Est-ce Joe Biden qui aurait semblé trop effacé ? Est-ce à cause de l’âge et de la personnalité de cet homme qu’il y eut finalement une telle solidité du vote Trump en lieu et place de la vague bleue qu’annonçaient les sondages ?
Est-ce, plus profondément, que le refus de l’immigration, l’épreuve de force avec la Chine, le repli national et le rejet du legs des années soixante soudent une moitié de l’Amérique dans une aspiration passionnelle à un passé mythifié ? Ou bien est-ce encore que les Démocrates n’ont pas aujourd’hui d’autre ciment que leur désir d’éviter à leur pays un second mandat de Donald Trump ?
Comme des vraies raisons de la Guerre de 14, on en débattra longtemps mais si les causes du vote d’hier sont tout, sauf évidentes ses conséquences, elles, ne le sont que trop.
Au bout du compte, quel que soit le vainqueur, l’écart des voix entre les candidats n’aura pas été suffisant pour que l’Amérique perdante concède la victoire à l’Amérique gagnante. Brève ou longue, bataille juridique il y aura. Peut-être même reviendra-t-il au Congrès de trancher et, quatre ans durant, une moitié des Etats-Unis regardera le Président en place comme illégitime car élu par la fraude.
Cela signifie que, dans un monde où foisonnent dictatures et démocratures, la plus riche et la plus puissante des démocraties ne pourra plus plaider le respect de l’Etat de droit, des libertés et des droits de l’homme sans que Moscou, Manille ou Pékin ne lui rappellent la parabole de la paille et de la poutre.
La suite de l'humeur européenne de Bernard Guetta est à lire ici