Une émission mensuelle euradio sur le "community art" et ses nombreuses déclinaisons : art engagé, art citoyen, participatif, activiste, ou en espace public ; présentée par Alexia Jacques-Casanova.
« La fête s’empare de n’importe quel espace qu’elle peut détruire ou dans lequel elle peut s’installer. La rue, les cours, les places, tout est bon pour cette rencontre des hommes en dehors de leurs conditions et du rôle qu’ils jouent dans une collectivité organisée. » Ces mots de Jean Duvignaud, tirés de Fêtes et civilisations, nous rappellent que les rituels populaires, loin d’être de simples célébrations innocentes, sont des moments de suspension des cadres sociaux, où l’ordre et le désordre cohabitent. La fête, par son essence même, est une mise en scène collective : elle invente des gestes, transforme les espaces, convoque des identités multiples et, surtout, ouvre un champ d’expérimentation où chacun peut réécrire les règles du jeu.
De ce bouillonnement naît une chaînes de dialogue entre spectateur·ices et performers d’un jour, entre les corps et les espaces, entre les fêtes passées et celles à venir. Ces chaînes et ces dialogues ne sont pas sans rappeler ce qui se tisse dans les arts en commun et l’art dans l’espace public. Ces pratiques artistiques, comme les fêtes elles-mêmes, interrogent les frontières : entre public et privé, entre artiste et non-artiste, entre collectif et individualité. Elles deviennent des espaces où les gestes du quotidien se parent de sens, où l’éphémère se fait essentiel, et où l’interaction devient création.
Béatrice Bailet, artiste plasticienne et performeuse, s’inscrit pleinement dans ces pratiques que nous mettons à l’honneur chaque mois dans C’est Pas Commun. C’est d’ailleurs grâce à elle que j’ai découvert cette citation de Duvignaud que je partageais à l’instant en ouverture. En s’inspirant des fêtes et rituels populaires, Béatrice Bailet crée des œuvres hybrides, à la fois poétiques et – c’est mon avis en tout cas – politiques. Aujourd’hui, elle nous parlera de son travail, et plus particulièrement de son projet Inventaire des Fêtes, véritable ode à la puissance créative du collectif et à la force des patrimoines culturels immatériels.
