Chaque semaine, Lyudmyla Tautiyeva nous propose un aperçu de ce qu'il se passe aux frontières de l'Union européenne, traitant de sujets divers tels que la gouvernance, l’entreprenariat, ou encore l'innovation.
La semaine dernière, la réunion informelle du Conseil européen s’est tenue à Lviv, en Ukraine. Le résultat - l’annonce d’une solution trouvée pour surmonter le veto hongrois et débloquer les négociations sur l’intégration de l’Ukraine dans l’UE. Quelle est cette solution annoncée jeudi dernier ?
Le véto hongrois sur les questions liées à de l’intégration de l’Ukraine à l’UE a été un problème depuis le début de ce processus. Vous vous rappeliez peut-être l’épisode en décembre 2023 où lors de la réunion du Conseil européen, le Chancelier Scholz a invité le premier ministre hongrois Victor Orban de prendre un café pour éviter son véto sur l’ouverture des négociations avec l’Ukraine. La fameuse pause-café de Olaf Scholtz a été le seul moyen de débloquer le processus de l’intégration de l’Ukraine.
Cette fois-ci, pour débloquer les prochaines étapes de l’adhésion ukrainienne, c’était une réunion informelle du Conseil européen à Lviv qui a été convoqué par la présidence danoise du conseil. La réunion a permis d’adopter un nouveau plan sur la suite du processus d'adhésion de l'Ukraine à l’UE au niveau technique – soi-disant frontloading. Ce plan permettra à l’Ukraine d’avancer sur les réformes nécessaires pour son adhésion à l’UE sans ouverture formelle des clusters de négociations. Le progrès du coté ukrainien sera pris en compte quand les négociations des clusters seront formellement ouvertes et ainsi servira de l’accélérateur pour le processus d’adhésion. Bref, le veto hongrois ne sera pas un obstacle pour que l’Ukraine fasse du progrès sur ses réformes maintenant et avance sur le fond dans son intégration européenne.
Mais l’ouverture formelle ou officielle des négociations sur les clusters avec l’Ukraine reste quand même nécessaire pour l’adhésion de l’Ukraine. Cela signifie que le problème du véto hongrois n’est pas entièrement résolu.
Tout à fait. Toute décision sur l’adhésion de nouveaux pays à l’UE sont prise à l’unanimité ce qui signifie que le soutien de la Hongrie sera toujours nécessaire pour toute décision finale concernant l'adhésion l’Ukraine.
Ce que cette nouvelle approche de frontloading qu’on pourrait traduire comme la concentration des efforts à l’étape initial, a été soutenu par la Commission européenne et réalisé avec le leadership de Danemark qui préside au Conseil européen jusqu’à la fin de cette année. D’ailleurs, la présidence danoise s’est fixé comme un des objectifs majeurs pour sa cadence l’ouverture des négociations avec l’Ukraine sur le premier cluster, sur les fondamentaux, qui comprend notamment l’État de droit, l’administration publique et les institutions démocratiques.
Le fait que la solution sur la suite des négociations avec l’Ukraine a été trouvée est une victoire pour le Danemark et l’Ukraine qui maintenant a plus de la visibilité sur les prochaines étapes d’adhésion soutenu par la volonté politique du côté de l’UE.
Et la Hongrie, quelle a été sa réaction face à ce nouveau plan ?
La Hongrie a été informée bien évidemment comme les autres membres de l’UE de ce plan qui était en élaboration. La Hongrie a également reçu l’invitation à la réunion informelle à Lviv qu’elle a décliné. Cela n’a pas eu l’impact sur la décision prise la semaine dernière qui est une manifestation forte de la volonté politique et de la vision de l’UE pour l’élargissement. Certains disent qu’en avril, après les élections en Hongrie que Orban a les chances de perdre, les négociations avec l’Ukraine puissent être ouverte officiellement. Pourtant, ce n’est pas garanti et l’UE réfléchi sur les changements qu’il devrait faire pour rendre l’élargissement possible.
Un entretien réalisé par Laurence Aubron.