L’Europe est composée de différents acteurs (États, entreprises privées, organisations internationales…) qui jouent un rôle majeur dans les relations internationales. La série « L’Europe et le Monde », par Justin Horchler, étudiant à Sciences Po Bordeaux sur euradio cherche donc à éclairer l’auditeur sur certains aspects de la place du Vieux continent sur la scène internationale.
Lundi matin, les ministres des affaires étrangères de l'Union européenne se sont réunis à Luxembourg. De quoi ont-ils discuté ?
Les ministres des 27 États membres ont négocié l'imposition de nouvelles sanctions contre l'Iran en réaction à ses attaques contre Israël. L'Allemagne et la France ont notamment milité ces dernières semaines pour un durcissement des sanctions, ce qu'ils ont donc obtenu. Ces sanctions concernent des composants européens utilisés dans la production de drones ou de missiles balistiques.
Pourquoi certaines parties prenantes s'inquiètent de ces nouvelles sanctions ?
Certains diplomates et acteurs économiques s'inquiètent de ces nouvelles sanctions. Les relations difficiles avec l'Iran se détérioreront encore plus si de nouvelles sanctions sont imposées. De mauvaises relations avec l'Iran signifie par exemple qu'il sera plus difficile de négocier des accords comme ceux sur le nucléaire iranien.
Mais d'autres les soutiennent.
Bien sûr. Des groupes comme le Conseil national de la résistance iranienne qui coordonne l'opposition à l'étranger se sont réunis à Bruxelles pour manifester son soutien à ces sanctions. Israël est évidemment en faveur de telles sanctions. Pour convaincre les européens, les autorités israéliennes rappellent que de nombreux drones iraniens sont utilisés par les russes en Ukraine, et donc menacent leurs intérêts.
En plus de ces sanctions, certains appellent à ajouter les gardiens de la révolution à la liste européenne des organisations terroristes. Les États-Unis l'ont déjà fait sur leur liste. Pourquoi n'y a-t-il pas de consensus sur cette proposition en Europe ?
C'est en effet une décision qui a déjà été prise aux États-Unis. Cependant en Europe, il existe des doutes quant à la légalité de ce geste. Pour catégoriser un groupe comme terroriste, un jugement dans ce sens doit notamment être pris par un tribunal d'un État membre, ce qui n'a pas été fait. Catégoriser les gardiens de la révolution comme terroristes sera aussi particulièrement préjudiciable aux relations avec Téhéran. On peut aussi mentionner que cette mesure n'aura pas de conséquence pratique car les gardiens de la révolution sont déjà visés par des sanctions européennes depuis des années.
Les sanctions contre l'Iran seront-elles vraiment efficaces ?
La question est légitime. L'Iran est habituée aux sanctions. De nombreux incidents ont motivé les États européens à imposer des sanctions contre l'Iran. L'Iran est d'ailleurs l'État avec le plus de sanctions européennes. Presque 500 sanctions financières ont été prises et presque 300 interdictions de voyager en Europe l'ont été aussi. S'ajoutent les sanctions de d'autres États dont notamment celles des États-Unis qui sont particulièrement strictes. Malgré la dureté de ces sanctions, l'Iran n'a pas entamé une transition vers la démocratie et l'état de droit, ni adopté un comportement plus pacifique.
Quid des sanctions contre Israël ?
C'est un sujet particulièrement sensible. Les États occidentaux avancent avec prudence sur ce dossier. Néanmoins, les États-Unis malgré leur soutien quasi indéfectible à Israël ont imposé cette semaine des sanctions contre un groupe militaire ultra-orthodoxe israélien suite à des violations des droits de l'homme en Cisjordanie. Parallèlement, quatre colons israéliens et deux mouvements ont été visés par des sanctions européennes, et une personne et deux organisations par les États-Unis. Benjamin Netanyahu, le premier ministre israélien, a exprimé sa forte opposition contre ces sanctions américaines.
Et même question. Ces sanctions contre Israël sont-elles aussi inefficaces ?
Si l'ampleur des sanctions contre l'Iran ne parvient pas à avoir d'influence sur la politique du gouvernement iranien, on peut avoir des doutes quant aux sanctions contre Israël qui sont beaucoup plus modestes.
Un entretien réalisé par Laurence Aubron.