Aux portes de l'UE

L’Europe face à un cessez le feu improbable en Ukraine ?

Photo de Markus Spiske - Pexels L’Europe face à un cessez le feu improbable en Ukraine ?
Photo de Markus Spiske - Pexels

Chaque semaine, Lyudmyla Tautiyeva nous propose un aperçu de ce qu'il se passe aux frontières de l'Union européenne, traitant de sujets divers tels que la gouvernance, l’entreprenariat, ou encore l'innovation.

L’image de Donald Trump et Volodymyr Zelensky assis face à face dans la Basilique Saint-Pierre a rapidement fait le tour du monde. À l’issue de cette rencontre brève mais symbolique, le président ukrainien a évoqué un moment "historique" dans un message publié sur X (anciennement Twitter), nourrissant l’espoir d’un possible cessez-le-feu en Ukraine.

La rencontre s’est tenue lord des funérailles du pape François dans la Basilique Saint-Pierre, et a duré une quinzaine de minutes, avec la facilitation du Président Emmanuel Macron et la Chancellerie du Vatican. Cette rencontre intervient dans un contexte où un cessez-le-feu en Ukraine semble peu probable, 100 jours après l’investiture de Trump et avec les bombardements russes qui continuent sur les villes ukrainiennes. L’Ukraine est mise sous pression pour renoncer à ses territoires, sans garantie de sécurité solide pour l’avenir.

Cette rencontre a une portée symbolique forte — elle n’a rien à voir avec la violence du face-à-face ayant eu lieu à la Maison Blanche en février dernier, et semble inspirer l’entente entre les deux dirigeants. Au delà du symbole que représente cette image apaisée et confiante, cette rencontre pourrait être décisive dans l’instauration du cessez-le-feu en Ukraine, et tracer un chemin vers la paix.

Quelles sont les conditions nécessaires à un cessez-le-feu en Ukraine, et pour quelles raisons l’administration Trump peine-t-elle à les réunir depuis son retour à la Maison Blanche ?

La raison pour laquelle le cessez-le-feu n’a toujours pas été instauré en Ukraine est Poutine et sa volonté de continuer la guerre et ne rien céder sur ses objectifs de guerre. Et cela s’est vu : lorsque Poutine a annoncé une trêve pour Pâques, l’armée russe a continué d’avancer sur le front avec plus de 3000 violations documentées, ou encore à l’occasion d’un bombardement sur Soumy le. 14 avril dernier lors du dimanche des rameaux, avec 35 morts et plus d’une centaine de blessés.

Depuis son arrivée à Maison Blanche, Trump ne cesse d’augmenter la pression sur Kyiv, pour que la guerre s’arrête au plus vite. L’administration Trump a en effet choisi une politique d’apaisement de l’agresseur, traduite par un plan de paix dévoilé la semaine dernière. Ce plan prévoit notamment la reconnaissance de l’annexion russe de cinq régions ukrainiennes. De plus, l’Ukraine ne s’est vue proposer aucune garantie de sécurité fiable qui dissuaderait Poutine d’une nouvelle invasion. En revanche, la Russie obtiendrait la levée des sanctions imposées et le retour du « business as usual » avec les Etats-Unis. 

L’Europe ne devrait-elle pas jouer un rôle plus actif dans les négociations en vue d’un cessez-le-feu en Ukraine, étant donné que la sécurité de l’ensemble du continent est en jeu ?

L’Europe a été absente de la table des négociations sur la paix en Ukraine, que ça soit en Arabie saoudite ou ailleurs. Les États-Unis ont toujours mené les négociations entre l’Ukraine et la Russie.

Les pays européens ont montré leur volonté de s’imposer comme force de réassurance en Ukraine une fois le cessez-le-feu instauré — décision prise à l’issue de la rencontre de la coalition des volontaires à Paris il y a un mois. Les européens ont également rejoint le Président Zelensky dans l’élaboration du plan de paix en réponse au plan américain. Ce plan ukraino-européen inclut notamment le déploiement du contingent européen avec le soutien des États-Unis sur le sol ukrainien, l’utilisation des avoirs gelés russes pour financer la reconstruction du pays, la provision de garanties de sécurité de même force que l’article 5 de l’OTAN et le début de discussions territoriales après le cessez-le-feu inconditionnel.

Pour l’instant, l’Europe n’arrive pas à s’imposer et faire sa place autour de la table des négociations sur la fin de la guerre en Ukraine, mais une chose est sûre : les intérêts de l’Europe et de l’Ukraine sont si étroitement liés que sans une paix durable en Ukraine il ne peut pas y avoir de sécurité en Europe. 

Un entretien réalisé par Laurence Aubron.