Chaque semaine sur euradio, elle nous parle de ce qu'il se passe aux portes de l’Union européenne, dans les pays candidats de l’UE.
Quels progrès ont réalisé la Géorgie, la Moldavie et l'Ukraine dans leur processus d'adhésion à l'Union européenne depuis l'obtention de leur statut de pays candidats en juin 2022 ?
Pour rappel, la Moldavie et l’Ukraine ont reçu le statut de pays candidats à l’Union européenne en juin 2022, suite à la décision du Conseil européen. Les pays ont ensuite été inclus dans les rapports sur le Paquet d’élargissement de l’Union européenne en 2023 par la Commission européenne. Ces rapports présentent une analyse rigoureuse du progrès sur des réformes en lien avec l’adhésion à l’Union européenne dans les pays concernés.
Sur la base de cette analyse, la Commission a recommandé au Conseil européen, qui réunit les chefs des 27 pays membres de l’UE, d'ouvrir des négociations d'adhésion avec la Moldavie et l’Ukraine, à condition que les pays fassent plus du progrès sur certains aspects, comme par exemple, la réforme de la justice et la lutte contre la corruption.
Ces deux accents ne sont pas anodins car ils sont au coeur des principes fondamentaux de l’Union européenne : l’état de droit.
Ainsi, le premier tour des négociations avec la Moldavie et l’Ukraine a eu lieu cette année, en juin 2024. Ceci représente une étape clé dans le long chemin qu’il reste à parcourir pour les pays candidats à l’Union européenne.
Le statut de pays candidat n’a été accordé à la Géorgie qu’en décembre 2023, et cela sous réserve que les efforts nécessaires soient faits avant l’ouverture des négociations. Ce retard par rapport à la Moldavie et l’Ukraine est le résultat du ralentissement des réformes, surtout concernant le judiciaire et anti-corruption après l’élection du parti Le rêve géorgien. Celui-ci a persécuté son opposition et augmenté les pressions sur les civils et les médias.
Suite à ce recul démocratique, les négociations n’ont pas été ouvertes en 2024, dans le contexte d’une influence russe grandissante.
Comment la guerre en Ukraine et le contexte géopolitique actuel ont-ils influencé les pays candidats à l'adhésion à l'Union européenne ?
Tout d’abord, l’année 2024 a été marquée par des élections en Moldavie et en Géorgie, où l’influence russe s’est imposée lors des campagnes électorales et des élections. L’achat de votes, l’intensification d’une propagande anti-UE et la désinformation sont des exemples des moyens mis en place par les partis pro-Russie pour déstabiliser la Moldavie et la Géorgie.
La Moldavie a résisté à cette pression, et la candidate pro-Europe Maia Sandu a remporté les élections présidentielles. Ce n’est pas du tout le cas du côté de la Géorgie, où les résultats sont vivement contestés à cause d’une ingérence russe. Cela fait alors une semaine que la population proteste contre ce nouveau Parlement dont la majorité vient du Rêve géorgien.
En Ukraine, la mise en place des réformes en lien avec l’adhésion à l’Union européenne reste un défi car le pays essaie toujours de faire tourner son économie en temps de guerre et d’équilibrer cela avec les enjeux de défense actuels, tout en faisant face à la destruction importante de ses infrastructures.
En 2024, la Russie a intensifié ses frappes contres les infrastructures énergétiques ukrainiennes. Les nombreuses coupures en électricité a eu des incidences sur l’activité économique du pays. Malgré ces difficultés, le gouvernement et l’administration publique ont œuvré sur la lise en conformité de la législation ukrainienne avec celle de l’Union européenne. L’UE soutient d’ailleurs la réalisation d’une feuille de route pour les prochaines étapes d’adhésion, avec un dispositif de 50 milliards d’euros sur trois ans jusque’en 2027.
Fin 2024 quel bilan peut on faire pour ces 3 pays aux aspirations européennes?
Ouverture des négociations pour la Moldavie et l’Ukraine est une réussite majeure en vue du contexte géopolitique difficile. Les pays se sont montrés résilient y compris face à l’influence russe.
Pour la Géorgie, 2024 marque un recul significatif concernant son projet européen, puisque le gouvernement a récemment suspendu le processus d’intégration à l’UE.
L’adhésion à l’Union européenne est donc un long chemin et pour l’instant rien n’est acquis pour les trois pays candidats. Cependant une éventuelle adhésion des pays candidats n’est pas uniquement de leur fait mais aussi de l’Union européenne qui devrait préparer un élargissement de sa zone.
Un entretien réalisé par Laurence Aubron.