AntiClash - La revue de presse européenne

L'enjeu migratoire - AntiClash #1

L'enjeu migratoire - AntiClash #1

Bienvenue sur euradio Voici la revue de presse européenne d’AntiClash, un podcast qui explore les sujets polémiques par le dialogue. Dans cette chronique mensuelle, présentée par Laurent Lanfranchi et Rafael Tyszblat, on vous propose une revue de la presse européenne, avec leur analyse. 

Aujourd’hui, on vous parle d’un des sujets les plus brûlants en Europe : l’immigration. Différents angles sont traités par les presses d’Europe autour de ce sujet. L’actualité a été bien sûr occupée ces derniers jours par la dernière vague d’immigration qu’a connue la petite île italienne de Lampedusa. Le discours du Pape à Marseille le 23 septembre a occasionné des réactions politiques fortes.

Depuis l’Italie, le Corriere Della Serra a estimé dans sa ligne éditoriale que ce discours a été “dur et lucide”. Alors que Il Sole 24 Ore met en avant la réaction du parti La Ligue selon laquelle “L'Italie ne peut pas être le camp de réfugiés de l'Europe ».

Il Sole 24 Ore pointe par ailleurs du doigt l’incohérence de l’Allemagne pour son refus d’accueillir une partie des migrants arrivés à Lampedusa, tout en subventionnant des ONG qui effectuent des missions de sauvetage et transportent des migrants vers l’Italie. Ces “graves problèmes diplomatiques” entre Rome et Berlin ont été également relevés par Le Frankfurter Allgemeine Zeitung.

Par ailleurs, le quotidien espagnol la Vanguardia relève la tension entre l’Allemagne et la Pologne suite à la divulgation d’une affaire de visa accordés par les consulats polonais contre pots-de-vin. Olaf Scholz, le Chancelier Allemand a déclaré qu’il ne voulait pas avoir à “gérer la politique d’asile pour des migrants qu’on a laissé passer illégalement et sans examen”. Le parti polonais ultra conservateur PiS “Droit et Liberté” tente de minimiser l’ampleur de cette affaire mais pourrait, selon la même source, en payer les conséquences lors des prochaines élections le 15 octobre. 

Au-delà de ce scandale, l’ensemble de la droite souverainiste européenne semble affectée par des divisions. Le média pan Européen Euractiv relève le changement de discours de Giorgia Meloni depuis son accession au pouvoir, qui se démarque de plus en plus de ses partenaires du groupe des Conservateurs et réformistes européens (CRE), dont elle est pourtant une des leaders. À neuf mois des élections européennes, cette possible fracture remet l’unité de ce groupe en question…

On note d’ailleurs au Royaume-Uni, des évolutions dans les discours venant de la droite plus traditionnelle. La ministre de l’intérieur, Suella Braverman, estime que “l’immigration incontrôlée, couplée avec le dogme erroné du multiculturalisme, est toxique et même mortelle pour l’occident”, allant jusqu’à questionner la pertinence de la Convention des Nations Unies pour les réfugiés de 1951, comme le rapporte le Huffington post UK. Une sortie à laquelle a répondu un collectif de dirigeants d’ONG dans une tribune du Guardian estimant que la convention sur les réfugiés est encore plus nécessaire que jamais. 

Proposant une prise de perspective, certains experts interrogés par Euractiv, estiment qu’il n’y a pas de “submersion” si l’on compare ces dernières arrivées à la taille de la population d’accueil ou au nombre de réfugiés étant arrivés en Turquie ou en Iran par exemple. Sans compter la comparaison avec le nombre de réfugiés Ukrainiens acceptés ces derniers mois sans qu’il soit question de “crise”. 

Alors, est-ce inhumain de vouloir fermer la porte à ces migrants ou est ce que la société européenne est en danger si l’on ouvre cette porte? Peut on entendre à la fois les peurs d’ordre culturel, économique et social et les craintes de faillir à nos valeurs humanistes? Le problème avec ce sujet, comme bien d’autres sujets polémiques, est qu’il est nous est proposé comme un enjeu à somme nulle. De nombreuses questions concrètes se posent, qui ont du mal à échapper à l’affrontement idéologique (les chiffres réels, les capacités d’accueil, l’impact économique des migrations, la pertinence du règlement de Dublin, etc.).

Mais au-delà de ces questions et des réactions à chaud suite aux événements récents, il serait bon de favoriser des dialogues citoyens et une réflexion qui façonnent une politique migratoire durable. 

Sources : 


Le site d'AntiClash : https://anticlash.com/

Une émission réalisée Laurent Lanfranchi et Rafael Tyszblat.