Michel Derdevet, président du think tank Confrontations Europe détaille dans cette chronique 30 propositions de 30 auteur·ices issues du livre "30 idées pour 2030" pour aborder autrement les élections européennes prochaines. Sur euradio.
Dans le chapitre 15 du livre « 30 idées pour 2030 », Dominique Riquet, ancien député, européen, revient sur la nécessaire décarbonation du secteur des transports, en vue d’atteindre les objectifs de neutralité carbone en 2050, et de réduction des émissions de gaz à effet de serre de 55% d’ici à 2030. Ce secteur doit, en effet, opérer une transition profonde, à l’aide d’une volonté politique forte.
En quoi la décarbonation des transports est-elle décisive pour l’UE ?
Tout d’abord, quand on parle décarbonation, donc réduction des émissions de CO2, on pense souvent à l’énergie ; alors que le secteur des transports est lui aussi fondamental ; le développement économique de l’UE génère en effet des flux de circulation de biens et de personnes qui se sont multipliés, dans un monde de plus en plus connecté. Et ce secteur du transport au sens large, c’est un quart des émissions de gaz à effet de serre en Europe ; et, depuis 30 ans, les émissions de ce secteur restent, malheureusement, constantes ; elles ne diminuent pas.
Il y a donc bien une nécessité de réduire l’impact environnemental des transports en Europe ; et l’Europe s’est fixé comme ambition de diminuer de 90% d’ici 2050 les émissions de gaz à effet de serre dans ce secteur, en vue de préserver l’essor de l’économie européenne, mais aussi de préserver notre environnement.
Quel moyen de transport concentre les efforts et les défis de décarbonation ?
À l’évidence, c’est le secteur routier, car il représente la part la plus importante des émissions de gaz à effet de serre provenant des transports. Savez-vous, par exemple, Laurence que les voitures, à elles seules, sont responsables de 12% de l’ensemble des émissions de gaz à effet de serre en Europe. La décarbonation du secteur routier passe, vous le savez, et cela a été évoquée ces dernières semaines dans le cadre du débat européen, par une électrification, et par la fin de la mise en service de nouveaux véhicules thermiques en 2035. Mais pour électrifier les mobilités, et on l’oublie souvent, il est nécessaire de développer un réseau de bornes de recharge dense en Europe, de bien envisager les interactions entre ces bornes et les réseaux électriques, et de s’assurer de la propre capacité de l’Union à produire les batteries. Il y a donc un ensemble de défis qui supposent des investissements tant publics que privés très importants.
Retrouve-t-on les mêmes enjeux dans le secteur de l’aviation, par exemple ?
Alors, l’électrification de l’aviation est certes un objectif pour un 2030, et sera permis par des progrès dans les technologies aéronautiques. Mais l’avion électrique ne sera pas aussi avancé que dans le domaine routier. Non, pour le secteur de l’aviation, la décarbonation passera davantage par le développement de carburants durables, tels que les biocarburants ou les carburants de synthèse. L’enjeu sera alors de développer leur offre et ainsi de diminuer leur prix, qui reste pour le moment moins avantageux que celui des carburants d’origine fossile.
Les investissements privés et publics, que vous évoquiez précédemment, sont-ils aussi à réaliser dans d’autres secteurs des transports ?
Oui, tout à fait. Le secteur ferroviaire appelle lui aussi à des investissements plus importants car le développer est décisif tant d’un point de vue économique qu’environnemental. Par exemple, il est nécessaire d’investir dans les infrastructures pour étendre les réseaux à grande vitesse. Il en va de même pour le secteur maritime, qui a besoin d’infrastructures portuaires, elles aussi électriques, et d’utiliser des navires plus économes en énergie.
Un entretien réalisé par Laurence Aubron