Aux portes de l'UE

Ramstein : les pays européens en première ligne pour soutenir militairement l’Ukraine

© Wikimédia Commons - U.S. Secretary of Defense (25e réunion du Groupe de contact pour la défense de l'Ukraine à la base aérienne de Ramstein, en Allemagne, le 9 janvier 2025) Ramstein : les pays européens en première ligne pour soutenir militairement l’Ukraine
© Wikimédia Commons - U.S. Secretary of Defense (25e réunion du Groupe de contact pour la défense de l'Ukraine à la base aérienne de Ramstein, en Allemagne, le 9 janvier 2025)

Chaque semaine, Lyudmyla Tautiyeva nous propose un aperçu de ce qu'il se passe aux frontières de l'Union européenne, traitant de sujets divers tels que la gouvernance, l’entreprenariat, ou encore l'innovation.

La semaine dernière, plusieurs pays européens ont annoncé une aide militaire record à l’Ukraine. C’était lors d’une réunion du Groupe de contact pour la défense de l’Ukraine, aussi appelé format Ramstein.

Mais avant de voir ce que chaque pays a promis, une question : qu’est-ce que ce groupe de contact, et quel est son rôle dans le soutien à l’Ukraine ?

Le groupe de contact sur la défense ukrainienne au format Ramstein représente une coalition de 50 pays membres de l’OTAN et d’autres partenaires qui se réunissent régulièrement depuis le début de l’invasion russe afin de coordonner leur aide militaire à l’Ukraine. La première réunion de ce groupe s’est tenue sur la base aérienne de Ramstein, en Allemagne, une base militaire américaine majeure et un centre stratégique de l’OTAN, le 26 avril 2022.

Le groupe a été initié et piloté par les Etats-Unis, en particulier par le secrétaire à la Défense américain à l’époque, Lloyd Austin, avec des réunions mensuelles tenues depuis avril 2022 (en personne et en virtuel). Ce format de coordination entre alliés a joué un rôle crucial dans les livraisons d’armes à l’Ukraine au début de l’invasion, ainsi que dans le soutien global aux efforts de défense ukrainiens au cours de ces trois dernières années et dans la planification de l’assistance à long terme.

La semaine dernière avait lieu la 28ème réunion du groupe et la première à laquelle le secrétaire à la Défense américain, en occurrence Pete Hegseth, n’a pas participé. Les Etats-Unis étaient représentés par Kingsley Wilson, un attaché de presse du département de la défense américain. Cela marque un changement de paradigme dans l’engagement des États-Unis en matière de défense européenne, et notamment dans leur soutien à l’Ukraine, avec l’arrivée de Trump à la Maison-Blanche. La guerre en Ukraine devient de plus en plus « l’affaire des Européens », tandis que les États-Unis se mettent progressivement en retrait en matière de soutien militaire. Or, la capacité de l’Ukraine à se défendre dépend encore largement des livraisons d’armes et du partage de renseignements américains.

Quels pays ont promis de l’aide militaire à l’Ukraine lors de la dernière réunion Ramstein, en l’absence des États-Unis ?

Cette dernière réunion du groupe a abouti à des chiffres sans précédent depuis l’invasion, en termes de livraison d’armes et de soutien militaire à l’Ukraine. Ainsi, le Royaume Uni a annoncé un paquet d’aide record de 4.5 milliards de livres pour 2025 dont 350 millions pour l’achat des drones. Selon le ministre de la Défense ukrainien, Rustem Umerov, cela permettra de fournir 100 millions de drones à l’Ukraine cette année, une aide non-négligeable au vue de l’importance accrue des drones sur le front.

Un pays majeur qui a reconsidéré sa posture envers le soutien à l’Ukraine et qui a annoncé une aide considérable lors de la réunion est l’Allemagne. L’Allemagne a présenté un nouveau paquet de 5 milliards d’euros en aide militaire à l’Ukraine qui inclut le financement de production des armes à longue portée en Ukraine et le transfert de systèmes de défense aérienne, d'armes et de munitions.

D’autres pays européens, comme les Pays-Bas, la Belgique, la Norvège et la Suède, ont davantage démontré leur engagement pour l’Ukraine. Ainsi, les Pays Bas vont fournir 400 millions d’euros en patrouilleurs et drones navals, aussi bien qu’un navire-chasseur de mines. La Belgique et son initiative à long terme d’un milliard d’euros par an chaque année jusqu’à 2029, va également livrer un navire de lutte contre les mines. Par ailleurs, la Norvège va soutenir l’industrie des drones avec plus de 700 millions d’euros annoncé et la Suède achètera des munitions d'artillerie, des drones et d'autres armes pour l'Ukraine à hauteur de 440 millions d'euros.

Quel est l’impact de cette nouvelle aide militaire des pays européens pour l’Ukraine, alors qu’elle dépend encore beaucoup des armes américaines ?

Les équipements fournis par les pays européens pour l’Ukraine seront pour la plupart des équipements américains achetés avec de l’argent européen. Pour l’instant, l’Europe n’a pas la capacité de produire des quantités nécessaires d’armes et de munitions, alors elle est obligée de se tourner vers les Etats-Unis pour procurer des équipements à l’Ukraine et sa propre défense. Par contre, les pays européens démontrent davantage leur volonté d’élargir les capacités existantes de production d’armes sur leur sol, comme en témoignent plusieurs décisions prises lors de la dernière réunion au format Ramstein.

Un entretien réalisé par Laurence Aubron.