Aux portes de l'UE

Le transit du gaz russe par l’Ukraine pour aller vers l’Europe prend fin

Photo de Artyom Kulakov - Pexels Le transit du gaz russe par l’Ukraine pour aller vers l’Europe prend fin
Photo de Artyom Kulakov - Pexels

Chaque semaine, Lyudmyla Tautiyeva nous propose un aperçu de ce qu'il se passe aux frontières de l'Union européenne, traitant de sujets divers tels que la gouvernance, l’entreprenariat, ou encore l'innovation.

À partir du 1er janvier 2025, le gaz russe cessera de transiter par l’Ukraine pour approvisionner l’Union européenne. Pourquoi cela n’arrive que maintenant ?

Le transit du gaz russe par l’Ukraine pour aller vers l’Europe a été suspendu au 1er janvier 2025, faisant suite à la fin du contrat qui liait Gazprom, le géant russe, et Naftogaz, la compagnie de pétrole et de gaz ukrainienne.

Initialement signé par l’Ukraine en 2019, ce contrat de cinq ans se voulait promettre la sécurité énergétique et la prospérité du pays. Cependant, l’invasion russe en février 2022 à complètement retourné la situation, et a fait du gaz russe un levier de chantage pour Poutine, ainsi qu’un élément majeur de l’instabilité énergétique en Ukraine et en Europe.

Dès le début de la guerre, l’Ukraine a continué d’honorer ses engagements contractuels, vis-à-vis de ses partenaires européens, acheteurs principaux du gaz russe. Cependant le pays a refusé de renouveler ce contrat avec Moscou pour le transit du gaz lorsque celui-ci est venu à terme le 31 décembre 2024.

Quels sont les pays les plus impactés par cet arrêt du transit ?

Les pays les plus dépendants aux livraisons de gaz russe sont les pays frontaliers tels que la Slovaquie, la Hongrie ou encore la Moldavie. Le Premier ministre slovaque, Robert Fico, s’est rendu à Moscou fin décembre pour s’entretenir avec Poutine, et a menacé l’Ukraine de couper l’approvisionnement en électricité, dont l’Ukraine dépend à cause des frappes russes visant les infrastructures énergétiques.

La Hongrie, qui reçoit l’essentiel de ses importations de gaz russe via Turkstream, ne semble elle pas très inquiète concernant la fin du contrat liant l’Ukraine et la Russie. La Moldavie en revanche a déclaré un état d’urgence énergétique mi-décembre, car elle dépend du gaz russe à hauteur de 70%. L’aide en électricité de la Roumanie reste alors essentielle à la Moldavie pour l’instant.

L’arrêt aura-t-il un impact limité sur l’Europe grâce aux effort de l’Union européenne pour réduire sa dépendance ?

Dès le début de la guerre en Ukraine, l’Union européenne a réduit les importations de gaz russe, via les gazoduc, de 40% (en 2021) à 8% (en 2023), et s’est fixé un objectif de se passer de gaz russe d’ici 2027.

Pour l’instant, l’Union européenne continue à s’approvisionner en gaz russe, via l’Ukraine, et à travers le TurkStream. Cela représentait 4% de la demande en 2023. Le gaz russe arrive en Europe par la mer sous forme de gaz naturel liquéfié (GNL).

La Russie était le deuxième fournisseur de GNL de la France en 2023. Bien que le GNL russe n’ai représenté que 5% de la consommation de gaz de l’Union européenne en 2023, il a tout de même rapporté près de 8 milliards d’euros de bénéfices au Kremlin - un argent que Poutine utilise alors pour alimenter la guerre en Ukraine.

Les importations de gaz russe sont encore possibles car les premières sanctions contre le GNL russe devraient entrer en vigueur à partir de mars 2025 (elles ont été votées en juin 2024). Cependant ces sanctions n’interdisent pas les importations directes de gaz dans l’Union européenne, et selon un rapport sur l’état de l’Union de l’énergie de l’UE concernant l’année 2024, l’Union européenne dépend toujours de la Russie pour près d’un cinquième de ses importations de gaz.

Un entretien réalisé par Laurence Aubron.