Quoi de neuf en Europe ?

Quoi de neuf en Europe ? - Victor Muller

© European Union 2023 - Source : EP Quoi de neuf en Europe ? - Victor Muller
© European Union 2023 - Source : EP

« Quoi de neuf à Europe ? », c’est le nom que porte la chronique hebdomadaire réalisée par l’association Perspective Europe. Les étudiants du master Affaires Européennes de Sciences Po Bordeaux se sont donnés pour mission de décoder pour vous, chers auditeurs, l’actualité institutionnelle de l’Union européenne.

Alors quels ont été les moments forts de la semaine qui vient de s’écouler ? On en discute tout de suite avec Victor Muller. Bonjour et bienvenue !

Bonjour Laurence, merci de me recevoir !

Alors Victor Muller, dites-moi : quoi de neuf en Europe ?

Cette semaine, l’Union européenne a décidé d’ouvrir formellement les négociations d’adhésion avec l’Ukraine et la Moldavie. C’est ce qu’a annoncé ce jeudi Charles Michel, le président du Conseil européen. Les chefs d'Etat et de gouvernement des Etats membres, réunis en sommet dans la capitale belge les 14 et 15 décembre 2023, ont décidé de suivre les recommandations formulées en novembre dernier par la Commission européenne en votant l’ouverture de ces négociations, envoyant ainsi un signal clair d’espoir pour les citoyens de ces pays et pour le continent tout entier.

Où en est-on dans le processus d’adhésion à ce stade ?

Comme l’a indiqué ce vendredi le président Emmanuel Macron, « nous sommes encore très loin d’un élargissement effectif à l’Ukraine » et à la Moldavie. Pour rappel, les deux pays sont candidats à l’UE depuis juin 2022, ayant obtenu ce statut quelques mois après l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Après avoir décidé d’ouvrir les négociations, le Conseil européen doit en effet encore adopter le cadre de ces dernières à l’unanimité, une fois que toutes les mesures clés demandées par la Commission auront été prises.

Quelles ont été les différentes réactions à cette décision historique du Conseil européen ?

« Victoire de l’Ukraine. La victoire de toute l’Europe. », voici les mots du président ukrainien, Volodymyr Zelensky, après cette annonce historique. Cette dernière représente en effet une véritable bouffée d’oxygène pour l’Ukraine au moment où les nuages noirs s’accumulaient peu à peu au-dessus eu pays, avec l’enlisement de sa contre-offensive et le blocage de l’aide occidentale alors que, par contraste, la Russie, à travers son président Vladimir Poutine, affichait sa confiance en son armée. Cette décision du Conseil européen a donc de quoi rassurer légèrement les deux patrons de la défense européenne, à savoir le haut représentant de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité Josep Borrell et le secrétaire général de l’OTAN Jens Stoltenberg, pour qui le soutien à l’Ukraine est une « question existentielle » pour l’Union.

A ce propos, les dirigeants de l’Union européenne devaient également voter pour un plan d’aide massif à l’Ukraine. Qu’en est-il ?

Si la Hongrie s’est abstenue de poser son véto à l’ouverture des négociations avec l’Ukraine et la Moldavie en quittant la salle de négociations au moment des votes, celle-ci a néanmoins clairement dit « non » au versement d’une nouvelle tranche d’aide à destination de l’Ukraine. Le plan d’aide de 50 milliards d’euros de dons et de prêts de l’Union est pourtant crucial pour Kiev, alors qu’une nouvelle aide américaine a été bloquée par le Congrès et que la contre-offensive contre la Russie ne connait aucune avancée significative.

Comment ont réagi les vingt-six autres Etats membres après ce véto de Budapest ?

En continuant sa stratégie de blocage, Viktor Orban s’est attiré les critiques de nombreux dirigeants européens, en particulier Emmanuel Macron, qui a demandé au président hongrois de se « comporter en Européen » et d’arrêter de prendre l’Union européenne « en otage » sur le sujet ukrainien. Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, a quant à elle promis que l’Union aidera l’Ukraine « quoi qu’il arrive ».

Existe-t-il des alternatives à ce blocage hongrois ?

Le premier ministre irlandais Leo Varadkar a assuré qu’il est possible pour les vingt-six autres Etats membres de « fournir l’argent sur une base bilatérale, sans passer par les structures de l’UE » et qu’il existait des solutions de contournement au blocage. Charles Michel s’est quant à lui montré « extrêmement confiant et optimiste » concernant la capacité de l’Union toute entière à tenir ses engagements vis-à-vis de l’Ukraine dans les semaines et mois à venir.

L’Ukraine était vraisemblablement au cœur des discussions du Conseil européen. D’autres sujets ont-ils été abordés ?

Absolument Laurence. Si la situation au Proche-Orient, les enjeux de sécurité et de défense et la révision du budget à long terme de l’Union ont été abordés, c’est toujours le thème de l’élargissement qui est resté central. Les dirigeants européens ont en effet voté l’attribution du statut de candidat à la Géorgie, comme recommandé par la Commission le mois dernier. A également été décidée une intégration progressive des Balkans, l’UE appelant à accélérer le processus d’adhésion de ces derniers « sur la base de réformes crédibles ». Le Conseil a finalement déclaré qu’il ouvrirait les négociations d’adhésion avec la Bosnie-Herzégovine une fois que le pays aura rempli les critères nécessaires. Nous y verrons un peu plus clair à ce sujet en mars 2024 quand la Commission européenne aura évalué les progrès réalisés par le pays.

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