Michel Derdevet, président du think tank Confrontations Europe détaille dans cette chronique 30 propositions de 30 auteur·ices issues du livre "30 idées pour 2030" pour aborder autrement les élections européennes prochaines. Sur euradio.
Dans le chapitre 5 du livre « 30 idées pour 2030 », Patrick Zimmermann, consultant international indépendant, contre-amiral en deuxième section, européen convaincu et doté d’une expérience politico-militaire privilégiée, nous livre dans ce chapitre une réflexion qui prend ses sources dans l’histoire complexe et mouvementée de la défense européenne afin de définir les leviers d’action pour une nouvelle approche de coopération.
En quoi peut-on qualifier l’histoire de la construction de la défense européenne de « mouvementée »?
Patrick Zimmermann part de l’enjeu de la défense qui se pose trois années après la création de l’OTAN dans le contexte de la Guerre froide et qui s’inscrit par le fameux échec de la Communauté européenne de défense (CED) dont la ratification est finalement rejetée par la France en 1954.
Dès lors, nous avons une alternance entre des grands sursauts politiques qui semblent relancer la coopération européenne et des moments où les malentendus et les réticences nationales dominent. Souvent, le parapluie des Etats-Unis et de l’OTAN sert de prétexte. Pourtant, nous avons au fil des traités réussi à intégrer des bases structurelles pour consolider peu à peu cette construction.
Pourquoi malgré ces avancées parler d’éternel retour ?
Malgré des étapes décisives franchies ces dernières années, des difficultés restent au cœur de cette histoire militaire. Citons notamment l’immense problématique des bases industrielles et technologiques de défense (BTID) et les capacités opérationnelles et industrielles afférentes. On le répète souvent, les budgets de défense des Etats européens sont en baisse depuis quarante ans. Pourtant, collectivement cela représente plus de 314 milliards d’euros en 2022. Cet éternel retour est aussi le constat du besoin de coopération, de création d’interfaces non seulement au niveau européen mais également ouvertes aux pays alliés tels que les Etats-Unis ou le Japon.
À ce propos, le 4 avril 1949, voilà tout juste soixante-quinze ans, était signé le traité de l’Atlantique Nord, qui consacrait, la création de l’Otan : quelle relation entre l’Otan et l’Union européenne ?
Ce qu’il faut aujourd’hui, c’est dialoguer sur le partage des rôles entre l’UE et l’Otan, et poser les bases des relations transatlantiques y compris en cas de potentiel retour de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis. Cette réflexion doit s’articuler conjointement au développement d’une capacité européenne de substitution de l’Otan dans le cadre de la défense de l’espace européen face à une attaque de l'extérieur.
Comment, alors, poser les bases pour l’avenir de la défense européenne ?
Patrick Zimmermann nous invite à poser l’amélioration de la défense européenne comme un objectif clé qui soit commun entre les Etats membres et les institutions européennes et qui soit tourné vers l’avenir.
Les pistes de réflexions proposées s’articulent autour d’une vision stratégique et de long terme qui porteront sur la nature et l’ampleur des investissements, le partage entre les Etats membres et la définition d'intérêts communs face à des menaces sécuritaires émergentes telles que la lutte informationnelle.
Entretien réalisé par Laurence Aubron.