Comme tous les lundis, les Jeunes Européens de Strasbourg nous parlent d'un sujet de l'actualité européenne. Ce lundi 11 avril 2022, au lendemain du 1er tour de l’élection présidentielle en France, Johanna Schwartz revient sur l'Europe dans la campagne.
(Chronique enregistrée le 8 avril 2022)
Johanna, on se rend compte depuis quelques années déjà que les rêves des candidats et candidates ne concernent que très peu l’Union Européenne…
Alors, on peut voir les choses comme ça, étant donné que l'Europe n’a été que très peu évoquée dans les meetings ou les grandes allocutions des prétendants au pouvoir. On peut en déduire que c’est un sujet considéré comme mineur.
La France a tout de même un rôle diplomatique fort au sein de l’UE, l'élection présidentielle française est donc un événement important pour l’Union et son avenir.
Et puis, comme on est en plein milieu de la Présidence française du Conseil de l'Union européenne (PFUE), le prochain ou la prochaine chef d’État sera directement plongé(e) dans le bain de grandes mesures à proposer aux 27. Mais alors, de quelle Europe rêvent nos candidats à la présidentielle ?
Globalement, il semble que l’UE soit beaucoup moins considérée comme un but que comme un moyen pour parvenir à des ambitions nationales. Mais on ne peut pas dire que les candidats et candidates soient hostiles à l’idée européenne, bien au contraire. Comme François Asselineau ne s’est pas présenté aux élections cette année, on n’avait un seul candidat favorable à un Frexit (le retrait de la France de l'UE) pur et dur : Nicolas Dupont-Aignan.
Ce dernier souhaite en effet sortir de l’UE, et instaurer à la place le “Comité des nations libres”
Exact, et ce pour deux raisons principales : réduire les migrations des peuples venus d’Afrique et avoir un réel poids scientifique, numérique, et innovant face à la Chine ou aux USA. S’il ne parvient pas à imposer cette vision aux autres États membres, ce sera le Frexit.
A part lui, pendant la campagne, aucun autre candidat n’a évoqué l’idée de sortir purement et simplement de l’UE.
Mais alors, quelle est la position des autres candidats sur la question européenne ?
En fait, en épluchant les programmes des prétendants au pouvoir, on s'aperçoit que concernant l'Europe, trois grands thèmes s'imposent : l'immigration, la transition écologique et la défense.
A propos de l’immigration, on a celles et ceux qui veulent renforcer les frontières extérieures, notamment avec l'agence européenne Frontex. Ce sont les candidats de droite, voire d’extrême droite, comme Emmanuel Macron, Valérie Pécresse, Marine Le Pen et Eric Zemmour.
D’autres souhaitent réguler la gestion des demandes d’asile par des réformes, comme la socialiste Anne Hidalgo ou l’insoumis Jean-Luc Mélenchon. Nathalie Arthaud va encore plus loin en souhaitant non seulement un abolition des frontières au sein de l’UE, mais également un accueil de tous les réfugiés sans condition.
Existe-t-il un seul sujet sur lequel ils et elles sont tous d’accord ?
Étonnamment oui, il y a un sujet qui rassemble presque tout le monde : l’Europe comme moyen pour aller vers une transition écologique. Cette année, tous nos candidats ont intégré l’écologie dans leur programme. Tous n’y accordent pas la même importance, bien entendu, mais il y a au moins une mention de l’écologie par programme.
A part pour les candidats les plus à droite - comme Eric Zemmour qui ne compte pas trop sur l’Europe pour arriver à ses (faibles) ambitions écologiques - on retrouve une vision commune d’une Europe favorable à cette transition.
Cela se ferait par une grande innovation dans le numérique - en lequel croient beaucoup Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon - et par des traités. Mais sur les moyens à développer pour y parvenir, les candidats restent flous.
Autre sujet dont il a beaucoup été question dans la campagne : l’OTAN et la défense européenne.
Et pour cause : avec la guerre en Ukraine, la question était inévitable.
Marine Le Pen souhaite quitter l’OTAN, mais seulement après la guerre, parce que maintenant, on en a trop besoin. Solide, comme argumentation.
En fait, les candidats qui souhaitent rester dans l’OTAN sont ceux qu’on qualifie de "modérés”, par opposition aux candidats des extrêmes.
Oui, il s'agit d'Emmanuel Macron, de Valérie Pécresse, d'Anne Hidalgo et de Yannick Jadot. Ce sont les mêmes qui ne voient pas d’un mauvais œil l’hégémonie mondiale américaine, et qui préfèrent, stratégiquement, s’en faire un allié dans le plus de domaines possibles. Tandis que les huit autres candidats souhaitent se détacher d’une certaine dépendance militaire aux États-Unis.
Mais certains, comme Emmanuel Macron (qui est le seul à l’avoir formulé explicitement), souhaiteraient tout de même voir naître une armée européenne pour plus d’indépendance.