Toutes les semaines, la chronique « L’Europe, le monde, la paix » donne la voix sur euradio à l’un des membres du collectif de chercheurs réunis dans UNIPAIX, le Centre d’Excellence Jean Monnet basé à Nantes Université.
Vous êtes chargée de mission pour le Centre Jean Monnet UniPaix, à Nantes, et vous avez organisé récemment un « Europathon » – vous voulez bien nous expliquer de quoi il s'agit ?
Ce joli néologisme renvoie à un marathon créatif, qui a eu lieu les 24 et 25 janvier à Nantes. L'idée était de rassembler des étudiants et étudiantes issus de différents programmes de Masters de Nantes Université, mais également du réseau d’universités européennes EUniWell, et de les faire travailler collectivement sur les conséquences du réchauffement climatique pour la paix civile en Europe
Vaste sujet !
Effectivement, mais nous avons resserré la réflexion sur quatre sous-thématiques qui nous paraissaient particulièrement pertinentes pour stimuler la créativité des participants :
Le bien-être en ville face aux événements climatiques extrêmes, la démocratie et l’Etat de droit en danger face aux populismes, les « déplacés climatiques » et les questions d’intégration qui y sont liées, et enfin la gestion des ressources naturelles et des « biens communs ».
Chaque groupe de travail devait choisir une thématique parmi les quatre, identifier une problématique concrète, puis élaborer une solution pour y répondre.
Des solutions à l’intention de qui au juste ?
A tous les acteurs de la paix civile en Europe ! A commencer par les collectivités territoriales qui seront en première ligne, mais aussi aux institutions européennes, au milieu associatif, aux ONG.
Nous avons d’ailleurs justement fait appel à des experts du terrain pour lancer les étudiants. Il y avait ainsi une représentante de l'ANVITA, l’Association Nationales des Villes et Territoires Accueillants, mais aussi trois agents de Nantes Métropole officiant dans les services d’Europe/international et de la transition écologique, un doctorant en droit de l’environnement membre d’ « Intérêt à agir », une association de juristes qui aide toute personne ou structure qui souhaiterait attaquer l’Etat pour écocide ou préjudice écologique, ainsi que l’attaché parlementaire d’un eurodéputé, spécialisé sur les questions de démocratie européenne.
En complément, les réflexions collectives ont été nourries par un apport de connaissances scientifiques pointues, sous forme de capsules vidéo sur chacune des sous-thématiques, réalisées par des chercheurs et chercheuses de Nantes Université. Franchement, il y avait de la substance.
Et le déroulement alors ? Vu les thématiques, les deux journées n'étaient pas de trop.
En effet, c’est court, mais c’est là tout le principe d’un marathon créatif : l’idée n’est pas d’aboutir à des solutions finalisées, mais à des prototypes qui lancent une dynamique de développement.
Le premier jour, les participants ont pris le temps de s’imprégner du sujet, d’échanger entre eux sur la direction à prendre, d’élaborer une première problématique générale.
Le deuxième jour, ils ont resserré leur problématique, puis acté et maquetté leur solution. Tout au long des deux jours, ils ont été accompagnés par des outils conçus par les animateurs de Sensipode, l’entreprise qui nous a aidés à organiser l’événement.
Comment avez-vous évalué les projets ?
Le jury, composé de scientifiques, d’élus et d’experts, notait la faisabilité du projet, son originalité, sa présentation et les maquettes proposées.
Et avez-vous été satisfaits des résultats ?
Globalement, oui.
Certains se sont carrément motivés à réformer la PAC, avec une vraie remise en question du système actuel et une réflexion très bien construite pour le rendre plus égalitaire. On ne peut nier que l’agriculture est un enjeu de paix civile. En revanche, leur proposition pêchait un peu sur le critère de faisabilité.
Les lauréats du premier prix ont inventé le « véto vert », incarné par des bus électriques qui sillonneraient les villes et campagnes européennes afin de porter des pétitions aux citoyens dès lors qu’une loi votée au parlement européen entrerait en contradiction avec la protection de l’environnement. Si 15% des citoyens européens répartis dans au moins deux tiers des pays membres signent la pétition, la loi doit obligatoirement être amendée et repasser par le vote.
Ils ont reçu un pass interrail pour voyager 4 jours en Europe sur un mois. Les deuxième et troisième prix étaient des cartes éthi’kdo pour leur permettre de s’offrir des objets durables.
Notre récompense à nous à été la sensibilisation réussie sur le lien toujours plus étroit entre transition écologique et paix civile en Europe, dont on a tous intérêt à anticiper la fragilité.
Merci beaucoup, Aziliz Leduc, et félicitations pour cette initiative pédagogique. Je rappelle que vous êtes chargée de mission pour le Centre Jean Monnet UniPaix.
Un entretien réalisé par Laurence Aubron.