Il semblait une alternative solide pour l’avenir. La métropole de Nantes a misé sur le gaz naturel pour faire rouler ses bus urbains. Un renouvellement de la flotte entamé il y a une vingtaine d’années et qui arrive aujourd’hui à la presque totalité des véhicules.
Le gaz naturel s’annonçait très avantageux par rapport au gasoil. Un combustible moins bruyant, moins polluant et, surtout, moins cher. Mais en 2022, cet avantage compétitif se voit bousculé alors que les prix du gaz grimpent en flèche, avec les robinets russes qui se referment.
La question se pose : le service de bus pourra-t-il tenir ? On en a parlé avec Olivier Le Grontec, directeur général de Semitan, l’entreprise qui gère les transports en commun à Nantes.
Ça va forcément impacter, par le surcoût de l’énergie qu'il va falloir assumer pour tenir l'offre à son niveau actuel. Il faut savoir que pendant très longtemps, le gaz a été une énergie beaucoup moins chère que le gasoil, à peur près un rapport de 1 à 5.
Le gaz qui alimente presque 400 bus à Nantes arrive via le réseau depuis le port de méthaniers à Montoir en Bretagne. Pour l'instant, les prix du carburant restent bloqués par contrat jusqu’à la fin de l’année, mais ils sont en cours de renégociation pour janvier prochain.
Aujourd'hui, malheureusement, on est en train de repasser nos marchés, car on avait un marché de 3 ans jusqu'au 31 décembre 2022. Maintenant on se pose la question sur quelle stratégie d’achat.
Le prochain contrat d’achat peut être fixé aux prix actuels ou bien varier selon l'évolution. Pour les usagers, une certitude : les tarifs des billets n'augmenteront pas avant juillet. Mais Olivier Le Grontec ne peux pas avancer si le coût du gaz finira par impacter le prix d’un service qui devra s’adapter aussi aux contraintes pour la sobriété énergétique.
On travaille plus sur quelles économies on peut faire en produisant la même offre.
Les bus à gaz roulent dans plein de villes européennes comme Bologne, Stockholm ou Tallinn. Depuis 2014, une directive européenne favorise et encadre le déploiement de l’infrastructure de ravitaillement. Pourtant, les 23 mile bus à gaz en circulation aujourd’hui dans l’Union représentent juste un 3 % de la flotte totale.
Les émissions carbone du gaz sont réduites, mais toujours présentes. Le nouveau contexte énergétique pousse à accélérer la transition vers les transports plus neutres.
Le changement est déjà engagé. Il est prévu de passer à l’acquisition de bus électriques dans les prochaines années.
Le temps qu'ils arrivent, il reste à voir qui payera la facture du gaz des bus nantais.
Reportage réalisé par Joan Barceló