Le pire n’est pas exclu. Imaginons un instant que les fonds du plan de relance européen tardent plus encore à être débloqués, que les faillites industrielles et commerciales grippent les échanges et qu’une crise, une vraie, s’installe avec ses cohortes de chômeurs et son effondrement des Bourses. Imaginons, parallèlement, que la crainte de fragiliser sa majorité sénatoriale pousse Joe Biden à trop perdre de temps à rechercher un compromis avec les Républicains, que le redémarrage de l’économie américaine en soit compromis et que la perte de confiance en ce nouveau président en vienne à paralyser son équipe.
L’un et l’autre de ces scénarios sont envisageables. Ils sont même aujourd’hui si plausibles qu’il faut se représenter leurs conséquences.
Des dizaines de millions de personnes plongeraient rapidement dans la misère. Les grands partis européens et le Parti Démocrate américain en seraient décrédibilisés. Des deux côtés de l’Atlantique, les forces démocratiques reculeraient au profit d’un rebond du trumpisme aux Etats-Unis et des nouvelles extrêmes-droites en Europe. Cette crise des démocraties susciterait une crise de la démocratie elle-même et un basculement des électeurs occidentaux vers les illusions du social-nationalisme et d’un chacun pour soi menant droit au tous contre tous.
N’exagérons rien, dira-t-on.
Nous n’en sommes pas là, dira le chœur des sereins et ils auront raison.
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