Comme tous les lundis, les Jeunes européens de Strasbourg reviennent sur un des sujets qui font la Une de la presse européenne. Ce lundi 7 mars 2022, Agathe Vantard nous parle de la Suisse qui a quitté sa neutralité historique. L'occasion de revenir sur les origines de cette posture.
(Chronique enregistrée le vendredi 4 mars 2022)
Lundi 28 février, plusieurs jours après l’invasion de l’Ukraine par la Russie, le président de la confédération suisse a annoncé que son pays sortait de sa neutralité historique en se rangeant derrière l’Union européenne et ses sanctions. Peut-on parler d’un tournant Agathe ?
Oui, lundi dernier, lors d’une session du Conseil des droits de l’Homme à l’ONU, Ignazio Cassis, le président de la Confédération suisse, a annoncé reprendre toutes les sanctions mises en place par l’Union européenne à l’encontre de la Russie. Cette annonce a pu en surprendre quelques-uns. En effet, dans sa Constitution, la Suisse stipule clairement sa neutralité en cas de conflits. Le Conseil fédéral et l’Assemblée fédérale ont d’ailleurs la charge expresse de veiller à sa préservation. Sur le plan international, le pays fait partie, depuis 1815, des pays dits neutres, au même titre que la Suède par exemple. Ce statut a été officialisé par la conférence de La Haye en 1907 et prévoit un certain nombre de droits et devoirs. La Suisse n’a par exemple pas le droit de fournir des armes ou des mercenaires aux belligérants.
Mais il y a tout de même des exceptions à ce principe de neutralité.
En effet Wyloën. Lorsqu’Ignazio Cassis - qui est le président de la confédération suisse - prend la parole le 28 février devant le Conseil des droits de l’homme de l’ONU, il évoque « la plus violente rupture du droit international sur le sol européen, depuis la seconde guerre mondiale ». Or, la Convention de La Haye, qu'on a évoqué plus tôt, prévoit la levée de la neutralité lorsque les lois internationales ont été violées. En envahissant l’Ukraine, la Russie viole les traités internationaux. La Suisse peut donc légalement sortir de sa neutralité et envoyer des armes ou des mercenaires aux belligérants.
La Suisse peut donc agir.
Oui, mais dans ce pays qui fonctionne beaucoup par démocratie directe, l’opinion publique joue un rôle essentiel. L’invasion de l’Ukraine a poussé un grand nombre de Suisses dans la rue ces derniers jours. Plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées le 26 février à Genève, Bâle et Bellinzone en soutien au peuple ukrainien, selon le site d'information Swiss Info. Ils auraient même été près de 20.000 manifestants à Berne, selon les organisateurs du rassemblement.
La « neutralité ne veut pas dire indifférence », disait Ignazio Cassis dans son discours. Les Suisses demandent à ce que leur pays s’engage, leur pays s’engagera donc en soutenant les sanctions européennes.
Cependant ce revirement est à modérer Agathe.
Oui, car la Suisse ne fait et ne fera que suivre des mesures instituées par l’UE, et n’agira donc pas en son nom propre. C'est en tous cas le message qu'a souhaité faire passer le gouvernement suisse. Cela sera donc fait de manière très indirecte, et toutes les mesures seront suivies de près par le Conseil fédéral.