbone personnelle. Comment est-ce que cela se passe ?
En effet, il existe de plus en plus d’outils pour calculer notre impact individuel sur la planète. Je vous recommande celui sur le site de l’ADEME, l’agence de la transition écologique en France. Elle a mis en place un outil très simple que vous pouvez retrouver sur un site internet. Sur ce site, vous indiquez l’ensemble de vos habitudes et gestes quotidiens : vos transports, votre alimentation, votre logement (comment vous vous chauffez notamment), votre utilisation du numérique. Un calcul permet de déterminer l’impact que vous avez sur une année. C’est très simple à faire et très rapide, une vingtaine de minutes au maximum.
Mais alors comment est-ce qu’elles fonctionnent et quel en est l’intérêt ?
Le calcul de l’empreinte carbone se fait avec une base de données, qui contient les émissions moyennes des activités du quotidien : combien vous émettez lorsque vous mangez 100g de steak haché, ou les émissions liées au chauffage de votre maison (ce chiffre varie selon la superficie, le chauffage à l’électricité, au gaz). Vous pouvez ainsi faire une estimation (plus ou moins précise, en fonction du niveau de détail avec lequel vous précisez vos activités) de vos émissions.
L’estimation de l’empreinte carbone a un intérêt fort : cela permet de connaître l’impact personnel et d’établir un ordre de priorité dans les efforts que l’on peut faire, notamment mettre en évidence des démarches simples qui ont beaucoup d’impact. Aujourd’hui, un français émet en moyenne 11.5 tonnes d’équivalent CO2 par an ; pour essayer d’atteindre la neutralité carbone en 2050 et respecter les Accords de Paris, il faut viser moins de 2 tonnes d’équivalent CO2 par an.
Ces outils ont cependant un inconvénient : ils ne prennent pas en compte l’empreinte carbone de notre épargne.
L’empreinte carbone de l’épargne est-elle vraiment déterminante pour notre bilan personnel ?
Oui, elle est même très importante, car pour vous donner un chiffre, 35 000 euros placés sur un plan d’épargne en actions quelconque, sans vraiment faire attention à l’impact climat, c’est l’équivalent en termes d’émissions sur une année à celles d’une famille avec deux enfants. En épargnant sur un PEA quelconque, vous devenez propriétaires d’actions, donc vous allez financer un ensemble d’entreprises, sans privilégier celles qui font un effort pour réduire leurs émissions.
Mais alors comment réduire l’empreinte carbone de l’épargne ?
La réponse est très simple : il faut bien placer son argent, en faisant attention à l’impact de l’épargne sur le climat. Cela s’appelle l’épargne responsable, et elle a pris un véritable essor ces dernières années. En choisissant avec attention le type de compte sur lequel vous placez votre épargne, vous pouvez réduire de manière significative la trace carbone de votre argent. Par ailleurs vous pouvez continuer de financer l’ensemble de l’économie, pour éviter de « tuer » certains secteurs tout en diminuant l’empreinte carbone de votre portefeuille.
Est-il plus important de bien placer son épargne ou de faire ces efforts du quotidien que l’on connaît de plus en plus pour réellement diminuer notre empreinte carbone ?
Je dirais les deux : l’action personnelle et l’action par l’épargne se complètent, la seconde d’ailleurs n’est pas un effort car elle n’est pas coûteuse : vous ne perdrez pas d’argent en allant financer les entreprises qui participent activement à la transition bas-carbone ; au contraire, nous croyons que ça ajoute même un peu de rentabilité.
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