Je n’irais pas jusqu’à le plaindre mais je n’aimerais pas être à sa place. Face à ces Ukrainiens qui n’en finissent plus de résister à ses armées, ses chars et ses bombes, il ne s’offre en effet plus que de mauvais choix à M. Poutine.
Il peut tâcher de s’adjuger toute la côte ukrainienne, Odessa comprise, concentrer toutes ses forces sur cet objectif, y parvenir et se proclamer vainqueur mais alors quoi ?
Kiev reste aux mains des « drogués nazis » ?
Lui, cet invincible chef de guerre censé terroriser la terre entière, son propre peuple, toute l’Europe et même les Etats-Unis, se contenterait d’une partition de l’Ukraine dont une moitié rejoindrait immanquablement l’Alliance atlantique qui se retrouverait pour le coup aux frontières d’un Empire reconstitué mais en taille enfant ?
Non, franchement, ce ne serait pas glorieux et même la télévision russe pourtant si habile à transformer les mouchoirs rouges en lapins blancs aurait du mal à faire de cette défaite une victoire.
Si j’étais l’un de ces conseillers dont vous semblez vous passer avec tant d’insouciance, ce n’est pas ce que je vous recommanderais, M. Poutine, car un tel aveu de faiblesse pourrait donner des idées, voire de l’audace, à trop de gens de votre entourage que vos si courtes certitudes ont conduit dans le mur.
Non. Au point où vous en êtes, ne cédez rien. Obstinez-vous et si Kiev ne se rend pas, robe de bure et corde au cou, écrasez-la, brisez-la, rasez-la sous un tapis de bombes comme vous l’avez fait à Grozny puis à Alep. Après tout, trois crimes de guerre ou un seul, surtout à votre âge, ça ne doit pas faire grande différence dans le verdict que rendra le tribunal de La Haye mais, tout de même, avant d’en arriver là, réfléchissez bien.
C’est à Kiev que la Russie avait été baptisée, il y a plus de mille ans déjà. Kiev est à l’orthodoxie russe ce que Rome est au catholicisme ou Reims à l’Histoire de France et prenez -garde ! Le prince russe, le tsar fou, le Néron moscovite qui anéantirait Kiev commettrait un tel sacrilège que sa victoire signerait son crime et que ce n’est pas en enfer qu’il brûlerait mais en place publique, de son vivant.
Personne ne peut plus vous plaindre, M. Poutine, car vos crimes sont déjà si grands qu’il n’est plus d’homme pour pouvoir vous accorder son pardon mais alors quoi ? Que vous reste-t-il ?
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