Chaque jeudi sur euradio, le Think tank Sport et Citoyenneté propose un regard sur l’impact social du sport en Europe : handicap, gouvernance, égalité des genres, sédentarité, inclusion sociale… c’est aussi du sport !
Dans cette première série de chroniques, nous allons parler d'inclusion des réfugiés par le sport avec Clara Gauthier de Sport et Citoyenneté. Depuis 2012, le nombre de réfugiés a presque doublé dans le monde. En 2020 plus de 80 millions d'individus ont été forcés de se déplacer. L'Europe dans son ensemble est la région qui, numériquement, accueille le plus de migrants internationaux. Comment favoriser l'inclusion de ces nouveaux arrivants dans nos sociétés et nos réseaux de solidarité ?
Ce que vous décrivez a été considéré, dans la plupart des médias et dans les parties prenantes européennes, comme la crise migratoire. On peut commencer par s'interroger sur la validité de cette nomination. L'arrivée de ces populations déplacées n'est pas une crise en soit. La situation dramatique vient plutôt de leurs conditions d'arrivée, d'accueil et, bien sûr, d'inclusion.
Les institutions européennes et internationales ont désormais saisi la nécessité d'accueillir dignement les populations migrantes. Cela passe par une politique volontariste pour favoriser l'inclusion sociale des migrants internationaux. La Présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a d'ailleurs chargé différents commissaires européens d'œuvrer dans ce sens. Et le sport en fait partie. D'ailleurs ces dernières années les activités de l'UE, dans le domaine de l'utilisation pour l'inclusion sociale des réfugiés et des migrants, n'ont cessé de croître.
Les mesures prises sont peut-être nombreuses mais les challenges actuellement en Europe ne le sont-ils pas également ?
Oui, on le sait, la situation des réfugiés ici en Europe est plus difficile que jamais. Et faire du sport, un maillon important de la chaîne de l'inclusion sociale, est essentiel pour renforcer une identité européenne. Les restrictions prises pour limiter la propagation de la pandémie ont créé un manque d'interactions sociales qui étaient au cœur de l'inclusion des réfugiés en Europe, vivant pour la plupart dans des situations précaires. Il était difficile de mener des politiques d'inclusion par le sport en accueillant les réfugiés dans les entrainements sportifs avec les communautés locales, quand ces populations ne pouvaient pas quitter les centres d'accueil.
Pourquoi le sport est-il un bon facteur d'inclusion ?
C'est bien connu, les activités sportives permettent de créer un lien social. Et donc, les initiatives d'inclusion par le sport permettent aux réfugiés et aux migrants de créer des liens avec les habitants locaux, développer des liens sociaux, développer leur confiance en soi, s'adapter au milieu culturel de leur pays d'accueil, ou de transit, quand cela est le cas. Et à côté du sport, de nombreuses organisations proposent également des aides complémentaires, comme des formations linguistiques ou en les aidant dans les tâches administratives. Mais ce n'est pas tout, elles bénéficient aussi aux communautés locales qui s'enrichissent de la diversité, des talents, et des opportunités apportées.
Quelle est la clé d'un programme d'inclusion par le sport réussi ?
Il n'y a aucune garantie de réussite, le sport n'est jamais à lui seul suffisant. C'est juste une composante, dans un processus complexe, qui en comprend d'autres. Il doit avant tout y avoir une volonté des personnes qui les accueillent de leur donner de leur temps, de leur énergie. Mais d'un autre côté, il faut aussi que la volonté de s'intégrer vienne des populations accueillies. Dans ces situations, l'engagement de chacun et l'ouverture sur l'autre est la clé. Alors oui effectivement, il y a des barrières, des difficultés, dont les acteurs de la société civile font état ; comme par exemple l'absence de financements pérennes ou encore une certaine impuissance face aux barrières linguistiques et culturelles. Sans oublier la lutte contre les préjugés et les réactions de rejet au sein de la société d'accueil. Mais nous avons beaucoup de témoignages qui nous montrent le contraire, et une fois la première rencontre, la première appréhension passée, tout se passe très bien.
Clara Gauthier au micro de Laurence Aubron