L'humeur européenne de Bernard Guetta

La naissance d’un nouvel Occident

© European Union 2014 - EC - Audiovisual Service La naissance d’un nouvel Occident
© European Union 2014 - EC - Audiovisual Service

Chaque semaine sur euradio, retrouvez la chronique de Bernard Guetta, député européen, qui effectue un retour sur les actualités et événements européens actuels.

Il n’y aura pas de comme avant, pas de retour au statu quo ante, pas de résurrection de l’ordre d’après-guerre. En admettant même – ce qui reste à prouver – qu’un président normal, démocrate ou républicain, succède à Donald Trump et referme ce qui n’aurait été qu’une effarante parenthèse, nous n’en reviendrons pas à un seul et même Occident dominé par les Etats-Unis.

La première raison en est que cette page-là n’a pas été tournée par la réélection de ce président mais par la constance avec laquelle ses prédécesseurs s’étaient détournés de l’Europe et du Proche-Orient. En 2008, Georges Bush avait mis la Maison-Blanche aux abonnés absents pendant que la Russie envahissait la Géorgie. En 2014, Barack Obama n’avait pas réagi à l’annexion de la Crimée après avoir finalement refusé, en 2013, de sanctionner l’emploi d’armes chimiques par Bachar el-Assad. Il y a quelque deux décennies que l’un et l’autre avaient dit par-là qu’ils avaient à contrer la Chine et non plus la Russie et que leurs alliés de la Guerre froide avaient donc à assurer eux-mêmes leur Défense.

L’avertissement était devenu message lorsque les Américains avaient porté à leur présidence un candidat, Donald Trump, qui avait systématiquement mis en doute l’automaticité du soutien des Etats-Unis à leurs alliés de l’Otan. Ce jour-là, il y a 9 ans déjà, le tabou qui avait si longtemps pesé sur l’idée même d’une Défense commune est tombé dans toute l’Union qui s’est en fait ralliée sans le dire à l’ambition « d’autonomie stratégique » formulée par Emmanuel Macron.

Il restait de puissants freins à cette évolution puisqu’on ne rompt pas du jour au lendemain avec une culture politique vieille de 70 ans, que beaucoup des Etats membres ne se résolvaient pas à devoir payer pour leur Défense, que les électeurs ne l’auraient sans doute pas admis et que les pays sortis du bloc soviétique craignaient, disaient-ils, de « précipiter l’éloignement des Etats-Unis » en les prenant aux mots.

Lire la suite.