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La Parlement européen ne reconnait plus la Hongrie comme un Etat démocratique - Europa Nova

La Parlement européen ne reconnait plus la Hongrie comme un Etat démocratique - Europa Nova

Depuis ses débuts en 2003, EuropaNova nourrit le débat d'idées et accompagne les grandes échéances européennes : élections européennes de 2004 et 2009, débat sur le projet de Constitution de 2005, Conseils européennes, grandes échéances électorales nationales, présidences successives du Conseil, traité de Lisbonne ainsi que les multiples crises que nous connaissons.
La raison d’être d’EuropaNova est ainsi de rapprocher citoyens et institutions, tout en fournissant des analyses sérieuses aux grands enjeux qui se posent aujourd'hui à l'Union européenne.

Pour revenir sur l’actualité européenne de la semaine, le Parlement européen s’est exprimé de
nouveau sur la situation actuelle de l’état de droit en Hongrie…

En effet, le Parlement européen a voté en faveur d'un rapport de la députée européen Gwendoline Delbos Corfield qui conclut que la Hongrie ne peut plus être considérée comme une démocratie - Avec 433 voix pour, 123 contre et 28 abstentions.

Nericia, pouvez-vous nous expliquer pourquoi le Parlement a décidé de faire une telle annonce?

Et bien cette annonce fait suite à un rapport déjà voté en 2017, qui alertait sur “les risques de violation grave par la Hongrie des valeurs sur lesquelles l’Union est fondée” (Sargentini, NL-Verts). Le vote sur ce nouveau rapport continue cette démarche en s'intéressant tout particulièrement au système électoral du pays, à son indépendance judiciaire, aux libertés académiques et religieuses et à la protection des droits des populations vulnérables. En confirmant la tendance du régime de V. Orban à s’affranchir de l’état de droit, le rapport estime que le pays est
désormais une “autocratie électorale”.

Est-ce que les autres institutions européennes vont agir pour matérialiser des sanctions concrètes contre la Hongrie?

Tout à fait, cette décision n’implique pas uniquement le Parlement européen. Pour le moment, l’annonce du parlement reste plutôt symbolique mais fait pression sur les autres institutions européennes afin qu’elles sanctionnent également la Hongrie. La Commission européenne a déjà proposé de réduire de 7,5 milliards d'euros le financement de l'UE pour la Hongrie. Reste à voir si le Conseil de l’Union Européenne suivra cette stratégie.

Côté géopolitique, les 15 et 16 septembre, le sommet de l'Organisation de coopération de Shanghai (OCS) s'est tenu à Samarkand…

Ce sommet réunissait Xi Jinping, Poutine, Erdoğan parmi d'autres dirigeants asiatiques.

Et quel était l’objectif de ce sommet?

Initialement, l’OCS était une alliance sécuritaire pour faire front contre le terrorisme dans les régionsd’Asie centrale. Aujourd’hui, ses différents membres espèrent mener l’organisation dans des directions différentes tout en voulant avancer un but stratégique en particulier - se dresser contre les pays occidentaux.

Pourtant, ces dirigeants divergent dans leurs politiques internationales - quels étaient leurs buts
en participant à ce sommet?

Effectivement, ces dirigeants mènent des politiques différentes, cependant chacun d’eux
avait un objectif bien précis.
Premièrement, Poutine a affirmé sa volonté de militariser l'OCS autour d'un noyau russo-chinois. Cependant, plusieurs pays ex-soviétiques comme l'Ouzbékistan et le Kazakhstan ne soutiennent pas la guerre en Ukraine, percevant cette invasion comme un retour de l’URSS impérialiste. Les rêves de Poutine de voir l'OCS devenir une alliance anti-Otan se trouvent donc déstabilisés.

Et concernant Xi Jinping et Recep Tayyip Erdoğan?

La Chine a clairement exprimé son désir de relancer les Routes de la Soie à travers l'Asie centrale pour étendre sa puissance économique. La guerre de Poutine n'est pas dans l'intérêt de la Chine - son plus grand objectif est de réduire sa dépendance à l'égard de l'Occident et, à ce titre, elle cherche à éviter la confrontation avec les États-Unis, car elle doit d'abord faire sortir sa richesse nationale du trésor américain avant de pouvoir prendre Taïwan.

Enfin, la présence de la Turquie à l'OCS est un message diplomatique à l'Occident : l’entente entre la Turquie et l’Occident est terminée, Erdogan souhaite construire une politique étrangère non alignée. La Turquie reste fortement dépendante de la Russie d’un point de vue économique tout en vendant des drones à l’Ukraine - elle cherche donc à être un acteur indépendant mais important sur la scène internationale.

L’Europe s'apprête à vivre une véritable crise énergétique cet hiver. Nous serons privés de gaz
russe, qu’est ce que cela va changer ? L’Europe est-elle prête ?

Avec la perte du gaz russe, l’Europe se tourne vers d’autres sources d’énergie, notamment le gaz naturel liquéfié transporté par voie maritime par de grands méthaniers. En effet, les importations de GNL ont augmenté de plus de 60 % depuis le début de la guerre et à l’approche de l’hiver.

Le coût de ces importations n’est-il pas exorbitant ?

L’Europe doit importer ce GNL d’outre-mer et la Chine est actuellement le principal revendeur sur le marché. Au premier trimestre 2022, Pékin a revendu à l’Union à des prix très élevés, 4 millions de tonnes de GNL qu'elle avait initialement acheté en Amérique et en Afrique. Il y a aussi le coût écologique à prendre en compte : le GNL, avec son transport maritime et sa re-gazéification, produit 1,5 à 4 fois plus d’émissions de gaz à effet de serre que le gaz livré par gazoduc.

Comment faire pour les pays sans accès à la mer ou sans usine de re-gazéification?


C’est le débat parmi les Européens. L'Espagne dispose d'un potentiel de re-gazéification important et demande la poursuite de la construction d’un gazoduc Franco-Espagnol, le MidCat, actuellement interrompu, pour pouvoir livrer ce gaz à travers l’Europe. Emmanuel Macron a cependant déclaré qu'il n'y a pas de preuve que le projet doive être relancé car les gazoducs existants entre les deux pays ne fonctionnent qu'à 53% de leur capacité. Reste à voir comment la solidarité européenne prônée par Ursula von der Leyen en termes d’approvisionnement énergétique va se matérialiser.

Laurence Aubron et Nericia Nzingoula

Pour approfondir les sujets abordés cette semaine, il y a le site internet d’EuropaNova et la newsletter Europe Info Hebdo.