L'Europe et le monde

La division des 27 face à la livraison d'armes à Israël

La division des 27 face à la livraison d'armes à Israël

L’Europe est composée de différents acteurs (États, entreprises privées, organisations internationales…) qui jouent un rôle majeur dans les relations internationales. La série « L’Europe et le Monde », par Ani CHAKMISHIAN sur euradio cherche donc à éclairer l’auditeur sur certains aspects de la place du Vieux continent sur la scène internationale.

Alors que l’escalade militaire se poursuit au Moyen-Orient, les États membres de l’UE peinent à se mettre d’accord sur l’exportation des armements militaires en direction d’Israël. Dans quelle situation militaire se trouve ce dernier ?

Le 1er octobre, l’État hébreu a déclenché une invasion terrestre du sud du Liban, et l’Iran l’a rétorqué en tirant 200 missiles balistiques. Israël, puissance militaire régionale avec une solide industrie militaire, a considérablement augmenté ses importations ces six dernières années, souligne l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm. En 2023 c’est le 15e plus gros importateur d’armes au monde. D’ailleurs, à titre de comparaison, Israël occupait la 47e place de ce même classement en 2013.

Quels pays assurent l’importation des armes à l’État hébreu ?

En ce qui concerne le soutien militaire à Israël, les Etats-Unis occupent évidemment la première place, représentant 70 % des importations. Cinquième exportateur mondial d’armement, l’Allemagne arrive en deuxième place. Cependant, selon l’agence de presse Reuters, Berlin aurait cessé d’approuver de nouvelles exportations en direction d’Israël, après des pressions juridiques et politiques, au risque d’enfreindre le droit international. Mais aucune interdiction officielle n’a encore été annoncé. En septembre dernier, le chancelier Olaf Scholz a même déclaré qu’il n’avait pas l’intention d’arrêter les livraisons de son pays.

Et qu’en est-il des autres pays membres de l’Union ? Continuent-ils la livraison d’armes ?

Les atrocités commises sur le terrain et le risque d’embrasement régional ont poussé certains pays à interrompre leurs livraisons vers Israël. Bien que moindre, l’Italie était le troisième fournisseur d’armement à Israël. Rome a toutefois cessé de signer des contrats avec Tel-Aviv après le 7 octobre 2023. L’Espagne, qui a reconnu la Palestine comme un État indépendant début 2024 et qui vient d’y inaugurer sa nouvelle ambassade, a également mis fin à sescontrats d’armement.

Côté français, le 5 octobre dernier Emanuel Macron a annoncé l’arrêt des livraisons d’armes à Israël utilisé à Gaza. En réalité aucun contrat d’armement majeur n’a été conclu entre les deux pays depuis 1998, il s’agissait plutôt de composants, notamment des pièces pour les drones qui surveillent Gaza.

Ces renoncements d’exportation d’armes pourraient-ils conduire à une déclaration commune de la part de l’UE ?

Le chef de la diplomatie de l’UE, Joseph Borrell, a justement tenté d’appeler à la fin du conflit. Après des discussions entre les ministres des Affaires étrangères de l’UE, il a annoncé que les Vingt-Sept allaient publier une déclaration commune sur la question. Mais l’absence d’unanimité sur la formulation de la condamnation l’a finalement contraint à s’exprimer en son nom et non en celui de l’Union et de ses États membres.

Quels États membres ont empêché l’adoption d’une réponse unifiée de l’Union ?

La République tchèque a notamment bloqué une déclaration visant à appeler à un cessez-le-feu immédiat entre Israël et le Hezbollah et à condamner les civils tués au Liban. Plusieurs pays fervents partisans d’Israël, dont la Hongrie et l’Autriche, ont récemment réussi à affaiblir plusieurs initiatives de l’UE à l’égard de Tel-Aviv.

Pensez-vous que l’Union puisse encore s’établir en tant qu’acteur clé des négociations de paix ?

Oui, absolument. Plus critique envers Israël ces dernières semaines, l’UE s’est engagé davantage dans des discussions avec les dirigeants du Golfe. Elle a notamment coorganisé une réunion internationale pour relancer les efforts de paix et demander la mise en place d’une solution à deux États pour Israël et la Palestine avec le soutien de l’Espagne et de l’Irlande.

Un entretien réalisé par Laurence Aubron.