« Quoi en Europe ? », c’est le nom que porte la chronique hebdomadaire réalisée par l’association Perspective Europe. Les étudiants du master Affaires Européennes de Sciences Po Bordeaux se sont donnés pour mission de décoder pour vous, chers auditeurs, l’actualité des pays européens.
Alors quels ont été les moments forts de la semaine qui vient de s’écouler ? On en discute tout de suite avec Victor Muller.
Alors Victor, dites-moi : quoi de neuf en Europe ?
La semaine dernière, la France et l’Europe toute entière honorait la mémoire de Jacques Delors, décédé le 27 décembre dernier à l’âge de 98 ans. Ancien ministre de l’Economie et des Finances de François Mitterrand de 1981 à 1984 puis président de la Commission européenne pendant une dizaine d’années de 1985 à 1995, Jacques Delors fut un ardent promoteur et un fervent architecte de la construction européenne. Il est également considéré aujourd’hui comme le père de l’euro, la monnaie unique entrée en vigueur très peu de temps après la fin de son mandat le 1er janvier 1999.
Qu’était-il prévu afin de rendre hommage à cette figure européenne majeure ?
Un hommage national fut organisé vendredi 5 janvier dans la cour de l’hôtel des Invalides à Paris. La cérémonie était présidée par Emmanuel Macron, aux côtés de la maire socialiste de Lille, Martine Aubry, la fille de M. Delors, et de son ancien chef de cabinet à Bruxelles, Pascal Lamy. Dans un éloge funèbre sobre et plutôt bref, le chef de l’Etat a retracé le parcours de « l’honnête homme européen » que fut Jacques Delors tout en déclarant que ce dernier « a contribué à dessiner trait par trait le visage de l’Europe d’aujourd’hui »
Quelles étaient les personnalités politiques présentes pour assister à cette cérémonie ?
La liste est longue Laurence ! Un certain nombre de personnalités politiques socialistes étaient présentes, dont François Hollande et plusieurs anciens chefs de gouvernements socialistes, mais également quelques rares élus Les Républicains, à savoir Gérard Larcher, le président du Sénat, et Michel Barnier, ancien commissaire européen. Alors que l’avenir du gouvernement reste en suspens depuis quelques jours, la plupart des ministres étaient présents eux aussi. Catherine Colonna, Clément Beaune ou encore Elisabeth Borne ont accueilli les chefs d’Etat et de gouvernements étrangers. Les responsables des différentes institutions européennes ont également tous répondu à l’appel, y compris Christine Lagarde, la président de la Banque centrale européenne.
Vous avez évoqué les chefs d’Etat et de gouvernements européens, mais qui a fait le déplacement à Paris ?
Dans la cour des Invalides, décorée aux couleurs de la France et de l’Europe pour l’occasion, se trouvaient aux côtés d’Emmanuel Macron le président de la République fédérale d’Allemagne Frank-Walter Steinmeier, ainsi que les premiers ministres belge, néerlandais, croate, bulgare et même hongrois. La Marseillaise et l’Ode à la joie ont résonné solennellement, puis les dirigeants européens se sont recueillis autour du cercueil recouvert d’un drapeau français.
La présence du premier ministre hongrois n’est-elle pas surprenante, vu son conflit ouvert avec la Commission européenne ?
Effectivement Laurence, la présence de Viktor Orban aux côtés de ses homologues européens a surpris plus d’un observateur. Si une majorité de dirigeants européens saluait l’héritage laissé par Jacques Delors tout en revendiquant une part de celui-ci, le premier ministre hongrois a quant à lui justifié son déplacement pour des raisons plus historiques que politiques. Il a en effet salué et remercié un « leader européen qui a lutté pour la liberté et la souveraineté des pays occupés par l’Union soviétique ».
L’hommage de Viktor Orban à Jacques Delors semble donc singulier, pouvez-vous nous en dire plus sur les autres déclarations ?
Charles Michel, la président du Conseil européen, a déclaré en marge de la cérémonie que « l’on est quelque part les héritiers de Jacques Delors ». L’actuelle présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, présente à Paris, a quant à elle rendu hommage à son prédécesseur en parlant d’un « visionnaire qui a rendu l’Europe plus forte », exprimant également son infinie reconnaissance à un homme dont « l’œuvre a eu un impact profond sur la vie de générations d'Européens, dont la [sienne] ». Finalement, la présidente du Parlement européen Roberta Metsola et le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell, ont chacun qualifié Jacques Delors de « géant ».